Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

1001 classiques

26 mai 2010

Le treizième conte de Diane Setterfield : ISSN 2607-0006

53442586

 Margaret travaille dans le magasin de livres rares et anciens de son père et a écrit une biographie sur les frères Goncourt. Un jour, elle reçoit une étrange lettre qui provient d'une romancière de best-sellers, entourée de mystère : Vida Winter a inventé plus de 32 versions différentes de sa vie... Malade et âgée, elle a enfin décidé de dévoiler son histoire sans mensonge. Mais dit-elle réellement la vérité ? Commence pour Magaret une enquête sur la véritable vie de Vida, qui commence d'ailleurs par un un autre mystère : elle a publié un recueil de 13 contes qui n'en contient que douze. Quel est ce treizième conte ?

Margaret entretient une relation passionnée avec les livres et on prend plaisir à déambuler dans le magasin de livres qu'elle tient avec son père. Plus proche des romans du XIXeme siècle que des personnes qui l'entourent, elle avoue que "les mots ont un étrange pouvoir. Entre les mains expertes, manipulées avec adresse, ils vous retiennent prisonniers". 

Quant à l'histoire, elle contient de nombreux rebondissements comme dans Les hauts de Hurlevent ou Jane Eyre. Chaque personnage cache un secret. Quel est celui de Vida Winter ? Au fil de la narration de la vieille dame, la jeune fille enquête, hantée par ses propres fantômes et bientôt par ceux de la romancière. Dit-elle la vérité ? Est-ce que le manoir dans lequel elle dit avoir grandi existe véritablement ? Qu'est devenu son oncle Charles disparu soudainement ? Connaîtra-t-elle la clé du mystère du treizième conte ? Alternant différents récits et narrateurs, le mystère s'épaissit... Des ruines, la folie des personnages, des fantômes, des enfants perdues, des disparitions soudaines, un incendie, l'allusion aux romans La dame en blanc de Wilkie Collins ou Jane Eyre des soeurs Brontë, rendent hautement britannique cette histoire mystérieuse. Un récit captivant de la première à la dernière page...

Setterfield, Le treizième conte, Pocket, 526 p.

Livre voyageur de Mango que je remercie ! Son avis ici. D'autres avis : Lilly, Clarabel, Fashion, Lou., Titine.Choupynette,...

Publicité
25 mai 2010

Into the wild adapté par Sean Penn : ISSN 2607-0006

SEAN PENN PENS INTO THE WILD

Chris MCandless a renoncé à tout, une fois son diplôme en poche, à un avenir tout tracé à Havard, à une tranquillité bourgeoise, à une vie de confort. Il arpente la terre en fuyant cette société "empoisonnée". "Voyageur esthète", après deux ans sur les routes et de multiples rencontres, il arrive dans l'immensité de l'Alaska, en 1992, il découvre une nature hostile mais sublime. C'est un retour à la nature dans ce qu'elle a de plus beau, de plus sauvage, le grand nord comme dans les roman de Jack London.

Le film oppose, par des retours en arrière, son ancienne vie conventionnelle, avec la remise de diplôme notamment, à sa vie solitaire dans l'immensité de la nature, sans loi. Symboliquement, c'est la société consumériste américaine qu'il fustige, en refusant une voiture neuve alors qu'il en possède déjà une en bon état, puis en l'abandonnant sans regret et en brûlant ses derniers dollars. Il note d'ailleurs que "l'argent et le pouvoir sont une illusion". Dans cette quête idéale de liberté absolue, c'est le matérialiste  de toute une société qui est condamné. S'appuyant sur des extraits du journal intime de Chris et  des citations de ses auteurs préférés, Sean Penn retrace un émouvant portrait et un magnifique road movie, en filmant une nature époustouflante de beauté. Sean Penn a magistralement adapté le roman de Krakauer, retraçant la vie réelle et tragique de Chris MacCandless... Cependant, la fin du film semble bien lisse par rapport aux questions posées par le roman de Krakauer qui est beaucoup plus polémique : quel lien entretiennent les américains avec la nature ? Quels sont les réelles motivations de Chris ? A-t-il été négligent ? ... Un film à voir pour sa beauté tragique...

L'avis de Titine

Challenge lunettes noires sur plage blanche de Happy Few.

24 mai 2010

Into the wild de Krakauer : ISSN 2607-0006

53423866

" Toujours plus loin. Toujours plus au nord. Toujours plus seul. Inspiré par ses lectures de Tolstoï et de Thoreau, Cristopher McCandless a tout sacrifié à son idéal de pureté et de nature. En 1990, une fois son diplôme  universitaire en poche, il offre ses économies à une association caritative et part sans un adieu vers son destin. Celui-ci s'achèvera tragiquement au coeur des forêts de l'Alaska...

Jon Krakauer évoque aussi à travers cette échappée belle ceux qui, un jour, ont cherché à quitter la civilisation et à dépasser leurs limites. Magistralement porté à l'écran par Sean Penn, Into the wild s'inscrit dans la grande tradition des road movie tragique et lumineux, une histoire aux échos universels".

" Je désirais le mouvement et non une existence au cours paisible. Je voulais l'excitation et le danger, et le risque de me sacrifier pour mon amour. Je sentais en moi une énergie surabondante qui ne trouvait aucun exutoire dans notre vie tranquille", Le bonheur conjugal de Léon Tolstoï ( p. 33)

Journaliste, Krakauer retrace les déplacements du jeune homme en s'appuyant sur des témoignages, des lettres envoyées à des gens rencontrés sur la route et des extraits du journal intime écrit à la troisième personne. Dans de nombreux chapitres, le travail fouillé du journaliste permet de suivre le périple de Chris : une enquête à rebours, de la mort de Chris à ses diverses rencontres. Pour lui, il ressemble à Dedalus, personnage de Joyce : "Il était seul, méconnu, heureux, jeune, obstiné, libre, seul dans un désert chargé d'air vif et d'eau saumâtre, parmi la moisson marine des coquillages et des algues, dans la lumière gris pâle du soleil". Jeune homme intransigeant et sensible, généreux et travailleur, il ne semble pas être un désaxé, comme le sous-entendait beaucoup de personnes, mais un homme en quête d'idéal, à la quête de soi.

Lors de la publication d'un article de Krakauer dans Outside, lorsque le corps de McCandless a été retrouvé en 1992, les gens ont réagi négativement à la mort de ce jeune homme qu'on considéra comme un écervelé, un farfelu, un ingrat qui faisait souffrir inutilement sa famille par son décès dû à ses négligences. Krakauer entreprend de rechercher les causes de la mort et évoque la vie de différentes personnes idéalistes ayant quitté la société de consommation. Est-il un jeune homme orgueilleux qui est allé au-delà de ses limite ? A-t-il fait preuve de légèreté en allant vivre dans l'Alaska sans carte et sans boussole ? Quel est le rôle de ses parents dans son départ brusque, dans ce renoncement à la civilisation ?

Into the wild retrace un magnifique portrait, reposant sur de nombreux documents, dans la lignée des personnages d'un London ou d'un Tolstoï, un plaidoyer pour les esthètes de la nature sublime, nature superbement décrite à travers des extraits littéraires, s'inscrivant dans une histoire de la société américaine.

 Krakauer, Into the wild, 10/18, domaine étranger, 285 p.

23 mai 2010

A mon coeur défendant de Thibaut de Saint Pol : ISSN 2607-0006

53383609

A mon coeur défendant est l'histoire de trois destins croisés : En 1940, à Paris, les Allemands sont aux portes de Paris. Madeleine est une jeune fille de 24 ans, travaillant au Quai d'Orsay, qui est chargée d'une mission très importante et secrète : protéger et amener en lieu sûr le traité de Versailles qui a humilié l'Allemagne. Madeleine raconte sa fuite à travers le pays. Dans son journal, Henrich, un officier de la Wehrmarcht, poursuit la jeune fille pour récupérer le fameux dossier. En 2003, Théo, un allemand, un professeur d'histoire, retrouve des papiers dans le bureau de son grand-père. Mais qui est-il ? Pourquoi toute sa famille refuse de parler de lui ? Il retrouve la trace d'une femme, vivant dans le sud de la France, liée à Henrich, son grand-père, qui accepte de lui parler.

Croisant les genres littéraires et des personnages, l'originalité du fond historique connu est de montrer des points de vue opposés sur  les mêmes événements. Tandis que Madeleine vit dans la peur et le chaos, et la honte d'une France qui tombe comme un "château de cartes", Henrich agit, sûr de lui et de la bonne cause de sa mission. Un roman historique passionnant, très rythmée, qui nous emmène de Paris à Toulon. Madeleine réussira-t-elle à sauver le Traité ? Théo connaîtra-t-il enfin la vérité sur ce grand-père qu'il n'a pas connu ?

Lecteurs, vous trouverez parfois que les sentiments des personnage assez lisses manquent un peu de profondeur, de nuances ou de complexité, que l'histoire d'amour entre les deux personnages use de topos mais la narration est originale et très bien menée et on ressort charmé de ce livre. Un récit haletant, une écriture fluide entretenant le suspense et un dernier retournement de situation font de ce roman une lecture agréable et ambiguë.

Merci Alice de m'avoir fait partager cette lecture.

Saint Pol, A mon coeur défendant, Plon, p. 204.

 

19 mai 2010

Lambeaux de Charles Juliet : ISSN 2607-0006

53301132

Charles Juliet met à nu son coeur dans Lambeaux. Ce sont des lambeaux de son coeur mais aussi celui de sa mère qu'il expose dans ce récit autobiographique original. Adressée comme une lettre à sa mère, employant le tutoiement pour s'adresser à celle qu'il n'a jamais connue, Charles Juliet  lui donne la parole, livre les pensées d'une femme courageuse, à la destinée malheureuse. Il fait exister les idées, les souffrances de cette femme, qui est écartelée entre ses origines paysannes et son amour des livres qu'elle ne pourra pas assouvir...
Comme un cri de douleur, il fait ensuite parler son moi enfant, puis adolescent, qui considère la vie comme une "fissure". Un nouveau portrait de femme se dessine dans son enfance, celui de sa mère adoptive.

Cette biographie sombre, très sombre, rend hommage à deux femmes. La célébration de ces femmes se double d'une célébration de la nature, très délicate et poétique : "En haut de la fenêtre, sur la pellicule de glace qui couvre les vitres, tut te plais à voir briller ces fine paillettes or qu'avivent les dernières étoiles. Tu rêves, songes à ce que sera ta vie, cherches à imaginer ce monde dont tu souffre de ne rien savoir" ou " ce dimanche de ciel clair. Cette lumière pâle, veloutée, et tous ces ocres, ces bruns, ces rouges, ces oranges et ces mauves épandus sur les arbres. Mais la mélancolique beauté de cette campagne ajoute à ta souffrance". A la beauté des lieux et de la vie intérieure, s'opposent la jalousie et la mesquinerie des ignorants et la brutalité du destin. Mais comme toute autobiographie d'écrivain, l'auteur aborde sa naissance à l'écriture, qui est comme une renaissance ouvrant une page d'espoir. Un autobiographie sombre et poétique qui donne la parole aux oubliés de la vie...

"Lorsqu'elles se lèvent en toi, que tu leur parles, tu vois s'avancer à leur suite la cohortes des bâillonnés, des mutiques, des exilés des mots

ceux et celles qui ne se sont jamais remis de leur enfance

ceux et celles qui s'acharnent à se punir de n'avoir pas été aimés

ceux et celle qui crèvent de se mépriser et de se haïr

ceux et celle qui n'ont jamais pu parler parce qu'ils n'ont jamais été écoutés

ceux et celles qui ont été gravement humiliés et portent au flanc une plaie ouverte

ceux et celles qui étouffent de ces mots rentrés et pourrissant dans leur gorge

ceux et celles qui n'ont jamais pu surmonter une fondamentale détresse".

Autobiographie lue dans le cadre du challenge de Bev.
 Juliet , Lambeaux, Folioplus classiques, 113 p.

Publicité
17 mai 2010

Dickens, Barbe à papa de Philippe Delerm : ISSN 2607-0006

53083734

Jouant sur la métaphore "dévorer des livres", Philippe Delerm alterne descriptions ou anecdotes de souvenirs culinaires et de souvenirs de lectures. De même que la madeleine proustienne ressuscite toute l'enfance du narrateur, l'auteur développe dans ce court récit, des aliments qu'il associe à différents auteurs. Voici un exemple, intitulé "La lecture et l'anorexie " (p. 49):

"La chartreuse de Parme, Le Vicomte de Bragelonne, Monsieur de Camors, Le vicaire de Wakefield, La chronique de Charles IX, La terre, Lorenzaccio, Les Misérables... Voici quelques-uns des aliments dont se nourrit Juliette, la soeur aux longs cheveux de Colette. C'est un textes étrange qu'à écrit l'auteur de lLa maison de Claudine. Comme si parmi les sources vives de l'enfance, la fraîcheur de l'aube donnée en récompense, la sensualité des sources, des glycines, de l'abricot mûri sur l'espalier, il fallait qu'il y eût aussi un un lieu clos, une prison de fièvre. La chambre de Juliette. "J'avais douze ans, le langage et la manière d'un garçon intelligent, un peu bourru, mais la dégaine n'était pas garçonnière, à cause d'un corps déjà façonné fémininement, et surtout deux longues tresses". Ainsi se définit Colette sur le seuil de cette chambre à la fois familière et lointaine. cette phrase n'est pas sans équivoque. L'auteur y revendique d'emblée virilité et féminité mêlées. A l'âge où il faut choisir, elle aime trop la vie pour séparer. Si le début de la phrase marque sa singularité de sauvageonne, la fin, par chevelure longue interposée, fait de Juliette un double.

Qu'est-ce que Juliette ? Une enveloppe terrestre féminine qui se consume dans les livres jusqu'à la folie. Elle ne dort plus, ne mange plus, laisse refroidir indéfiniment la tasse de chocolat que Sido lui a préparé. A la fin, elle passe de l'autre côté du miroir, confond ses proches avec ses auteurs préférés qui viennent lui rendre visite dans son délire. comment ne pas penser que la jeune Sidonie Gabrielle Colette a dû être horrifiée autant qu'attirée par cette chambre absolue de lecture où Juliette s'est enfermée ? On dévore les livres, ou bien les livres vous dévorent. C'est une drogue effrayante et douce, un séduisant voyage. Colette l'a connu de trop près pour ne pas se sentir tentée. Une force en elle a donné sa réponse. On peut aussi manger la vie. Alors plus tard, peut-être, on en fera des livres."

Entre deux réminiscences d'instants de vie liées à la gastronomie, Delerm parle du style de Flaubert, dans L'éducation sentimentale, du travail du poète Carl Spitzweg, raconte des anecdotes sur Proust ou Dickens, fait aussi l'éloge d'Alain de Bottom. Si les textes ne présentent pas une égalité de qualité ou d'intérêt, selon les auteurs évoqués, Philippe Delerm arrive à nous faire partager ses plaisirs livresques et à faire ressurgir en nous, nos propres souvenirs d'enfance, que ce soit l'amour de la barbe à papa ou l'amour de Dickens...

17 mai 2010

-Grand jeu-concours Maigret : ISSN 2607-0006

frankenstein_1_

Voici un deuxième quizz : parce que j'ai lu et aimé Frankenstein de Mary Shelley,  j'ai décidé de mettre à l'honneur cette romancière et de faire gagner un exemplaire neuf de ce livre.
Vous devez répondre aux questions suivantes :
1) Ce roman a été écrit lors d'un jeu littéraire, lancé par un ami écrivain de Mary Shelley. Quel est son nom ?
2) Citez le nom de deux réalisateurs qui ont adapté cette oeuvre.
3) Citez un autre roman écrit par Shelley.

Même sans avoir lu le roman, vous pouvez répondre à ces questions !

Envoyez vos réponse par "le contact auteur", en haut, à droite.
Un tirage au sort aura lieu dimanche 16 mai.
Amusez-vous bien !

*************

Edit du 16/05/2010 - Les réponses étaient : 1) Lord Byron

2) James Whale et K. Branaght (pour les plus célèbres)

3) par exemple, Le dernier homme

Le tirage a désigné Claudia comme la gagnante du livre Frankenstein (inscrire l'adresse dans contact pour l'envoi du colis).

******************

Sur le site de Lou, vous pouvez gagner un livre en répondant à la question suivante :

Que font les gentlemen présents sur la photo ?

962860365

 

16 mai 2010

Hémisphères de Tamirace Fakhoury : ISSN 2607-0006

53080839

Hémisphères de Tamirace Fakhoury, Edition Dar An-Nahar, 121 p.

Quatrième de couverture : "La poésie de Tamirace Fakhoury est comme une longue lettre à un amoureux, mais qui situe cet amour dans le feu bruyant du monde, dans la folie des guerres, qui le voue au dépaysement de l'exil au bord de l'abîme et de la perte, sorte de danse de l'extrême mettant en jeu le destin d'une vie, d'une époque, de la mémoire inquiète.

(...)A-topie et utopie d'une résurgence d'un monde d'avant la fêlure constituent bien les axes thématiques dominants de Hémisphères, recueil dont les quatre parties témoignent d'une volonté irréductible de situer le poème dans le contenu fragmentaire d'une géographie de l'errance qui connaît là son étape ultime" (préface de Fabio Scotto).

La vanité

"Je redescends vers l'abîme
Mes doigts touchent le sommeil
Je recule
Les âges s'anéantissent
Ici ou là bas
La vanité est une lutte contre l'étoile
Qui a le pouvoir d'ensorceler
les places désertes et de figer les
mers arides ? Qui a le pouvoir de
transformer l'eau en étoiles filantes et
les maisons en fleurs liquides
?"

" La vanité est une lutte contre l'étoile" : les mots simples et des images "surréalistes"  expriment l'amour, l'attente, et l'absence, proche d'une poésie éluardienne. Les phrases courtes et les mots, qui se répètent comme des leitmotivs, créent une musicalité et signifient la fragmentation d'une identité, dans les quatre parties de ce recueil "hémisphère nord", "hémisphère sud, "planisphères gauches" et "fragments planétaires" où la guerre libanaise et Beyrouth sont évoqués. Les images prennent des raccourcis étonnants comme l'image des " fleurs liquides" ou des "pétales de la fuite" pour renouveler la poésie amoureuse. La femme, ici devient paysage, pays. La mer, le désert, la Méditerranée apparaissent au détour des mots, côtoyant aussi des villes telles que Paris ou l'Italie... Poésie sur l'amour, Hémisphères est aussi un recueil sur le voyage, la quête de l'autre, de soi-même, qui dit l'absence et l'exil.

La course

"Le temps court après l'étang

Et l'étang court après le sommeil

Je cours après la lumière

Et la lumière court après mon amant".

Quelques mots sur l'auteur : Poète libanaise,Tamirace Fakhoury a publié trois recueils de poèmes : Aubades en 1996, Contre-marées, 2000 et Poème absent en 2004. Elle a préparé un doctorat sur le Liban de l'après-guerre, en Allemagne. Elle vit actuellement en Italie.

Dimanche poétique de Celmoon, avec Mango,Emmyne, Armande, Saphoo, la plume et la page, l'or des chambres..

15 mai 2010

-A single man de Tom Ford : ISSN 2607-0006

 A SINGLE MAN - Bande Annonce Officielle (VF) - Tom Ford / Colin Firth / Julianne Moore

"Il y a de la beauté même dans les pires choses".

L'oeil de "photographe" ou du couturier Tom Ford, qui a travaillé pour YSL ou Gucci, filme la journée d'un professeur d'université, dans les années 1960, à Los Angeles. Après la mort de son compagnon, dans un accident de voiture, George Facolner ne supporte plus la vie et traine son désespoir même dans la soirée de son amie Charley, amoureuse de lui.

L'esthétique est irréprochable : élégance et beauté des acteurs (en particulier du talentueux Colin Firth, dont l'interprétation est splendide), décor magnifique et luxueux. La perfection des êtres, la sophistication des acteurs, le raffinement des couleurs sont proche des publicités ou d'images de modes sur papier glacé. Ajoutez à la beauté des images, des touches d'humour, des ralentis esthétiques et des dialogues rares et ambigus.

Mais  A single man n'est pas qu'une succession de belles images, ni l'histoire d'un deuil impossible, ni un film sur l'homosexualité. C'est la solitude des êtres qui semblent relier tous ces personnages. "On naît seul et on mort seul", dit un des étudiants à George. Solitude aussi de l'exubérante Charley (remarquablement interprétée par Julianne Moore), qui depuis son divorce et le départ de son fils, vit seule désœuvrée dans une riche demeure. Solitude de George face à la détresse et au vide qu'a laissé le mort. La perfection de l'image ne fait pas oublier la poignante tristesse des personnages même si ce film n'est pas désespéré car il y a  "de la beauté même dans les pires choses". De la beauté formelle  des séquences naît l'émotion. Un très beau film porté par une belle musique...

Adapté du roman de Christopher Isherwood. Avis de Lou, Cécile

15 mai 2010

Les travailleurs de la mer de V. Hugo : ISSN 2607-0006

52108411

Premier roman de l'exil de V. Hugo ( une exposition virtuelle est consacrée à Victor Hugo sur le site de la BNF), depuis le 2 décembre 1851, Les travailleurs de la mer est un récit peu romanesque, mais une oeuvre foisonnante, étrange, à la limite de la démesure baroque.

Quatrième de couverture :

" Pour pouvoir reconstruire un nouveau bateau à vapeur après le naufrage de la Durande, il faut sauver la précieuse machine du navire dont le constructeur est mort. Donc qu'un homme seule, matelot, mais aussi forgeron, ait l'audace de risquer plusieurs jours jusqu'aux rochers de Douvres où repose l'épave - et d'affronter la mer. L'homme qui accepterait ce péril serait plus qu'un héros. "Je l'épouserais" dit Déruchette, la nièce de l'armateur. Et parce qu'il s'est épris de la jeune fille, Gilliatt va tenter l'entreprise.
Mais suffit-il d'une idylle pour construire un roman d'amour ? celui-ci en tout cas ne saurait bien finir, car le coeur humain dit Hugo, est une "fatalité intérieure". Les travailleurs de la mer, dont l'action se déroule dans l'archipel de la Manche, sont d'ailleurs aussi bien un roman d'aventures, à l'époque de la machine et de la révolution industrielle, que la fable épique d'un homme seul face aux éléments. Et bien avant de le faire paraître en 1866, Hugo n'avait pas sans raison choisi de l'intituler L'Abîme.

"Se faire servir par l'obstacle est un grand pas vers le triomphe" :

Cette quatrième de couverture annonce le ton, ce roman "marin" est aussi un témoignage de la vie de l'époque, doublé d'un roman d'amour. Les chapitres sont courts mais très disparates. L'histoire ressemble à un assemblage de morceaux de bravoure. Ne cherchez pas la vraisemblance, lecteur, vous entrez dans l'étrange univers des travailleurs de la mer.  La lecture de ce long roman est malaisée car V. Hugo, entrecoupe son récit de digressions à l'infini, emboitant des emboitements : il suffit de regarder la structure du roman labyrinthique : chaque "livre" est subdivisé en "partie", elle-même découpée en chapitres. Certains passages portent sur la langue, Il mêle les expressions latines et les expressions locales guernesiaises, tel que "veuvier" à la place de "veuf". A peine lu, on se souvient à peine de la moitié des détails et du vocabulaire. Les passages historiques, font place à des descriptions géographiques ou techniques.

L'écriture se révèle d'autant plus complexe que les références bibliques, historiques se multiplient et qu'une écriture de la formule côtoie des phrases amples... On perçoit d'ailleurs l'écriture du poète dans des rythmes binaires. Tel un nouveau Homère, Hugo multiplie les catalogues  comme celui des écueils, puis celui des vents etc... Il ne faut pas moins de dix pages pour raconter le naufrage de la Durande, ou les écueils : " Pour ceux qui, par les hasards des voyages, peuvent être condamnés à l'habitation temporaire d'un écueil dans l'Océan, la forme de l'écueil n'est point chose différente. Il y a l'écueil pyramide, une cime unique hors de l'eau ; il y a l'écueil cercle, quelque chose comme un rond de grosse pierres ; il y a l'écueil corridor. L'écueil corridor est le plus inquiétant"... (p. 390).

Roman foisonnant, les personnages se croisent dans ce sombre univers : Contrebandiers, homme honnête comme Clubin, qui se révèle être, en fait, un génie du mal, Mess Lethierry, sa fille Déruchette et Gilliat... Pour l'amour de cette fille, Gillliat accepte, après le naufrage de la Durande, d'aller chercher le moteur de ce bateau à vapeur. Coiffé de son bonnet de galérien, il devra affronter une tempête, une pieuvre, la faim, la soif pour finalement se sacrifier, car la beauté chez le héros romantique est intérieure. Mais, l'auteur développe aussi l'esthétique du laid avec la description de la pieuvre, faisant ainsi se côtoyer le grotesque et le sublime.

L'intrigue est hautement symbolique et Hugo laisse percevoir son anticléricalisme, et son goût pour le progrès, incarné par la Durande. Ce livre singulier est à lire lentement, prenez votre souffle avant d'entrer dans l'univers particulier des Travailleurs de la mer... Ce livre devait être intitulé" L'abîme" : "Gillliat avait un abîme, Déruchette". Abîme de la mer qui engloutit les hommes, l'abîme du mal incarné par Clubin mais aussi abîme du lecteur qui se perd dans la complexité narrative, les retours en arrière et les multiples sujets !

Cette édition contient de belles esquisses de V. Hugo, en adéquation avec l'atmosphère assez sombre du roman...Lire d'une traite ce roman est une gageure, tant il est foisonnant et je n'ai d'ailleurs pas lu L'archipel de la Manche, l'introduction à l'oeuvre. La lecture est assez pénible mais j'ai tout de même apprécié cette oeuvre atypique.

34_1_

Hugo, Les travailleurs de la mer, Livre de poche, 668 p.

Autre oeuvre de l'auteur : Ruy Blas

Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Choupynette (son billet est ici)

Publicité
Publicité
1001 classiques
Newsletter
62 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 501 615
Publicité