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1001 classiques

26 août 2014

Salammbô de Flaubert : ISSN 2607-0006

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Roman historique, Salammbô décrit la guerre inexpiable : la révolte des mercenaires contre Carthage en 264. Le roman commence au moment où les soldats mercenaires sont rassemblés dans les jardins d'Halmicar qu'ils ravagent dans l'attente d'être payés. Mais les oligarches rusent pour ne pas les rétribuer. Comme le soulignait Sainte-Beuve, "L'érudition, qui peut jeter un pont, nous refroidit en même temps et nous glace. On ne peut recomposer la civilisation antique de cet air d'aisance et la ressusciter tout entière" ( article du Constitutionnel). Quel reproche injustifié ! On prend plaisir au contraire à découvrir Carthage et son histoire. Effectivement, l'érudition philologique rend difficile la lecture des premières pages mais un glossaire aide à la compréhension des mots spécifiques à cette civilisation. Bien sûr, l'Histoire présentée dans Salammbô - dont les sources sont Polybe, Hérodote... - est une Histoire fantasmée, une Histoire romantique comme Hugo l'a pu aussi écrire. Elle s'inscrit bien dans le goût de l'orientalisme des romantiques bien que Flaubert s'en défende et déclare dans sa réponse à l'article du constitutionnel : " je n'ai point fait une Carthage fantastique". Ainsi, si Flaubert reconstitue une Carthage historique, c'est la narration qui apparaît comme romanesque.

A cause, peut-être, du procès de Madame Bovary, Flaubert proteste contre "la pointe d'imagination sadique" que lui attribue Sainte-Beuve dans un de ses articles du Constitutionnel... Certes, le roman commence comme un poème parnassien, empli de parfums, de couleurs : " Les flammes oblongues tremblaient sur les cuirasses d'airain. Toutes sortes de scintillements jaillissaient des plats incrustés de pierres précieuses. Les cratères, à bordure de miroirs convexes, mutipliaient l'image élargie des choses ; les soldats se pressant autour s'y regardaient avec ébahissement et grimaçaient pour se faire rire." Puis, au fur et à mesure de la découverte des conflits qui opposent les deux camps, on découvre des lions et des hommes cruxifiés, des hommes mourant de faim, le martyre de Matho dont on ne distingue plus les liens qui le retiennent captifs de ses tendons... C'est péniblement que j'ai fini le roman tant il m'apparaissait comme un château sadien. Salammbô est donc un roman à la fois poétique, historique mais aussi d'une grande férocité.

Flaubert, Salammbô, folio, 530 p.

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23 août 2014

Code 1879/ Depuis le temps de vos pères de Dan Waddell : ISSN 2607-0006

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C'est en regardant, avec plaisir, la série Whitechapel ( l'épisode 4, de la troisième série), que j'ai repensé à la trilogie de Dan Waddell. En effet, Les inspecteurs J. Chandler et Ray Miles utilisent les archives rangées par Ed Buchan qui ne manque pas d'humour noir ( en rangeant les dossiers sur l'Islande, il prévient son patron que s'il trouve des harengs sur les lieux d'un meurtre, il pourra toujours chercher dans les meutres islandais...).

Dans Code 1879, on découvre donc une sombre d'affaire résolue en partie avec l'aide d'un généalogiste : ces cadavres découverts dans des cimetières prennent sens par rapport à un passé lointain. Et c'est Nigel Barnes qui est amené à tisser ces liens entre le passé et le présent. L'amateur-enquêteur est original et sympathique ( l'officier Heather Jenkins tombe même sous son charme), le final spectaculaire et on découvre aussi le milieu des généalogistes...

Nous retrouvons donc Nigel, dans une deuxième enquête Depuis le temps de vos pères : la mort d'une femme et l'enlèvement de sa fille est la nouvelle enquête confiée à l'inspecteur Foster. D'anciennes affaires similaires dans la même famille sont révélées. Quel lien cette affaire entretient-elle avec le passé ? Si dans Whitechapel, le lien entre passé et présent est fortuit ( dans l'épisode dont je parlais la ficelle est des plus grossières : une affaire exactement similaire se serait produite des années antérieures (?), où un jeune patissier éconduit aurait empoisonnée son aimée avec un poison, exactement le même cas que doit résoudre Chandler), ici, le rapport avec l'histoire familiale sera primordiale pour résoudre l'énigme. Comme dans le premier opus, corollairement à l'enquête, nous est racontée l'histoire d'une jeune fille en lien avec l'enquête. Assez vite, le lecteur peut faire les liens entre les deux histoires. Et pourtant, nous continuons la lecture : cette nouvelle aventure de Nigel dévoile de nouvelles informations sur les recherches généalogiques, sur sa vie personnelle, et sur l'église des Mormons. Un ouvrage agréable à lire, en attendant le troisième tome...

Dan Waddell, depuis le temps de vos pères, Babel noir, 392 p. Billet de Soie.

Waddell, Code 1879, Babel noir, 361 p.

19 août 2014

Cathédrales, 1789-1914 Un mythe moderne : ISSN 2607-0006

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Pensant aller voir les cathédrales de Monet et des impressionnistes, j'ai été agréablement surprise par la variété des représentations de cathédrales au XIXeme siècle jusqu'à nos jours, à travers des orientations savantes et romanesques. Monuments très bien représentés dans les oeuvres des romantiques, ils sont intégrés dans le paysage dans les tableaux de Corot ( tableau ci-dessous) ou de Friedrich. Ils alimentent aussi l'imagination de Chateaubriand dans Le génie du christianisme et l'oeuvre graphique et écrite de V. Hugo.

Mais ils font aussi l'objet d'une attention archéologique et on peut ainsi admirer de nombreuses photographies du XIXeme siècle : des relevés dessinés, des lithographies, des témoignages des restaurations de Viollet-le-Duc, montrent un goût pour le gothique. Mais le gothique entre aussi dans les intérieurs : Michelet parle de la "manie du gothique" qui se manifeste dans les arts décoratifs, décor appelé "à la cathédrale". Le goût pour le Moyen-Age apparu en Angleterre dès le XVIIIeme siècle - sans oublier les romans gothiques... - investit les bourdoirs, où on retrouve des croisées d'ogives et des remplages gothiques, mais aussi de menus objets comme des bijoux, encriers, chaises... Le service Du Gueslin fabriqué par la manufacture de Sèvre est particulièrement impressionnant.

Les cathédrales, un mythe moderne ? Plus proche de nous, la dévastation des cathédrales pendant la première Guerre Mondiale, notamment la cathédrale de Reims a servi de propagande. Elles ont continué de fasciner les artistes contemporains comme Picasso ou Brassai, qui a fait une magnifique photographie de Stryge ( photographie ci-dessous). Ainsi au-delà du symbole nationale qu'incarnent les cathédrales, elles ont aussi une dimension spirituelle présente dans les oeuvres oniriques de Moreau et Redon. Une belle exposition, qui donne à voir l'art monumental gothique, à découvrir jusqu'à la fin du mois d'août, à Rouen... Quelques ouvrages sur le sujet pour rester plongé dans l'univers des cathédrales :

- Notre Dame de Paris, Hugo

- De l'architecture allemande, Goethe, 1772

- Génie du christianisme, Chateaubriand.

- Un rêve, Zola

- Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, Nodier

- " La mort des cathédrales", Pastiches et Mélanges, Proust

- Histoire d'une cathédrale, histoire d'un hôtel de ville, Viollet Le Duc

- Connaissance des arts, hors de série, 65 p.

- Exposition du musée des Beaux-Arts de Rouen, 12avril-31 août 2014.

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14 août 2014

Napoléon ou la destinée de Rouart: ISSN 2607-0006

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Avec cet essai biographique, J-M Rouart ne cherche pas à rivaliser avec l'histoire universitaire comme il l'affirme dans ses remerciements. Il souhaite raconter "les échecs secrets" de cet homme, qui a tant fasciné la génération romantique. Mais comment et pourquoi est-il devenu une figure emblématique ? Reprenant les principaux événements de la vie de Napoléon, de sa jeunesse à ses victoires ou défaites, Rouart développe ses pensées à travers diverses suppositions.

En développant les états d'âme du futur empereur, il m'a semblé qu'il en faisait une figure éminemment romantique. La victoire de Marengo, la mort de Desaix, Muiron, et l'hypocrisie de son entourage, lui font éprouver "  un sentiment nouveau pour lui : le désenchantement" (p. 148). C'est ce même sentiment que ressentent Musset, Nerval, qui est la "maladie du siècle"... En 1806, après la victoire d'Austerlitz lorsqu'il se recueille sur la tombe de Frédéric, il décrit la scène comme une page de roman gothique : " il se tient debout dans la crypte obscure ; le halo lumineux d'une lanterne sculpte son visage. On distingue le simple cercueil en bois, recouvert de cuivre où, sur des dalles noires et blanches, repose la dépouille du grand Frédéric. La scène a des allures fantomatiques" (p. 232). Ce dialogue avec des morts illustres n'est pas sans rappeler une scène d'Hernani... La réflexion sur la destinée, ou de "sa bonne étoile", sous-titre de cet essai, semble davantage souligner une construction a posteriori de Napoléon de son propre mythe.

Contemporain de Chateaubriand dont Napoléon admire le style, Rouart fait du Corse un lecteur de Corneille, du Werther, des grands hommes de Plutarque, et il ne cesse de rappeler sa campagne d'Egypte, l'Orient si cher aux romantiques... L'auteur, tout en suivant chronologiquement les différentes campagnes napoléoniennes, rappelle que cette figure politique est un inspirateur des ambitieux de Balzac, il est l'idole de Julien Sorel et peuple de sa présence les plus belles pages des Misérables... Lors des 100 jours, le biographe en fait même un double de l'instable Benjamin Constant !

Ne connaissant pas d'autres biographies de Napoléon, je ne sais où la légende noire commence et où la légende dorée s'arrête... Cependant, Rouart propose une bonne introduction sur le personnage légendaire et historique. Son ouvrage, précis au niveau des faits historiques, chaque événement étant introduit par une date scandant les chapitres, se lit comme un roman ( les dialogues, citations, descriptions de paysages permettant d'alléger la répétition des conquêtes militaires) où perce son admiration pour l'énergie et la volonté de grandeur de l'exilé de Saint-Hélène tout en le dédouanant de sa politique belliqueuse...

Rouart, Napoléon ou la destinée, folio, 400 p.

Merci Anna  et aux éditions folio pour ce partenariat

11 août 2014

Cinna de Corneille : ISSN 2607-0006

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La conspiration de Cinna est familière au public du XVIIeme siècle, inspirée du De Clementia de Sénèque, qui doit servir de miroir de prince pour Néron : Auguste qui s'est imposé par la force en plongeant "son poignard dans le sein de ses amis" est désemparé lorsqu'il apprend que Cinna, petit-fils de Pompée avait organisé un guet-apens. Il est las de devoir faire face aux nombreux complots, qui ne cessent de se multiplier tels les têtes d'une Hydre. C'est alors que sa femme Livie, lui conseille d'essayer la clémence. L'inventio étant connue, comment intéresser le public ?

Tout d'abord par le ressort essentiel du théâtre cornélien : l'admiration et la surprise. Après une scène d'exposition (acte I) qui permet de présenter les acteurs de la tragédie, le noeud de l'intrigue, Auguste convoque Cinna et Maxilien, principaux conjurés : le complot est-il découvert ? Non, Auguste recherche leur conseil sur sa légimité à gouverner. Pour expliquer la conjuration, Corneille a inventé le personnage d'Emilie, amante de Cinna, qui veut venger son père proscrit au début du règne d'Auguste. Cinna doit choisir entre venger le père d'Emilie ou laisser la vie sauve à l'empereur. Maxilien devient le rival amoureux de Cinna : il dénoncera le rôle de celui-ci dans la conjuration.  Ainsi voit-on qu'à la vérité historique, s'est ajoutée une intrigue amoureuse. Que ce soit lors de la fomentation du complot ou de sa découverte, les héros cornéliens font assaut de générosité et de vaillance bien qu'ils soient en péril de mort suscitant ainsi l'admiration.

Cette pièce politique de Corneille, dont le sujet est romain, fait allusion à des événements contemporains du dramaturge : La clémence d'Auguste et l'assujetissement de Cinna qui possède des valeurs aristocratiques n'est pas sans rappeler la mise en place de la monarchie après les troubles de la Fronde.

Et puis, il reste l'elocutio : cette pièce se compose de 1780 vers dans un style soutenu où les maximes abondent ainsi que les morceaux de bravoure comme la longue narration à l'acte I, scène 3 de Cinna présentant la conjuration. On peut ajouter aux fameuses citations " A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" ou " Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point les années" : "Plus le péril est grand, plus doux en est le fruit", " on n'est point criminel quand on punit un crime", " Qui méprise sa vie est maître de la sienne" ou " Je suis maître de moi comme de l'univers"...

Cette tragédie qui semble très régulière au niveau de la forme  - respect de la vraisemblance, unité de lieu, d'action, de temps... -, simple dans son intrigue, présente de très beaux caractères complexes, avec le très romanesque Maxilien, où les nombreux dilemmes et paradoxes soulignent la complexité de l'héroïque Cinna et du magnanime Auguste. Bien que les intérêts et le sujet de la pièce soient éloignés de nous, les vers présentent de " sublimes et divines beautés" comme dirait Mme de Sévigné.

Corneille, Cinna, livre de poche, 177 p.

Lecture commune avec Claudia, Margotte, Océane.

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7 août 2014

Le Lysistrata d'Aristophane : ISSN 2607-0006

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" La guerre sera l'affaire des femmes" : Avant de commencer à lire la pièce mieux vaut connaître le contexte : la guerre du Péloponnèse ( 431-404 av. JC), époque à laquelle Aristophane, fait jouer ses pièces, dure depuis une vingtaine d'années. Athènes subit de nombreuses défaites et après la mort de Périclès ( en 429 av. J.C.), Cléon est bien décidé à mener une guerre à outrance pour imposer l'hégémonie d'Athènes. Pièce politique, Le Lysistrata, met en scène une femme - protagoniste éponyme - qui oblige les femmes à faire la grève du sexe pour amener les hommes à faire la paix. Elle envoie le demi-choeur des vieilles pour assiéger l'Acropole où était tenu l'argent de la cité. Hélas, les femmes présentées de manière misogyne préfèrent "passer à travers le feu", " plutôt cela que le membre". (p. 17)

Le comique du bas corporel fait partie des procédés traditionnels de ce genre mais étendu à toute une pièce, cela devient vite lassant : disons que le rire étant historique, le comique lié aux jeux de mots sur le sexe ne m'ont pas paru risibles. Heureusement qu'il n'est pas question que de sexe et qu'à partir d'une solution fantaisiste - les femmes prenant le pouvoir, ce qui tient bien de l'inversion carnavalesque et qui est inpensable au Veme siècle dans la Grèce ancienne - Aristophane critique la mauvaise gestion politique des Athéniens. La guerre, contre sa rivale Sparte, oblige le pays à payer un lourd tribut, argent et hommes, comme le rappelle Lysistrata dans son dernier réquisitoire contre la guerre : " Puisque je vous tiens, je veux vous faire à tous de justes reproches, vous qui d'une ablution commune arrossez les autels, comme les enfants de la même famille, à Olympie, aux Thermopyles, à Pytho ( combien d'autres lieux, je citerai, si je devais métendre), quand vos ennemis les Barbares sont là en armes, vous tuez des Héllènes et détruisez leurs cités!" ( p. 117).

On peut voir ainsi l'importance du théâtre dans la cité athénienne : la comédie ancienne fait partie des fêtes données lors des Dyonisies, fêtes qui reflétaient la puissance d'Athènes. Cette institution démocratique mettait donc en scène des problèmes d'actualité : Aristophane propose à travers ses comédies, une belle plongée au coeur de la Grèce du Veme siècle av J.C. et cette pièce subversive donne envie de découvrir les autres pièces de cet auteur.

Aristophane, Le Lysistrata, édition en poche bilingue, Les belles Lettres, 188 p.

Participation au challenge mélange des genres de Miss Léo ( Mon bilan)

Lecture commune avec Claudia, Océane et Margotte.

Documentaires pour en savoir davantage sur la guerre du péloponnèse. ou Sparte, une cité exceptionnelle ( history channel) .

20 juillet 2014

Une pause estivale... : ISSN 2607-0006

49-ext-close-up-day1Une petite pause estivale...

Bonnes vacances à tous...

15 juillet 2014

La locandiera de Goldoni : ISSN 2607-0006

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Surnommé le "Molière italien", Goldoni ( biographie sur le site Larousse), avec La Locandiera, a écrit une petite comédie, en trois actes, réjouissante où on retrouve avec plaisir tous les procédés comiques traditionnels comme le comique de caractère avec un protagoniste obsédé par sa haine des femmes, ou un marquis imbu de ses prérogatives nobiliaires.

Pour punir un chevalier misogyne, Mirandoline, une hôtelière, décide de le séduire. Elle use de tous les artifices féminins : évanouissements, propos flateurs... Dans son avis au lecteur, Goldoni parle de cette pièce en ces termes : ce serait une pièce " la plus morale, la plus utile, la plus instructive". Quelle est la leçon de cette pièce ? Empêcher les hommes de tomber dans les " périls" de la séduction féminine ? Cependant, on voit bien que le Chevalier n'est nullement guéri de son défaut et en parlant des " funestes pouvoirs" des femmes, il semble encore plus l'ennemi des femmes qu'au premier acte. Son défaut n'en est que plus renforcé ! Quant à la manipulatrice, elle s'en tire à bon compte. Peut-on encore parler de morale ?

Cela a le mérite de souligner la complexité de cette pièce, dont les caractères ne sont pas facilement cernables comme dans la commedia dell'arte. Justement, l'édition folio bilingue présente quelques pages en couleurs, représentant le théâtre de l'époque, reproduisant des tableaux des pièces de Goldoni.

A ces illustrations  s'ajoutent des commentaires sur la réforme goldonienne : l'apprentissage des textes par les acteurs qui remplace les lazzi, l'absence des masques, et l'abandon des types. C'est d'ailleurs ce théâtre réformé qu'il met en scène dans La locanderia. A la fin de l'acte I, deux comédiennes apparaissent. Quel est leur rôle ? Quel lien avec l'intrigue ? Elles feignent d'être des dames nobles mais leur jeu issu de la commedia dell' arte est si caricatural que Mirandoline les démasque vite. Leur attitude et propos s'opposent au naturel de Mirandoline qui joue les séductrices avec tant de vraisemblance que le Chevalier tombe dans son piège : ne peut-on pas y voir le triomphe du théâtre réformé de Goldoni ? Assurément une pièce très enlevée qui fait découvrir le théâtre italien du XVIIIeme siècle et qui vaut bien à Goldoni son surnom de " Térence de l'Adriatique".

Goldoni, La Locandiera, Folio bilingue, 284 p.

Participation au challenge mélange des genres de Miss Léo ( mon bilan)

Lecture commune avec Claudia et Margotte.

7 juillet 2014

Au mois de juillet 2014... ISSN 2607-0006

 Voilà un mois très romanesquement anglais qui se termine... Le mois m'a paru très court et mon bilan sera bref : Darwin de Mouret, La maison aux miroirs de Connoly, et Comme il vous plaira de Shakespeare. Crissylda propose un récapitulatif ici,Titine revient sur ce mois bien trépidant ici, Lou fait le bilan là : le billet récap 2014. Parmi cette faramineuse liste, je retiendrai les romans de Mary Hooper comme Velvet dont parle Alice, The disgrace of Katy Grey sur le site de Miss léo,ou Waterloo necropolis, chroniqué par Lili, Le livre des snob de Tackeray que présente L'irrégulière, mais aussi toujours sur le nobisme : suis-je snob de V. Woolf ( chez Margotte). Et on ne saurait parler de mois anglais sans Dickens, donc j'espère pouvoir lire bientôt le Mystère d'Edwin Drood chroniqué par Shelbylee.

Memoires-dHadrien-suivi-de-carnets-de-notes-de-Memoires-dHadrien

Mais comme un nouveau mois s'annonce, je vous fait part des lectures communes prévues avec claudia. N'hésitez pas à nous rejoindre :

- 15/07 : La locandiera, Goldoni, avec Claudia et Margotte

- 7/ 08 : Le Lysistrata, Aristophane avec Océane, Claudia et Margotte

- 11/08 : Cinna, Corneille avec Océane, Claudia et Margotte

- 23/08 : Eneas :

- 10/09 : Les mémoires d'Hadrien, Yourcenar, avec AlisonOcéane, Claudia et Margotte

- 30/ 09 : De la servitude volontaire ou contr'un, La Boétie avec Océane PralineClaudia et Margotte

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Quelques achats sont venus grossir ma PAL titanesque... Merci Shebylee pour Le dieu de new York !
 J'ai aussi acheté Le gendarme est sans pitié de Courteline, La cagnote de Labiche, Le docteur Thorne de Trollope, Les pensées de Marc Aurèle, Grandeur et décadence de Rome, de Marcel Le Glay, La philosophie antique, de Dumont. Bonnes lectures estivales !

29 juin 2014

L'école des femmes de Molière : ISSN 2607-0006

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"Epouser une sotte est pour n'être point sot" (I, 1) :

Craignant d'être cocufié, Arnolphe - décidé à se faire appeler monsieur de la Souche pour s'anoblir - décide d'élever Agnès loin de la société et du savoir. Il craint toutes les précieuses de son temps : "Femme qui compose en sait plus qu'il ne faut" selon lui. La tenant cachée,il lui enseigne la soumission, tout en montrant l'importance des hommes : "du côté de la barbe est la toute puissance" ( III,2). Cependant, toutes les ruses et les maximes de ce vieux barbon ridicule sont inefficaces face à l'amour véritable qu'éprouve Agnès pour Horace. Peu à peu, le ridicule bourgeois voit ses plans s'effondrer face à une jeune fille qui s'impose comme un véritable sujet.

" car il faut craindre un revers de satire" (I,1) :

La caricature du bourgeois monomaniaque est fréquente dans le théâtre moliéresque. Arnolphe est aveuglé, emblématisé dans le dialogue de sourd avec un notaire, et incapable de changement. Son langage se révèle en inadéquation avec la situation lorsqu'il parle comme Sertorius ( Corneille) du thème de cocuage. Les grandes règles théorisées par les doctes classiques sont respectées : unité de temps, de lieu et d'action. Cependant, L'école des femmes suscite une vive polémique, mise en scène dans La critique de l'école des femmes. Quels sont les griefs adressés à Molière ? Il aurait tenu des propos scandaleux en parodiant des sermons, les 10 commandements, et surtout la scène du "le" provoque la colère des prudes : de nombreux propos grivois choquent le public. L'évolution d'Agnès va aussi à l'enconte des types comiques. Ce personnage complexe permet au dramaturge de démontrer que l'ignorance n'est pas consubstantielle à la femme mais liée à son manque d'éducation. Cette pièce, qui apparaît très conventionnelle, trangresse en fait les genres : l'auteur du Misanthrope fait côtoyer dans cette pièce des scènes dignes de la commedia dell arte tout en parlant de sujet sérieux comme les moeurs de la société, notamment la question de l'éducation de la femme et de sa place dans la société.

"Le moyen d'empêcher ce qui fait du plaisir" ?

Alors que dans Les précieuses ridicules ou Les Femmes savantes, Molière ridiculise les précieuses, il défend dans L'école des femmes leurs idées progressistes sur la question de l'amour, perçu comme une valeur civilisatrice de l'éthique mondaine, de l'éducation  et la sujétion aux hommes. Mais Paul Bénichou dans Morale du grand siècle souligne la position très originale de Molière en parlant de sa " liberté morale" : il promeut le désir naturel, ce que ne prône pas les précieuses. en outre, le théâtre de Molière n'est pas normatif : adhérant à l'éthique de la société galante, ne fait-il pas dire à Dorante dans La critique de l'école des femmes : "Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire". Et il est bien vrai que l'école des femmes est aussi plaisant à lire que La critique de l'école des femmes, Molière ayant ennobli sa comédie sérieuse d'une copia d'effets comiques.

Molière, L'école des femmes, Garnier Flammarion.

Bénichou, Morale du grand siècle, 210-294 p.

Lecture commune avec Claudia. Participation au challenge mélange des genres de Miss Léo ( mon bilan ici).

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