Nouvelles espèces de compagnie de Suzanne Lafont : ISSN 2607-0006
http://www.bordeaux.fr/e168095/suzanne-lafont-nouvelles-especes-de-compagnie-roman
Vous aimez la nature dans les arts et dans votre ville ? Vous pouvez vous rendre à la galerie des Beaux-arts de Bordeaux où Suzanne Lafont a choisi une scénographie particulièrement complexe pour nous exposer son point de vue sur les rapports entre le règne végétal et humain. Dans la salle du rez-de-chaussée, elle a sélectionné des tableaux de la réserve ou de la galerie des beaux-arts pour disposer, sans titre, ces peintures qui retracent une histoire : au milieu de marines, un tableau d'Odilon Redon représente un masque qui tire la sonnette d'alarme ( Un masque sonne le glas funèbre) sur les problèmes écologiques. Ces navires disloqués par une nature indomptable sont symboliquement le reflet de notre réalité, celui du déréglement climatique. ces tableaux sont encadrés par d'autres qui représentent Mme du Châtelet, grande mathématicienne ou Galilée... des personnes illustres qui ont révolutionné notre vision du monde.
Pour cette exposition de commande artistique, Suzanne Lafont a photographié, pendant une année, de nombreuses "mauvaises herbes" trouvées dans Bordeaux : elle les rangeait dans une boîte et les photographiait en gros plan sur une table lumineuse. Le nom de ces plantes sauvages ne sont pas toujours identifiables mais ces photographies n'ont pas une vocation scientifique. A côté de ces immenses fleurs et feuilles sur fond blanc, on peut les admirer aussi sur fond noir, retouchées numériquement. Ainsi rejoignent-elles le discours déjà amorcé dans la première salle : ces chimères florales semblent menaçantes, inquiétantes, envoûtantes. Voici un questionnement sur l'évolution du végétal en milieu urbain extrêment esthétique !
Exposition Galerie des Beaux-arts,
Place du colonel Raynal
33000 BORDEAUX
Japon Express de Depardon : ISSN 2607-0006
http://www.lecerclepoints.com/livre-japon-express-raymond-depardon-9782757873199.htm
De deux courts séjours au Japon, Raymond Depardon, armé de son Leica, a pris une série de "photographies de rue" au gré de ses déambulations. Personne ne pose, ce sont des des instantanés urbains qui donnent un aperçu du "Pays du Soleil-Levant" des années 2016 et 2017.
A travers une centaine de clichés, on peut donc y voir la cohabitation de l'Orient et l'Occident, des aspects traditionnels ( les kimonos) et de la modernité. Ce qui frappe dans ces images, ce sont les couleurs, dites "formica", celles des néons plus nombreuses qu'en France ou celles des habitants, des lieux... Elles tranchent avec les photos en noir et blanc qu'il avait faites en 1964 pour les Jeux Olympiques à Kyoto. Quelques mots accompagnent ces photographies, qui ne sont pas légendées. On perçoit vite son admiration pour le métro tokyoïte. De brèves annotations permettent de présenter les rituels du mariage dans les hôtels, le quartier chic de Ginza. Il prend en photographies des sujets divers, aussi bien l'empereur Akihito, des cadres, le vieillissement de la population, ou la tour Mori.
Dans l'entretien qui précède l'album ( propos recueillis par Philippe Séclier, janvier 2018 à Clamart), le photographe souligne le dépaysement d'un tel voyage : " tout est différent, tout est nouveau". On le questionne aussi sur les photographes japonais, ses références cinématographiques ( il a d'ailleurs photographié la tombe d'Ozu, un réalisateur qu'il admire)... A travers ces photographies, il nous fait partager "le premier regard, la découverte rapide" du Japon.
"On se sent là-bas réellement au coeur de ce monde qui ne cesse de bouger et de changer. Un voyage au Japon est une expériences unique" ( p. 14)
Depardon Raymond, Japon Express, Points, 128 p.
Sur le web : France info. 2018. "Raymond Depardon : "Se rendre au Japon, c'est faire un voyage dans le temps". Animé par Jean Mathieu Pernin. Diffusé le 6 juin 2018.
Le temps d'un bivouac. 2018. "Japon Express. De Tokyo à Kyoto". Animé par Daniel Fiévet. Diffusé le 14 août 2018.
Nelli Palomaki : ISSN 2607-0006
Les photographies de Palomaki irradient de beauté : n'est-ce pas que cette photographie représentant deux jeunes femmes, à l'ombre d'un arbre, rappelle vaguement Le printemps de Millais ? Et cette petite fille, ne rappelle-t-elle pas les portraits de Julia Magaret Cameron ? Ces portraits se situent dans une tradition comme nous l'expliquent l’introduction de l'album de l'exposition : elles s'inscrivent dans l'oeuvre iconique d' August Sander ( 1876-1964)* ou de Diane Arbus ( 1923-1971)**.
Cependant, N. Palomaki arrive artistement à donner une impression surannée à ses photos : ses modèles sont photographiés généralement dans des décors anciens, face à l'objectif, dans un cadre épuré. Le noir et blanc fige ses modèles tout en donnant une impression de sérénité à ces personnes qui semblent vivre hors du temps. Cette photographe de l'école d'Helsinki nous livrent des visions en noirs et blancs de jeunes gens, s'inspirant de mises en scène réelles, dans des intérieurs bourgeois, de photographies françaises du début du XXeme siècle.
Sa fascination pour le passage à l'adolescence (l'âge des modèles est précisé à côté des prénoms dans le titre) et pour l'aspect historique des portraits ( de nombreuses photographies ont été prises en Normandie, notamment dans la maison Victor Hugo à Villequier) transparaît dans ces admirables photographies. Bien sûr, ces photographies sont la trace d'un souvenir mais elles contiennent une dimension esthétisant le quotidien. Dans l'introduction, "le silence d'un portrait", Peter Michael Hornung évoque très justement, à propos des photographies de Nelli Palomaki : " C'est leur force, en tant que descriptions de l'humanité empruntant le langage que véhicule toute expression photographique naturelle remarquable".
Vous pouvez aussi voir ces photographies au musée Victor Hugo à Villequier, le site ici.
Sarah Bernhardt vue par les Nadar, Préface de Pierre Spinekoff : ISSN 2607-0006
"En ce temps sans beauté, seule encore tu nous restes, / Sachant descendre, pâle, un grand escalier clair, / ceindre un bandeau, porter un lys, brandir un fer,/ Reine de l'attitude, princesse du geste", écrit Edmond Rostand, qui comme tant d'autres auteurs peintres, photographes, ont été fascinées par "La divine", l'une des personnalités les plus marquantes du tournant du XIXeme siècle. Dans l'album de photographies Sarah Bernhardt vue par les Nadar, elle n'apparaît pas autrement que dans toute sa splendeur.
C'est en 1844 que naît Sarah Bernhardt (biographie Larousse) qui va conquérir les planches de Paris. Dans sa biographie qu'elle a elle-même romancée, elle apparaît toujours comme une femme volontaire et mystérieuse, extraordinaire. Après une vocation de religieuse née dans le couvent de Granchamp, elle est prise de passion pour le théâtre, passion qui ne se démentira jamais. En 1862, débute à la comédie française. Elle vole de succès en succès : 1872, Ruy Blas, 1874, Phèdre. elle mène une vie faite de scandales mais son génie et son talent éclate dans les photos et sur scène. Véritable personnalité de son époque, elle fait de nombreuses tournées triomphale en Amérique, en Angleterre. Superstitieuse et fantasque, elle s'entoure d'objets macabres allant dormir dans un cercueil. Extravagante, elle a serti une tortue de pierres précieuses. Femme fatale mais aussi courageuse, - sa devise est "quand même"- elle transforme l'Odéon en hôpital en 1870 et joue devant les soldats en 1914. Elle s'entoure d'artistes et rend célèbre Mucha. Des artistes comme Rostand lui rende hommage dans des poèmes. Elle-même sculpte et écrit ( ses mémoires intitulés Ma double vie, Les mémoires d'une chaise.). Elle incarne aussi Dona sol ou phèdre en 1874. En 1916, infirme, amputée d'une jambe, elle repart en tournée en Amérique. Jusqu'à 68 ans, elle se donne corps et âme à son art, jusqu'à l'épuisement.
Seule ou avec d'autres acteurs, Les Nadars photographient Sarah dans des mises en scène théâtrales de Macbeth ou Gismonda, photographies accompagnées de poèmes qui ont chanté les beautés de l'actrice. De grande qualité, les images montrent la comédienne, tour à tour, en Médée, Hamlet, Gismonda. Ce beau livre rend hommage à une femme majeure de la scène française et à deux photographes de génie.
Sarah Bernhardt vue par les Nadar, introduction de Spivakoff.