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1001 classiques

14 mai 2010

Bienvenue Gattaca d'Andrew Niccol : ISSN 2607-0006

BIENVENUE A GATTACA - bande-annonce (vost)

Film d'anticipation, Bienvenue à Gattaca est l'adaptation du Meilleur des mondes de Aldous Huxley. D'emblée plongé dans un monde aseptisé, dans un décor froid et blanc-bleuté, le spectateur découvre Vincent Anton (Ethan Hawke), l'un des personnages majeurs du film : mais qui est-il ? Personnage énigmatique, il est présenté comme un usurpateur. Un retour en arrière nous permet de connaître sa vie passée : dans une société, qui a choisi l'eugénisme, Vincent appartient à une sous-classe en naissant de manière naturelle. Son frère, lui, est le produit de la génétique. Vincent n'a qu'un rêve, celui de devenir astronaute : pour réaliser son rêve, il va devenir un  pirate génétique et usurper l'identité d'un autre, celui de Jérome Monrow.

A Gattaca, dans le centre spatial, un meurtre horrible est commis. Commence parallèlement à la nouvelle vie de Vincent, une enquête. Qui a tué le directeur de la mission ? Ce ne peut être que l'oeuvre d'un inférieur, puisqu'un de ses cils a été retrouvé sur les lieux, celui de Vincent. Ce dernier va-t-il échapper à la surveillance policière ? Pourra-t-il réaliser son rêve qui est d'aller dans l'espace ?

Bienvenue à Gattaca est un excellent film d'anticipation : en rien didactique, il repose sur des symboles et dénonce ce monde utopique qui rejette les hommes conçus de manière naturelle. La question de la bioéthique n'est pas le seul problème au coeur du film, il est aussi question d'une lutte entre deux frères, d'un amour impossible, et d'une enquête policière. Même s'il y a peu d'actions, ce film est palpitant. On tremble pour Vincent : va-t-il être démasqué ? Cette société, qui a fait de "la discrimination, une science", n'est pas une utopie puisqu'elle montre un envers du décor peu reluisant. Jérôme Monrow porte la perfection comme un fardeau. L'homme peut-il changer ce que la nature a créé ? La tension dramatique présente tout au long du film rend agréable ce film où Jude Law (Jérôme Monrow) est remarquable.

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12 mai 2010

Aurora Floyd Elizabeth Braddon : ISSN 2607-0006

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Qui a dit que l'Angleterre victorienne était prude ? Toutes les héroïnes de nos chers auteurs victoriens se font un plaisir de mettre en scène des femmes avec des secrets inavouables, avec des caractères épouvantables... Il suffit de lire Aurora Floyd pour s'en convaincre.

quatrième de couverture : " Aurora Floyd est la fille choyée d'un richissime banquier. Une violente dispute l'oppose à son père lorsqu'elle revient d'une longue promenade à cheval avec son palefrenier. Aurora est envoyée à Paris dans un pensionnat pour faire ses études. On la retrouve un an plus tard, à nouveau chez son père. Réconciliée mais distante, marquée à tout jamais par un drame qui a éloigné d'elle l'homme qu'elle aime... comme dans tous les romans à suspense de M.E. Braddon, le lecteur pressent ce qui est à l'origine du drame sans que cala soit explicite, et il est entraîné malgré lui, et sans pouvoir s'arrêter, dans un maelström excitant qui le pousse à connaître le déroulement et la fin de l'énigme.

Une comparaison avec Wilkie Collins serait tout à fait justifiée : un meurtre, un secret, un mariage, une héroïne au caractère bien trempé, les médisances... Le style ne manque pas de mordant avec les traditionnelles adresses aux lecteurs. Une belle jeune fille trouve deux prétendants mais assez rapidement surgit un terrible secret : un mystérieux personnage semble persécuter la jeune et belle femme. Mais l'élan romanesque est souvent rompu par de nombreux portraits, des généralités sur le caractère des personnages. L'héroïne principale est peu attachante, et ne semble avoir que deux attitudes possibles : soit avoir le regard flamboyant, soit taper du pied de colère... Le deuxième personnage féminin n'a guère plus de chance : blonde et effacée, elle symbolise la parfaite  petite femme d'intérieur victorienne, n'ayant d'yeux que pour son orgueilleux mari. Si l'intrigue amoureuse semble assez vite menée, l'intrigue policière n'apparaît que tardivement et est diluée dans des considérations plus générales. Les nombreuses références littéraires sont plaisantes, cependant les multiples rebondissements ne compensent pas la lenteur et la langueur de l'histoire.

Autres avis : Cécile, Méalenn,

Premier roman lu dans le cadre du challenge Braddon de Lou

Lecture "swap portrait of lady", bilan sur le site de Lou et Titine.

Braddon, Aurora Floyd, Edition Joelle Losfeld,  555 p.

11 mai 2010

Derrière le masque de Louisa May Alcott : ISSN 2607-0006

 

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Derrière le masque est un roman, qui vient singulièrement briser l'image sage de la romancière Louisa May Alcott. Mlle Muir, gouvernante de son état vient d'arriver dans la famille Coventry. Elle apparaît comme une créature pauvre, serviable, et sait se faire aimer de tous mais elle semble avoir parfois des regards ou un comportement étranges. Dès la fin du chapitre I, le lecteur apprendra avec stupéfaction qu'elle n'est pas ce qu'elle paraît  : la jeune fille si réservée, si blonde, et si charmante se métamorphose d'un coup : " Toujours assise par terre, elle dénoua et ôta les longues et abondantes tresses qui lui entouraient la tête, essuya le rose de ses joues, retira plusieurs dents de perle et enleva sa robe ; elle apparut alors telle qu'elle était, en effet : une femme d'au moins trente ans, décharnée, usée, ténébreuse." Quel secret cache la jeune fille ? Tour à tour, telle une sirène d'Homère, elle séduit, Mr John, le maître des lieux, puis le jeune Edward... Quel but poursuit cette créature changeante ? Mlle Muir sème le doute dans l'esprit du lecteur : quel est le rôle de Sidney,  ami de la famille Coventry et fils de Lady Sidney qui a introduit la jeune gouvernante dans la famille ? Quel dessein l'a amenée chez les  Coventry ? Pourquoi ce déguisement ?

Louisa May Alcott sait tenir le lecteur en haleine même si les ficelles de l'intrigue sont peu subtiles."  Elle s'en alla, et sir John allait se retirer aussi silencieusement qu'il était venu quand l'étrange conduite de Mlle Muir l'arrêta. Elle lâcha le livre, étendit les bras sur la table, y enfouit la tête et éclata en sanglots convulsifs, comme incapable de se contenir davantage. Bouleversé et confondu, sir John s'esquiva. Mais toute la nuit, le gentilhomme au coeur si tendre se perdit en conjectures au sujet de l'intéressante jeune gouvernante de sa nièce, ignorant tout à fait qu'elle avait eu l'intention qu'il en fût ainsi". Tel un nouveau Tartuffe, elle semble cacher un terrible secret et perturbe toute la famille : est-ce un amour malheureux avec Sidney, comme semble bientôt le croire Gérald, l'aîné des Coventry ? On peut donc reprocher à ce roman certaines facilités et notamment le manque de délicatesse et de finesse psychologique : les personnages passent de la rage au désespoir, de la haine à l'amour, en un clin d'oeil. Tout est outré, excessif et pourtant la magie opère et le lecteur reste suspendu aux pas de Mlle Muir.

Surtout l'étrange fin et le caractère atypique de l'héroïne participent du charme de ce petit roman, qui se lit avec plaisir, mettant l'intrigue extravagante au-dessus de la vérité psychologique et de la vraisemblance des événements. L'héroïne est à rapprocher d'une Lady Susan austennienne, même si l'écriture n'en n'est pas aussi subtile... Lecteurs, vous passerez quelques heures surprenantes en compagnie de ce roman agréable et léger de Louisa May Alcott.
Différents avis sur ce roman : Lou, Bladelor.
Alcott, Derrière le masque, Interférence, 213 p.

9 mai 2010

La main de Dieu de Yasmine Char : ISSN 2607-0006

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Quatrième de couverture
" Il y a une jeune fille, quinze ans, qui court le long d'une ligne de démarcation. Il y a le Liban, ce pays depuis si longtemps en guerre qu'on oublie parfois depuis si longtemps en guerre, il y a l'amour. L'amour de la jeune fille, pur comme un diamant : pour le père, pour l'amant, pour la patrie. Grande absente, la mère ne sait rien de cet amour. Elle est partie sans laisser d'adresse. La jeune fille ne sait pas comment faire pour grandir là tiraillée entre deux cultures, happée par la violence. Alors elle court. C'est l'histoire d'une fille en robe verte qui virevolte dans les ruines, qui se jette dans les brase d'un étranger, qui manie les armes comme elle respire. L'histoire d'une adolescente qui tombe et se relève toujours".
La narratrice, une jeune libanaise, livre ses blessures personnelles comme le départ et l'absence d'une mère, puis la dépression de son père. Mais elle parle aussi de la blessure que la guerre  civile libanaise lui inflige. Le personnage est scindé entre un "je" et un "elle" qui sert à la désigner selon ses actions, et l'Orient et l'Occident. Sa mère étant française, elle s'attache irrémédiablement à un reporter de guerre français, dont elle ne sait rien. Mais qui est-il vraiment ?

Est-ce la haine et la colère qui émane de ce roman qui empêche d'adhérer à cette histoire ? La langue et les images évoquées sont souvent brutales, crues, comme les premiers mots du récit : " Un matin à dix heure trente, alors que je fumais ma première cigarette à la table d'un bistrot, un homme m'a dit : vous êtes une tueuse. Je n'ai pas su comment le prendre. Cet homme, je ne le connaissais pas. Je ne lui en ai pas voulu".
Est-ce la confusion du récit, qui évoque pêle-mêle la condition de la femme, la question de l'enfance, de la religion ? L'émotion de la jeune adolescente est traduite par une écriture hachée et des phrases brèves. La narration elle-même est  morcelée en petits chapitres, qui créent des ruptures abruptes. L'intrigue est ainsi diluée dans de multiples réflexions.
Ce bref roman n'est pas complètement dénué de thèmes intéressants ou de qualités - l'écriture se fait d'ailleurs plus poétique vers la fin du roman - mais il ne donne qu'une image en filigrane du Liban et la narration semble hâtive ou inaboutie ; même si l'intrigue réserve une surprise finale...

Char, La main de Dieu, Folio, 121 p.
Avis de Fleur, Lou, Malice, Kathel, Mango...Cathulu.

7 mai 2010

La place d'Annie Ernaux : ISSN 2607-0006

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"Il n'est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui.
Cette fille Annie Ernaux, refuse l'oubli des origines. Elle retrace la vie et la mort de celui qui avait conquis sa petite "place au soleil. Et dévoile aussi la distance, douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait : "Les livres, la musique, c'est bon pour toi. Moi, je n'en ai pas besoin pour vivre". Ce récit dépouillé possède une dimension universelle" (Quatrième de couverture)

" Comme de l'amour séparé" :
La narratrice relate sa relation avec son père avec un ton distant, froid. Au seuil du récit de la vie de son père, elle noue le pacte autobiographique : "Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L'écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j'utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles". A travers une écriture empruntant les mots et les expressions de son père, elle raconte l'histoire, sans fard, de ce père vivant dans une campagne rude, normande. Simplement, elle donne des explications sur son écriture, les raisons qui l'ont poussée à écrire. Dès le début du récit, elle lie deux événements : la mort de son père et l'achèvement de ses études de Lettres Modernes. Les phrases brèves, nominales semblent ressusciter les souvenirs d'une manière brute, ceux d'un monde aboli où Annie Ernaux devenue professeur titulaire n'a plus sa place : "J'écris peut-être parce qu'on n'avait plus rien à se dire".
Portrait d'un homme, hommage discret à un père, cette autobiographie, qui refuse l'effusion sentimentale, reste poignante dans la mesure où elle montre comment la vie nous sépare même de ceux que l'on aime.

Ernaux, La place, Folio,  114p.
Lu dans le cadre du challenge autobiographique de Bleue et Violette.

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5 mai 2010

Xingu d'Edith Wharton : ISSN 2607-0006

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Mrs Ballinger et ses amies, de la bonne société américaine, toutes plus vaniteuses les unes que les autres, ont décidé de recevoir  la célèbre romancière Osric Dane. Dans le club de lecture qu'elles forment, elles se veulent des "chasseresses de l'érudition" et Mrs Ballinger se veut avant-gardiste : "C'était là toute sa fierté : marcher au rythme des Idées du temps présent, et elle mettait un point d'honneur à ce que les livres disposés sur sa table exprimassent cette position avant-gardiste". Quant à Mrs Leveret, elle garde un livre de Citations classées mais n'est capable de retenir qu'une phrase : "Ce Léviathan que vous avez formé pour se jouer dans l'abîme" ! Face à ces lectrices ridicules et orgueilleuses, Osric Dane se montre grossière et méprisante. Seule Mrs Roby, déconsidérée par ces dames, finit par les mystifier. Quelle est leur dernier sujet de conversation, qui les a tenues en haleine, toute l'année ? Le "Xingu" selon Mrs Roby...
Vous apprendrez ce qu'est le "xingu" en lisant cette petite nouvelle d'Edith Wharton qui se moque de la prétention des lectrices mais aussi des écrivains vaniteux. Voici, par exemple, la définition du club par Mrs Ballinger : " "le but de notre club [...] est de regrouper, au plus haut niveau, tout ce que Hillbridge compte de courants de pensées ; de rassembler, de canaliser toute cette énergie intellectuelle." ! Amusante énigmatique, distrayant, ce court récit d'Edith Warthon fustige les travers d'un société new-yorkaise imbue d'elle-même et par là, ridicule. Ce récit vif et féroce caricature des femmes futiles, des nantis new-yorkaises à l'esprit étroit et mesquin. Un beau tableau acerbe où règne les faux-semblants...

Lu dans le cadre du challenge Edith  Wharton de Titine.

Lu aussi par Lou, Malice, Mea...

Wharton, Xingu, Mille et une nuits, 60 p.

Autres nouvelles de la romancière : Le triomphe de la nuit

3 mai 2010

Les cinq cents millions de la Begum de Jules Verne : ISSN 2607-0006

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Dans Les cinq cents millions de la Begum, point de voyages en ballon ou dans un sous-marin, mais ce roman aborde des questions de la science et de la morale, illustrées par l'affrontement de deux personnages antinomiques : le docteur Sarrasin et le savant Schultz. Le savant français Sarrasin, à Brigthon, participe à un congrès lorsqu'il apprend soudainement, qu'il est le seul héritier d'une immense fortune, léguée par un grand-oncle, s'élevant à cinq cents millions de francs, somme considérable. Comment Sarrasin va-t-il employer tout cet argent ? Intègre, il décide de fonder France-ville, une cité où l'hygiène permettrait un mieux-être de la population. Cette utopie va-t-elle se réaliser ? Déjà, un savant allemand, Schultze, prétend à la moitié de l'héritage, dont l'intention est "la destruction de tous les peuples qui refuseraient de se fusionner avec le peuple germanique".

C'est de manière plaisante que J. Verne nous conte son histoire, grâce à des commentaires, parfois railleurs d'un narrateur omniscient,  des personnages caricaturaux et certaines scènes comiques. Voici la description du Lord, qui préside le congrès : " Une face blafarde et glabre, plaquée de taches rouges, une perruque de chiendent prétentieusement relevé en toupet sur un front qui sonnait le creux, complétait cette figure la plus comiquement gourmée et la plus follement raide qu'on put voir. Lord Glandover se mouvait tout d'une pièce, comme s'il avait de bois ou de carton-pâte. Ses yeux même semblaient ne rouler sous leurs arcades orbitaires que par saccades intermittentes, à la façon des yeux de poupée ou de mannequin" ou description d'une foule de savants apprenant une bonne nouvelle : " " Je [Sarrasin] vous fais juges, et vous-mêmes vous déciderez du meilleur emploi à donner à ce trésor !... (Hurrahs, Agitation profonde. délire général. Le congrès est debout. Quelques membres, dans leur exaltation, sont montés sur les tables") etc...

La narration simple, sans complexité, n'est pas dénuée de suspense et de rebondissements multiples : Marcel, un jeune homme, qui aide Sarrasin à lutter contre son rival allemand,  cherche à déjouer les plans diaboliques de Schultze et s'infiltre dans la cité de l'ennemi : il cherche à percer, inlassablement, le secret de ce dernier. Mais quel est ce secret ? Les digressions historico-géographiques et scientifiques n'alourdissent pas ce récit. Elle souligne la rivalité des deux pays, avec en arrière-fond la guerre de Franco-prussienne de 1870. Ce roman témoigne d'ailleurs du curieux sentiment nationaliste, présent dans maints romans européens de l'époque et s'exprimant à travers des préjugés.

Le livre est agréable à lire, comportant cette part de " bonne humeur railleuse" ou de "légèreté aimable", qui caractérisait Verne dans la vie, et est d'autant plus agréable à feuilleter qu'il est  accompagné des délicieuses illustrations originales des éditions Hetzel, de L. Bennet : fidèles au récit, elles agrémentent la lecture et créent une atmosphère désuète. Cette lecture vous fera passer, chers lecteurs, un agréable moment...

Lecture pour le défi "J'aime les classiques" , mois de mai, organisé par Marie L
Verne, Les cinq cent millions de la Begum, Livre de Poche, 242 p.

2 mai 2010

La chasse au snark de Carroll : ISSN 2607-0006

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 Quatrième de couverture : " Un cireur de souliers, un fabriquant de bonnets, un boulanger, un avocat et un castor, entre autres personnages, partent à la chasse d'un animal fantastique : le snark. En espérant qu'il ne s'agira pas d'un boojum ! Moins connu qu'Alice au pays des merveilles mais aussi extravagant, La chasse au Snark conserve toute sa puissance comique. En regard du texte anglais, accompagné des illustrations originales de Henry Holiday, la traduction de l'oulipien Jacques Roubaud respecte l'oralité de ce long poème. Elle est suivie d'une analyse par le linguiste Bernard Cerquiglini. L'occasion d'une promenade savoureuse à travers l'oeuvre de Lewis Carroll pour redécouvrir, à l'aune des recherches de Joyce et d'Artaud, l'un des chef d'oeuvre de la littérature victorienne."

"Les mots n'ont que le sens qu'on leur donne"

Un castor qui sauve tout un équipage ? Un boulanger qui s'évanouit lorsqu'il voit un snark ? Bienvenue dans le monde du nonsense de Lewis Carroll. L'auteur crée ses propres animaux fabuleux, comme la description d'un mystérieux oiseau, le Jubjub, et du fabuleux Snark... C'est aussi un univers dominé par le rêve où la logique des sonorités des mots, des associations d'idées gouvernent les lois rationnelles : " Car le visage était tout noir/ C'est à peine si on pouvait voir/ avec le Banquier une vague ressemblance/ son effroi fut si grand / que son gilet devint blanc/ En vérité un phénomène étrange".

Ce court texte est fascinant par son extravagance et devient un beau sujet de rêverie grâce à son imaginaire déjanté et comique, proche de l'absurde : "Ils le chassèrent avec des dés à coudre/ Ils le chassèrent avec passion/ Ils le poursuivirent avec des fourchettes et de l'espoir/avec une action de chemin de fer/ Ils le charmèrent avec des sourires et du savon" !

Ce poème est suivi d'un bref essai posant la question de la traduction de jeux de mots, tels que les mots valises, d'une langue à l'autre, dans le célèbre poème du "Jabberwocky", présent dans Alice aux pays des Merveilles.  On peut noter aussi les magnifiques illustrations du peintre préraphaélite, Henry Holiday. Voici une gravure du peintre :

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Lecture dans le cadre du partenariat avec BOB que je remercie. Lu aussi par Praline, Alice, Mélisendre, Tortoise. Les avis de Cryssiylda, Lilly...

Carroll, La chasse au Snark, Folio, 131 p.

Du même auteur : Alice au pays des merveilles
Challenge "English classic" de Karine.

1 mai 2010

Drôle de temps pour un mariage de Strachey : ISSN 2607-0006

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" Le 5 mars, Mrs Tatcham, veuve de la bourgeoisie, mariait sa fille aînée, Dolly, âgée de vingt-trois ans, à l'honorable Owen Bigham. Il avait huit ans de plus qu'elle, et appartenait au corps diplomatique". Toute sa famille est présente le jour du mariage, un cousin ivre, son oncle, le chanoine Bob Dakin, les domestiques... et Joseph un ancien camarade, que Dolly a aimé, l'été précédent. Elle est consciente de rejouer avec lui, Le Bonheur conjugal de Tolstoi :

" Quoi, tu n'as jamais goûté de croquants ! s'était écrié Joseph à côté d'elle, la dévisageant sous son grand chapeau d'été. Mais tu dois absolument y goûter ! tu adorerais !" Or, en réalité, à travers sa physionomie, et principalement ses yeux, Joseph proclamait de tout son être, avec une ferveur violente, non pas " tu les adorerais" mais je t'adore". (Exactement comme le héros de la nouvelle de Tolstoï, Le bonheur conjugal, se tourne soudain vers l'héroïne pour lui parler de grenouilles, et qu'elle comprend, durant son récit, qu'il est en train de lui dire qu'il l'aime...". Dans le tapage des préparatifs du mariage, un drame se noue. Joseph lui avouera-t-il ses sentiments ?

"Il vaut mieux avoir aimé et perdu que ne pas avoir aimé du tout".
Avec une écriture délicate, élégante et fluide, Julia Strachey dessine des portraits comme un peintre, grâce à de magnifiques notations de couleurs. Mais elle sait être féroce pour décrire le passage du temps, le changement des sentiments et la stupidité des esprits bourgeois, matérialistes dont Mrs Tatcham en est le parfait exemple. Comparaisons animales et florales se combinent pour décrire cette galerie de portraits. Elle pose son regard d'artiste, sur  une journée et sur la faune petite bourgeoisie, présente ce jour-là. Elle a su admirablement dans le tumulte des préparatifs du mariage, mêler le tumulte des sentiments qui secouent Dolly et Joseph. A travers la banalité des conversations, dans "le bruit et la fureur", un drame psychologique se déploie, teintant d'une note de désespoir, un jour peu ordinaire. Un étrange roman sur l'opacité des consciences et l'inconstance des sentiments : " Pour compléter le tableau, le visage blanc de Dolly, avec ses lèvres épaisses et fortement ourlées, au-dessus de sa robe de laine mouchetée noire, scintillait d'une lueur pâle devant les fougères, telle une orchidée phosphorescente qui fleurirait isolée dans un marais crépusculaire.
Durant cinq ou six minutes, l'orchidée pâle et lumineuse demeura immobile, au centre de la surface sombre du miroir. Le plus étrange, c'était cette manière dont les yeux n'arrêtaient pas d'aller et venir, de changer de direction, de vagabonder, inlassablement, partout dans la pièce. De bouger constamment. c'était bizarre : ce visage d'apparence si passive et lointaine, et ces yeux si agités".

Lady swap, récapitulatif des lectures sur le site de Lou et Titine.. Avis de Titine, Lilly, Cathulu...

 Strachey, Drôle de temps pour un mariage, La petite Vermillon, 117 p.

30 avril 2010

LE SWAP : "THE PORTRAIT OF LADY" : ISSN 2607-0006

Il y a un mois, commençait la grande aventure du swap The portrait of the lady, organisé par Lou et Titine, nouvelle aventure pour moi, puisque c'est mon premier swap ! Des romancières anglaises, l'ère victorienne et des héroïnes anglo-saxonnes... Comment résister ?
Quelle ne fut pas ma surprise en ouvrant mon colis : tout est furieusement esthétique, tout est so british et tout est terriblement raffiné ! Jugez et admirez par vous-même ! Et tout cela m'a été envoyé par ma charmante swappeuse, grande connaisseuse de l'art and kraft  : TITINE  ! (tous les titres en gras et entre guillemets sont de mon adorable swappeuse !)
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  • Et premier clin d'oeil aux amoureuses de Darcy, pour le séduire, voici une carte "english Georgian dress".
  • "London calling" : ce carnet, aux couleurs de l'Angleterre, magnifique, ne me quitte plus, je suis aussi amoureuse de lui !
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  • "Have a break" : des produits Gardener et un mug "Ophélie de Millet" .
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  • " Et un de plus" : je n'avais pas ce Wilkie dans ma PAL, mais heureusement Titine a comblé cette lacune... Seule contre la loi, la quatrième de couverture me semble augurer une lecture passionnante et je ne peux m'empêcher d'en écrire un extrait : " Thriller labyrinthique, âpre réflexion sur les faux-semblants, vibrant portrait d'une héroïne libre et intraitable, Seule contre la loi passe pour le premier roman policier dont le détective est une femme". Je n'ai qu'une envie, c'est de me jeter dessus et de commencer à le lire...

  • "Pour m'accompagner dans mes lectures" : le véritable marque-page en cuir "The Jane Austen Centre". Je l'adore et je crois que toutes les admiratrices de Jane vont être jalouses... Je ne le quitte plus !

  • "Un bijou trop peu connu" : Drôle de temps pour un mariage de Julia Strachey, un auteur que je ne connais pas et que je vais me faire un plaisir de découvrir...

  • "De la méchanceté, de l'ironie, de l'humour" : Lady Susan de Jane Austen (seule ombre du tableau, par ma faute, je l'ai déjà lu et je m'en excuse, car j'ai peut-être mal rempli mon questionnaire...).
  • SDC12773
  • My dear Titine,

Je t'écris ces quelques mots fortement émue et terriblement ravie : tous les objets sont élégants et magnifiques ! Comme tu le sais, j'adore chaque objet et ce swap a été merveilleux pour moi... Vive les romancières victoriennes ! Vive la lady que tu es !
J'ai été émerveillée et admirative, à chaque ouverture de paquets et à chaque découverte du contenu so british ! Maintenant, le marque-page m'accompagne effectivement dans chacune de mes lectures (j'ai déjà commencé une collection !) et le carnet a trouvé sa place dans mon sac (il ne me quitte plus).  J'ai évidemment essayé mes produits de beauté Gardener, doux et embaumants, et j'espère pouvoir bientôt commencer la lecture des romans : voici des livres qui me promettent de belles soirées ! Quant à la carte postale, elle a déjà trouvé sa place sur les murs de mon appartement...
En espérant que ma swapée Romanza soit tout aussi contente...

Je te remercie vivement et sincèrement de m'avoir fait participer à ce swap, ainsi que Lou, notre co-organisatrice...
Merci à toutes les deux. Merci Titine, et à bientôt pour des lectures communes et pour continuer l'exploration délicieuse du monde des romancières et des aventurières victoriennes...
Victoriennement votre, Maggie

 

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