11 mars 2023

Le soleil et ses fleurs de Rupi Kaur : ISSN 2607-0006

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Le soleil et ses fleurs est le deuxième recueil de poèmes de Rupi Kaur, une "instapoet". Elle s'est faite connaître grâce aux réseaux sociaux (@rupikaur_).

Comme Clémentine Beauvais ou Sarah Crossan, la poésie de Rupi Kaur prend une forme moderne entre journal intime, poème en prose, poème en vers, aphorisme... Le soleil et ses fleurs commence la section "se faner" : la poétesse poétise sa rupture avec un homme. Suit "Tomber", "pourrir", "se redresser" et "fleurir". Tout en racontant ses propres soufrances, son quotidien, son travail d'écriture et ses pensées, l'écrivaine canadienne, née en Inde, écrit finalement une poésie qui peut nous émouvoir par son universalité.

Elle évoque aussi bien sa mère que les femmes de toutes les générations, elle parle aussi bien de ses racines que de la solidarité avec les autres. Ses textes sont superbement illustrée par ses propres dessins. Un recueil à découvrir ! Et voici trois poèmes :

"La représentation

est vitale

sinon le papillon de jour

entouré d'un groupe de papillon de nuit

incapable de se voir

va continuer d'essayer de devenir papillon de nuit" (p. 239)

 

"Il y a des montagnes qui s'élèvent

sous nos pieds

et ne peuvent être contenues

tout ce que nous avons enduré

nous a préparées à cela

apporte tes mateaux et des poings

nous avons un flafond de verre à briser." (p. 231)

immigrant

Capture d’écran 2023-01-07 120044Participation au challenge les étapes indiennes organisées par blandine et Hilde

#marsauféminin

Kaur Rupi, Le soleil et ses fleurs, Pocket, janvier 2023, France, 248 p.

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Home body de Rupi Kaur : ISSN 2607-0006

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Après le recueil Le soleil et ses fleurs, Rupi Kaur, l'instapoet canadienne, d'origine indienne, a publié un autre recueil : home body. On y retrouve des thématiques déjà présentes dans on précédent recueil comme son rapport au corps, à la beauté, aux hommes, à sa famille.

On y découvre de nouveaux poèmes sur ses racines, notamment sur son père et sur son peuple. Elle parle aussi de son écriture, cette écriture qui oscille entre prose, vers, sentence, presque toujours sans ponctuation :

"Je ne me tairai jamais

sur la manière dont mon

peuple a résisté

pour que je sois libre" (p. 141)

Mais ce n'est pas un poésie vaine ou égocentrique ! Rupi Kaur ne se contente pas de parler de sa propre vie, elle dénonce clairement le patriarcat, tient un dicours volontiers féministe et dénigre le capitalisme. On regrettera juste parfois que ses poèmes sur l'acceptation de soi ou la recherche d'un équilibre ressemble parfois trop à des injonctions issues d'un essai sur le développement personnel... Cela n'empêche pas d'apprécier le reste du recueil et ses nouvelles belles illustrations... Un poétesse à suivre sur @rupikaur_ en attendant son prochain recueil !

"soit je romance le passé

soit je minquiète du futur

rien d'étonnant à ce que

je ne me sente pas vivante

je ne vis pas

le seul instant qui soit réel

- présent" (p. 34)

images

Capture d’écran 2023-01-07 120044Participation aux étapes indiennes de Blandine et Hilde

Kur Rupi, Home Body, pocket, France, 190 p.

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24 décembre 2015

Calligrammes d' Apollinaire : ISSN 2607-0006

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Cette branche de gui pour vous souhaiter une joyeuse année et de bonne fête de Noël !

"Afin que la beauté ne perde pas ses droits" et " Aux fleurs d'intelligence à parfum de beauté" ("Chant d'honneur", Calligrammes)

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Apolinaire écrit, entre 1913 et 1918, ses Calligrammes, dans un monde en mutation. Ses poèmes reflètent bien cette période de transistion entre modernité et tradition, passé et avenir, simplicité et complexité, mort et vie...

Amoureux, soldat, poète, Apollinaire chante son quotidien, entremêlant plusieurs thèmes, parfois proches d'images surréalistes, comme dans le poème " Il y a". Il condense admirablement ses obsessions dans un autoportrait : " Coeur, couronne et miroir".

app2On lui a reproché d'esthétiser la guerre. En effet, dans "Chant d'honneur" et d'autres poèmes, il compare les fusées à "une fleur qui s'ouvre et puis s'épanouit".

Cependant le poète n'oublie pas les morts de la guerre comme les " noms qui se mélancolisent/comme des pas dans une église" ( La colombe poignardée et le jet d'eau")

Un "calligramme" est un mot valise, forgé par Apollinaire qu signifie "belle lettre" et qui rejoint, me semble-t-il, sa perception de la vie qu'il énonce dans "La cravate et la montre" : " La beauté de la vie passe la douleur de mourir". Non, l'auteur d'Alcool ne déforme pas la vie mais la réenchante...

Apollinaire, Calligrammes, Garnier Flammarion, 315 p.

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16 mai 2010

Hémisphères de Tamirace Fakhoury : ISSN 2607-0006

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Hémisphères de Tamirace Fakhoury, Edition Dar An-Nahar, 121 p.

Quatrième de couverture : "La poésie de Tamirace Fakhoury est comme une longue lettre à un amoureux, mais qui situe cet amour dans le feu bruyant du monde, dans la folie des guerres, qui le voue au dépaysement de l'exil au bord de l'abîme et de la perte, sorte de danse de l'extrême mettant en jeu le destin d'une vie, d'une époque, de la mémoire inquiète.

(...)A-topie et utopie d'une résurgence d'un monde d'avant la fêlure constituent bien les axes thématiques dominants de Hémisphères, recueil dont les quatre parties témoignent d'une volonté irréductible de situer le poème dans le contenu fragmentaire d'une géographie de l'errance qui connaît là son étape ultime" (préface de Fabio Scotto).

La vanité

"Je redescends vers l'abîme
Mes doigts touchent le sommeil
Je recule
Les âges s'anéantissent
Ici ou là bas
La vanité est une lutte contre l'étoile
Qui a le pouvoir d'ensorceler
les places désertes et de figer les
mers arides ? Qui a le pouvoir de
transformer l'eau en étoiles filantes et
les maisons en fleurs liquides
?"

" La vanité est une lutte contre l'étoile" : les mots simples et des images "surréalistes"  expriment l'amour, l'attente, et l'absence, proche d'une poésie éluardienne. Les phrases courtes et les mots, qui se répètent comme des leitmotivs, créent une musicalité et signifient la fragmentation d'une identité, dans les quatre parties de ce recueil "hémisphère nord", "hémisphère sud, "planisphères gauches" et "fragments planétaires" où la guerre libanaise et Beyrouth sont évoqués. Les images prennent des raccourcis étonnants comme l'image des " fleurs liquides" ou des "pétales de la fuite" pour renouveler la poésie amoureuse. La femme, ici devient paysage, pays. La mer, le désert, la Méditerranée apparaissent au détour des mots, côtoyant aussi des villes telles que Paris ou l'Italie... Poésie sur l'amour, Hémisphères est aussi un recueil sur le voyage, la quête de l'autre, de soi-même, qui dit l'absence et l'exil.

La course

"Le temps court après l'étang

Et l'étang court après le sommeil

Je cours après la lumière

Et la lumière court après mon amant".

Quelques mots sur l'auteur : Poète libanaise,Tamirace Fakhoury a publié trois recueils de poèmes : Aubades en 1996, Contre-marées, 2000 et Poème absent en 2004. Elle a préparé un doctorat sur le Liban de l'après-guerre, en Allemagne. Elle vit actuellement en Italie.

Dimanche poétique de Celmoon, avec Mango,Emmyne, Armande, Saphoo, la plume et la page, l'or des chambres..

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04 février 2010

Corps et biens de Desnos : ISSN 2607-0006

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Le nom de Desnos est associé au sommeil hypnotique et au surréalisme et Corps et bien s'inscrit dans cette révolution poétique. Les poèmes de Desnos oscillent entre rêves et déconstruction du langage, poésie émouvante ou ludique. Les surréalistes ont rejeté toutes les normes, les contraintes, au nom du hasard et de l'inconscient. "Le langage cuit" est un langage usé  : il faut lui donner plus de saveur et surprendre le lecteur. Se présentant comme des énigmes, chaque poème renouvelle le langage et brise les "formes prisons".

"langage cuit II"

d'une voix noire

d'une voix maigre

m'a séduite

dans la nuit mince

dans le jour des temps

se vêtir d'une crêpe de chevelure

la muse aux seins mourants

Et la voix ronde

dit que la voie est esclave

Quelle lumière cuite ce jour-là !

Voici un jeu sur les pléonasmes : "vent nocture"

" Sur la mer maritime se perdent les perdus
Les morts meurent en chassant
des chasseurs dansent en rond une ronde
Dieux divins! Hommes humains!
De mes doigts digitaux je déchire une cervelle
cérébrale.
Quelle angoissante angoisse!
Mais les maîtresses maîtrisées ont des cheveux chevelus
Cieux célestes
terre terrestre
Mais où est la terre céleste?"

Dans Corps et bien, Desnos redonne la vie aux mots figés dans des expressions lexicalisées, joue sur la matérialité du mots comme dans la section Rrose Sélavy, sur leur sonorité. Desnos manie les mots et en exploite toutes les richesses de la langue : anagramme, paronomase, contrepèterie, antonyme, homophone, les mots sont à l'honneur. Cependant, cette poésie n'est pas seulement ludique, surprenante mais elle est aussi une réflexion sur le langage. Les dernières sections comme A la mystérieuse laissent percer un certain lyrisme et onirisme. Le rêve imprègne aussi ce magnifique recueil hallucinatoire :

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de
baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est
chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant
ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient
pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années, je
deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute
que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes
les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins
toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec
ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu'a être fantôme parmi les fantômes et plus ombre
cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera
allègrement sur le cadran solaire de ta vie.

Un recueil, mais aussi le portrait d'un homme : le rêve comme mode de vie.

Desnos, Corps et biens, Poésie Gallimard, 202 p.

 

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