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1001 classiques

26 juin 2019

En attendant le jour de Michael Connely : ISSN 2607-0006

 

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Couverture : Rémi Pépin 2019 – Photographies : Silhouette © Mark Owen / Arcangel Images ; Lune © Garry Solomon / Getty Images ; Los Angeles © Naphat Photography / Getty Images

Après les enquêtes d'Harry Bosh, Connely nous présente une nouvelle héroïne dans En attendant le jour. Renée Ballard est une jeune femme, qui a été reléguée au quart de nuit du commissariat d'Hollywood. Son ancien coéquipier l'avait accusée de fautes graves pour pouvoir monter les échelons. Mais cela n'empêche pas Ballard de garder son intégrité et son audace même dans un service sans prestige. Lorsqu'elle découvre qu'une prostituée transgenre a été sauvagement agressée et probablement enlevée au préalable, elle décide de garder l'affaire malgré les réticences de ses coéquipiers et de ses supérieurs. Dans la même soirée, une autre affaire retient son attention : une fusillade dans un club. Renée, va-t-elle réussir à résoudre ses enquêtes ?

Toujours lu avec brio par Caroline Klaus, (Vous pouvez écouter un extrait sur le site audiolib), ce livre audio nous fait découvrir une nouvelle policière digne d'Harry Bosh. Intelligente, perspicace, Renée Ballard reste intègre dans un milieu où règne la corruption des policiers ou celle des journalistes. Audacieuse, elle ne recherche pas la gloire mais un peu plus de justice, rejoignant par là le caractère d'Harry Bosh. Tout au long de l'enquête, on en apprend davantage, dans ce premier opus, sur sa vie personnelle, son enfance malheureuse, ses amours pour en faire un personnage attachant.

Quant à l'enquête, le suspense est bien maintenu et l'auteur ménage quelques rebondissements. Elle paraît un peu millimétrée et trop huilée mais l'intérêt réside dans la mise en place du caractère du personnage principal, son courage et sa manière de résoudre ses deux affaires.

Quoi de nouveau dans ce roman policier ? En bon ancien journaliste et romancier, Connely sait intégrer les aspects nouveaux de la société contemporaine en utilisant les sms, les portables, des avancées scientifiques. En outre, il aborde obliquement la place des femmes dans la société ou celle des transgenres. Toutefois, il a gardé cette écriture détaillée, précise pour parler des démarches judiciaires et policières de Ballard. N'hésitez pas à découvrir la nouvelle héroïne de Connelly et on attend avec impatience de nouvelles enquêtes.

En attendant le jour, Michael Connely, Audiolib, 11h08, lu par Caroline Klaus, Audiolib, 2019.

Autres romans : Sur un mauvais adieu,

Partenariat Audiolib.

Sur le web : Ferniot, En attendant le jour, Télérama, mis en ligne le 26 mars 2019. URL : https://www.telerama.fr/livres/en-attendant-le-jour,n6190288.php

L'invité d'Ali Baddou. 2019. "L'écrivain américain Michael Connelly : " J'essaie de raconter des histoires qui sont justes, vraies". Diffusée le 29 mars 2019.

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24 juin 2019

Godzilla II - Roi des Montres de Michaël Dougherty : ISSN 2607-0006

GODZILLA 2 Bande Annonce VF (2019) NOUVELLE, Roi des Monstres

Si vous n'avez encore jamais vu de films sur l'un des plus célèbres monstres de la pop culture qu'est devenu Godzilla, vous pouvez regarder la vidéo du ciné-club de M. Bobine qui est une bonne introduction à la franchise : le vidéaste remonte aux origines du monstre radioactif, analyse l'évolution de la franchise et détaille les caractéristiques de Godzilla. L'article du Point pop permet aussi de connaître les précédents films.

Le long-métrage de Michael Dougherty prolonge celui de G. Edwards qui était un blockbuster où le Kaiju apparaissait aussi important que le destin d'un soldat américain et de sa petite famille, qui nous importe peu. Le nouveau réalisateur a décidé de mettre en avant les monstres, de les humaniser - car le monstre légendaire décide de sauver les hommes et la planète - et de faire bêtifier les hommes. Après les dégâts causés par le réveil de Godzilla et des Mutos dans le premier opus, une scientifique décide de réveiller d'autres monstres pour qu'ils dévastent la planète car là où ils passent, la végétation reprend ses droits.

Evidemment, les effets numériques rendent bien hommage à Godzilla, comparé aux monstres nanardesques dans les précédents films de la Toho comme dans Godzilla vs Mechagodzilla. On peut toutefois regretter que les prouesses numériques soient les seuls atouts de ce film où on s'ennuie par intermitence avec des passages ridicules avec les dialogues vides des hommes ou qui expriment un espèce de blougi-boulga écologique. Godzilla II - Roi des Monstres n'est qu'une succession de scènes de destruction entre des titans disproportionnés. A part des effets spéciaux monstres, à quoi rime tout ça ? On est loin du symbolisme du traumatisme nucléaire des premiers opus et on attend avec impatience la sortie - non pas du troisième opus de la franchise, teasé dans une scène post-générique, de Godzilla vs Kong - de Shin Gozilla en France.

Godzilla vs mechagozilla, Jun Fukuda, 1974

Godzilla le roi des monstres, Michael Dougherty, 2019, 2h12, Kyle Chandler, Vera Farmiga, Millie Bobby Brown 

Godzilla de Gareth Edwards, Netflix, 2014, avec Aaron Taylor-Johnson, Bryan Cranston, Ken Watanabe

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Warner Bros France

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Warner Bros France

Sur le web : No ciné. 2019. "Godzilla pourrait-il exister dans la vraie vie ?". Animée par Perrine Quennesson. Diffusée le 29 mai 2019.

Hauguel Bastien, " Godzilla" : 6 films pour s'initier à la franchise", Le point pop, mis en ligne le 29 mai 2019. URL : https://www.lepoint.fr/pop-culture/cinema/godzilla-6-films-pour-s-initier-a-la-franchise-29-05-2019-2315756_2923.php

Dubois Léa, "Godzilla II - Roi des monstres : un titan pour les gouverner tous et dans les ténèbres les lier", Le figaro.fr, mis en ligne le 29 mai 2019. URL : http://www.lefigaro.fr/cinema/godzilla-ii-roi-des-monstres-un-titan-pour-les-gouverner-tous-et-dans-les-tenebres-les-lier-20190529

23 juin 2019

La maison Nucingen de Balzac : ISSN 2607-0006

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http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-classique/La-Maison-Nucingen-precede-de-Melmoth-reconcilie

Le titre de ce court récit renvoie à un personnage important de La comédie humaine, personnage de banquier emblématique du monde balzacien et éminemment réaliste : " Nous vivons dans un temps très-ami de la fraude" ( p. 133) ou " la prospérité de la maison Nucingen est un des phénomènes les plus extraordinaires de notre époque" (p. 138). Le narrateur de "La maison Nucingen" entend à travers la cloison des salles d'un cabaret une conversation tenue par quelques jeunes gens. Quel lien entre l'histoire de Nucingen et la conversation de journalistes rassemblés dans un salon ? le lecteur est projeté in medias res dans une dicussion à bâtons rompus entre quatre personnages bien connus tels que Blondet le journaliste ou Bixiou. Ils évoquent bien la fortune et le destin de Rastignac mais cela reste encore bien éloigné de notre sujet, Rastignac n'étant que l'amant de la femme de Nucingen. On pense qu'ils vont enfin parler du banquier mais c'est pour aussitôt s'engager dans une autre digression en racontant la vie de Godefroid de Beaudenord.

Poursuivons ! Certes Beaudenord se rend à un bal donné par Nucingen où il rencontre son ami Rastignac. Et Nucingen ? Va-t-on parler du personnage éponyme et de sa fortune ? Tout en devisant sur les amours du jeune homme avec Isaure d'Aldrigger, fille d'un banquier vertueux mais ruiné, reçu chez Nucingen, nos jeunes gens semblent bien avoir oublié leur sujet principal. Quant à Balzac, il donne à voir le spectacle de ses contemporains lors d'un enterrement ou lorsqu'ils courtisent des femmes : " Je connais le monde : jeunes filles, mamans et grand'mère sont toutes des hypocrites en démanchant sur le sentiment quand il s'agit de mariage. Aucun ne pense à autre chose qu'à un bel état." (p. 179).

 Enfin, Couture, l'un des convives, se préoccupe lui aussi de Nucingen : " Je ne vois pas, dans toutes ces toupies que tu lances, rien qui ressemble à l'origine de la fortune de Rastignac" ( p. 179) ! Ce récit est peu romanesque mais très théâtral, constitué d'une seule conversation, d'un long dialogue. Tout en amenant ses auditeurs à découvrir les origines de la constitution de la fortune de Nucingen ( dans les dernières pages), l'auteur en profite pour mener ses réflexions sur la charlatanerie généralisée et la faillite des lois et de l'honnêteté...  Le récit décousu, des longs passages sur le système économique et ses mille personnages font de "La maison Nucingen" une conversation assez peu compréhensible, même si on perçoit très bien " l'omnipotence, l'omniscience, l'omniconvenance de l'argent" (p. 130).

"Les lois sont des toiles d'araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites" (p. 209) : ce n'est que dans les dernières lignes, qu'en virtuose, Balzac nous permet enfin de saisir tous les fils de la conversation tissés par la verve et les mots d'esprit des quatre journalistes. Un roman à découvrir malgré les passages difficiles sur les spéculations financières...

Balzac, La maison Nucingen, précéde de Melmoth réconcilié, Folio, Saint-Amand, 1989.

LC avec Cléanthe et Miriam. La prochaine LC est programmé pour le 22 juillet avec la lecture de Louis Lambert. Après une pause en août, nous reprendrons le 22 septembre avec le roman Ursule Mirouët.

La compagnie des auteurs. 2018. "Un temps très-ami de la fraude. Autour de la Maison Nucingen de Balzac". Animée par Matthieu Garrigou-Lagrange. Diffusée le 27 août 2018. 

La comédie humaine :

1. Scène de la vie de province : Eugénie Grandet; Le cabinet des antiques

2. Scène de la vie parisienne : "La maison Nucingen", " Pierre Grassou", La fille aux yeux d'or, La duchesse de Langeais

3. Etude philosophique : "L'élixir de longue vie", La peau de chagrin; L'auberge rouge, L'Elixir de longue vie

4. Scène de la vie privée :"Le bal de Sceaux", Mémoires de deux jeunes mariées, Le père Goriot, La bourse, Gobseck, Le colonel Chabert

5. Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée

19 juin 2019

La salle de bal d'Anna Hope : ISSN 2607-0006

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http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio/La-salle-de-bal

Après le joli succès du chagrin des vivants, Anna Hope a écrit La salle de bal, qui, sous ce titre romanesque, aborde une réalité historique qui l'est moins. Le début chaotique, avec des phrases brèves, non verbales, nous fait entrer dans l'histoire de trois personnages, en 1911, en Irlande. Des sous-titres, les noms des personnages, introduisent trois points de vue différents. Ella :  jeune fille pauvre, elle travaille depuis l'âge de huit ans dans les fillatures. Progressivement, on découvre qu'elle est battue et abandonnée dans l'asile de Sharston. John : après avoir perdu sa fille et sa femme, John devient miséreux et se rend dans cet asile. Charles : Médecin médiocre, pour échapper à sa famille, il devient auxiliaire infirmier tout en jouant du violon comme thérapie pour les patients de l'asile. Mais attiré par les idées d'eugénisme, il développe des théories de l'homme supérieur en observant les indigents et les aliénés de l'asile.

 La plume de la romancière est aussi agréable et fluide à lire que celle de Tracy Chevalier, par exemple, mais elle présente les mêmes travers que cette dernière. Ellle inclut aussi l'histoire de ses personnages principaux dans le contexte historique de l'époque. Quel regard porte-t-on sur les aliénés ? Comment les soigne-t-on ? Le quotidien du personnel et des indigents, le bal thérapeutique, les activités des aliénés sont développés minutieusement. On peut regretter que le mélodrame sentimental prenne le pas sur l'aspect historique.

Dans ses remerciements et la note de l'auteur, H. Hope rend hommage à son grand-père qui a été interné dans cet hôpital. Elle décrit ses sources et la genèse de son roman. Elle explique aussi qu'elle a fait de nombreuses recherches en s'appuyant notamment sur les archives en ligne sur le site http://www.highroydshospital.com et les photographies de Mark Davis. De même, elle s'est intéressée à l'histoire de l'eugénisme et cite des documents fidèlement comme la Eugenics review. Le développement de ses recherches dans les archives de l'hôpital ou sur les fileuses de l'époque est bien plus passionnant que le roman lui-même.

Hope Anna, La salle de bal, Folio, Barcelonne, Mars 2019, 439 p.

Partenariat Folio.

Sur le web : Lu par Book'ing, Tania,

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http://www.highroydshospital.com

17 juin 2019

Que dios nos perdone/ El reino de Rodrigo Sorogoyen : ISSN 2607-0006

QUE DIOS NOS PERDONE Bande Annonce (Policier, Thriller - 2017)

EL REINO Bande Annonce (2019) Policier

Que Dios nos perdone et El reino appartiennent à deux genres différents mais ils montrent les préoccupation de son réalisateur Sorogoyen. Un duo d'inspecteurs, en apparence assez traditionnel, avec un flic méticuleux, Luis, et un autre impulsif et violent, Javier, arrivent à lier plusieurs affaires de viol de femmes âgées. En période de troubles - pendant les émeutes à Madrid, l'été 2011 - la brigrade est particulièrement en difficulté, notamment à cause de la méfiance des gens envers les policiers corrompus et de la méticulosité de l'assassin. Au sein même de la brigade, les policiers sont loin d'être unis, créant des tensions propres à faire échouer leurs recherches.

Quant à El reino, on suit pas à pas un politicien Manuel Lopez-Vidal dont on ignore tout, notamment son parti et ses réelles fonctions. Assez vite, un des membres du parti est arrêté pour corruption mais c'est lui qui va être poussé vers la sortie. Supportant mal cette mise à l'écart, il décide de dévoiler une affaire qui implique la participation de personnages haut placés de tout milieux, presse, politique, entreprises... Mais chacune de ses tentatives échoue.

Si Que dios nos perdone ne présente pas de qualités visuelles particulières, ayant plutôt l'apparence d'un épisode policier de qualité comme on en trouve des douzaines à la télévision, en revanche, El reino utilise de nombreux plans séquences : on suit, au-dessus de l'épaule du personnage principal, l'engrenage politique, créant ainsi une tension incroyable et donnant un aspect documentaire. On éprouve une complète empathie pour cet homme corrompu que nous suivons à travers sa chute.

Cependant, là où le réalisateur réussit à hisser ses films vers une réflexion plus complexe, c'est dans la mise en scène de l'ambiguité des mécanismes humains : dans Que dios nos perdone, le policier qui paraît rigoureux et intègre, Luis, révèle une autre face de sa personnalité qui se manifeste progressivement à travers sa propre relation aux femmes et au meurtrier, illustrant parfaitement la citation souvent évoquée de Nietzsche : "Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi." La même problématique apparaît dans El reino : le héros a -t-il raison de se venger ? Veut-il dénoncer la corruption dans de louables intentions comme il l'affirme face à une journaliste ? Finalement qu'importe le genre, Sorogoyen universalise son propos en refusant tout manichéisme.

Que dios nos perdone, Rodgrigo Sorogoyen, 2h05, avec Antonio de la Torre, Roberto Alamo, Javier Pereira

El reino, Rodgrigo Sorogoyen, 2019, (2h 11min) avec Antonio de la Torre, Monica Lopez, Josep Maria Pou

Sur le web : Sotinel Thomas, ""Que dios nos perdone" :  serial killer de série", Le monde, mis en ligne le 09 août 2017. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2017/08/09/que-dios-nos-perdone-serial-killer-de-serie_5170288_3476.html

Le masque et la plume. 2019. "El reino de Rodrigo Sorogoyen". Animée par Jérôme Garcin. Diffusée le 21 avril 2019.

No ciné, El reino, immersion totale

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12 juin 2019

Gunnm, volume 1 : Un ange de rouille (édition orginale) de Yukito Kishiro : ISSN 2607-0006

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GUNNM ©Glénat 2019 Kishiro

 Vous n'avez jamais lu de manga ? Vous pouvez faire l'amusant et superficiel test proposé par Le monde pour trouver celui qui vous convient ou simplement choisir un manga culte comme Gunnm, paru de 1990 à 1995, adapté en 2019, sous le titre d'Alita : Battle Angel par Robert Rodriguez.

Le tome 1 de Gunnm (l'édition originale), manga de science-fiction, un seinen, nous fait pénétrer dans l'univers du cybernéticien Ido : il vit sur terre, devenue la décharge de Zalem, une ville flottante ( illustration 1). En recherchant des pièces détachées pour réparer des cyborgs, des androïdes et des robots, il découvre un cyborg féminin amnésique dont le buste est en parfait état. Il décide de la réparer et de la prénommer Gally. Assez vite cette dernière découvre qu'Ido est aussi chasseur de prime, tuant les criminels, remplaçant ainsi une police qui a déserté les lieux. Gally décide elle  aussi de devenir une " hunter-warrior" lorsqu'elle sauve la vie d'Ido en utilisant naturellement le panzerkunst, une technique d'art martial très aboutie venue de Mars. Après avoir eu le corps détruit dans un combat contre un redoutable cyborg Makaku, Ido répare le corps de Gally en lui donnant celui d'un Berserker - en référence à la mythologie nordique.

Ainsi résumé, Gunnm 1 ne semble qu'une succession de combats et pourtant, ce manga arrive à créer intelligemment un univers cyberpunk avec une vision pessimiste du futur de la terre qui interroge les utilisations des intelligences artificielles. Kuzutetsu, la ville décharge, fourmille de détails et de lieux qu'on découvre avec curiosité, grâce à des dessins aux traits fins et aux arrières-plans souvent grisés ou blancs, permettant une meilleure compréhension des images. Le mangaka déploie tout un univers construit de manière cohérente mais qui mêle plusieurs mythologies et références culturelles.

La violence omniprésente - corps désarticulés, cyborg mangeur de cercelles, hectolitres de sang - dans ce manga n'est pas gratuite (planches 2 et 3). Elle est toujours motivée de manière psychologique : si Ido travaille comme chasseur de prime par " goût du sang", d'autres comme Gally, veulent défendre les innocents. La brutalité des personnages est celle aussi du monde dans lequel chacun tente de survivre.

Si l'on continue à lire cette histoire malgré la déchaînement de violence, c'est ausi pour ses personnages attachants avec Ido, qui ne manque pas d'humour, qui se conduit comme un père attentif et (très) compréhensif pour sa fille cybernétisée, qui ressemble d'abord à une adolescente révoltée mais qui évolue bien vite vers une jeune femme aux choix éthiques personnels. Dans sa quête d'identité, Gally se montre beaucoup plus humaine que bien des humains. Après avoir lu ce premier tome, on est évidemment tenté de découvrir la suite des aventures de cette héroïne iconique courageuse et audacieuse.

 Kishiro Yukito, Gunnm, volume 1 : Un ange de rouille, ( 9 volumes, série terminée) Glénat, Italie, mars 2019, 224 p.

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Illustration 1 : GUNNM © Glénat 2019 Kishiro

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Pl 2 et 3 : GUNNM © Glénat 2019 Kishiro

Sur le web : Paquot Valentin, "Le petit lexique indispensable du manga", Le figaro, mis en ligne le 1 janvier 2017. URL : http://www.lefigaro.fr/bd/2017/01/01/03014-20170101ARTFIG00008-le-petit-lexique-indispensable-du-manga.php

Croquet Pauline, "Du Japon à Hollywood : "Gunnm" le manga cyberpunk culte", Le monde, mis en ligne. URL : https://www.lemonde.fr/pixels/visuel/2016/10/19/du-japon-a-hollywood-gunnm-le-manga-cyberpunk-culte_5016474_4408996.html

10 juin 2019

Parasite de Bong Joon Ho : ISSN 2607-0006

Le trailer de Parasite réalisé par Bong Joon ho

Qu'est-ce qu'un "parasite" ? Dans un sens biologique ou dans son sens courant, le parasite est celui qui profite de son hôte. On va donc voir une famille de pauvres coréens, les Ki-Taek, être peu à peu embauchés chez la riche famille Park, dont la mère est crédule et hystérique. Le frère, sans diplôme, est d'abord employé comme professeur d'anglais. Il introduit sa soeur, qui se fait passer pour une cousine d'un jeune étudiant connu de la famillle et pour une étudiante d'art. Enfin, le père deviendra le chauffeur et la mère gourvernante. Lorsque la famille aisée part pour une semaine de camping fêter l'anniversaire du fils, tous se réunissent dans la maison pour se réjouir et dîner. Là, ils vont faire un glauque découverte. Vont-ils réussir à poursuivre leur arnaque ? La cohabitation avec la famille Park est-elle possible ?

Comme dans ses films précédents - The host, Memories of murder, - Bong Joon Ho reprend un genre, celui du home invasion pour le politiser en en faisant à la fois une comédie et une satire sociale. Les moments comiques sont cumulés dans une première partie et repose sur l'acteur Song Kang-ho, jouant le rôle du père, se cognant aux meubles dans leur appartement exigü ou répétant son rôle pour être embauché. Personnage burlesque et maladroit, ce sont ses enfants qui mettent en place l'arnaque. Peu à peu, l'atmosphère s'assombrit et le comique laisse la place à l'angoisse.

La satire de la fracture sociale  - déjà présente dans Le transperceneige - est très bien menée dans la métaphore du haut et du bas. Le travelling descendant introduit le logement des Kim, en sous-sol alors qu'une ascension mène à la famille. La demeure des Park elle-même comporte aussi cette même division didactiquement traitée. Quelle place pour ceux qui cherchent à fuir la misère ?

Ce film, qui a reçu la palme d'or au festival de Cannes en 2019, n'est pas le meilleur du réalisateur avec un rythme lent et la recherche de twists. L'histoire soulève les questions de l'entraide entre classe sociale démunie, les relations familiales et le mépris de classe, questions qui reflètent une réalité où la richesse est rassemblée dans les mains de quelques-uns et où les plus démunis deviennent plus nombreux. La richesse thématique ne fait pas oublier la vision terrifiante, qui manque quelque peu de subtilité, dans laquelle le spectateur sombre progressivement. Comme dans Get out de J. Peele, l'horreur s'allie à la satire pour provoquer un certain malaise. 

Parasite de Bong Joon Ho, avec Song Kang-ho, Cho Yeor-jeong, 2 h 12, 2019.

Filmographie : The Host, Le transperceneige, Okja, Memories of murder

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Photo The Jokers. Les Bookmakers

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Photo The Jokers. Les Bookmakers

Sur le web : billet de Trillian, Dasola,

Guédot Valérie, "Parasite de Bong Joon Ho, France inter, mis en ligne le 6 mai 2019. URL : https://www.franceinter.fr/cinema/parasite-de-bong-joon-ho-sortie-en-salles-le-5-juin-2019

Serrell Mathilde, "Pourquoi "Parasite" peut devenir la Palme la plus populaire depuis "Pulp Fiction" ?", le billet culturel, Le monde, mis en ligne le 6 juin 2019. URL : https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/le-billet-culturel-du-jeudi-06-juin-2019

Gesbert Olivia, "Les deux Corées de Bong Joon-ho", La grande table culture, Le monde, mis en ligne le 23 mai 2019. URL : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/les-deux-coree-de-bong-joon-ho

Guedj Phillipe, "Bong Joon-ho : les bottes secrètes du cinéaste de "Parasite", Le point pop, mis en ligne le 6 juin 2019. URL : https://www.lepoint.fr/pop-culture/cinema/bong-joon-ho-les-bottes-secretes-du-cineaste-de-parasite-06-06-2019-2317298_2923.php

6 juin 2019

Asako I & II d'Hamagushi : ISSN 2607-0006

ASAKO I&II Bande Annonce (2019) Romance

Asako I & II, vous fera imanquablement penser à Sueurs froides d'Hitchcock. En effet, une jeune femme, Asako, tombe immédiatement sous le charme de Baku, lors de leur première rencontre. Cependant, un jour, Baku disparaît. Deux ans plus tard, à Tokyo, Asako rencontre Ryohei, un homme d'affaire, qui ressemble trait pour trait à Baku.  Instantanément séduite, elle hésite à engager une relation basée sur des faux-semblants. Cinq ans plus tard, Baku, devenu manequin, revient. Va-t-elle quitter son amant pour partir avec Baku ? Aime-t-elle réellement Ryohei ?

La manipulation des personnages dans le film d'Hitchcock est menée dans un mouvement réflexif. Le personnage féminin est regardé par un observateur, qui pourrait être le spectateur. La mise en scène dont elle fait l'objet lors de la deuxième rencontre avec le narrateur crée un parallèle avec le travail du cinéaste. Le travail du réalisateur de Fenêtre sur cour est dominé par la spirale tandis que celui de Hamagushi est dominé par le cadre - les personnages se rencontrent lors d'une exposition de photos - et le double. Deux personnages masculins, deux rencontres amoureuses, deux voyages de nuit...

Devant un fleuve en crue, Ryohei déclare : " c'est sale". Mais Asako trouve ce même paysage "beau". Et c'est cette beauté que filme talentueusement Hamagushi : beauté des pas qui s'avancent vers l'autre, beauté des gestes du quotidien pour venir en aide aux sinistrés des séismes, beauté des êtres qui n'hésitent pas à s'aimer malgré les trahisons et les mensonges. Formellement magnifique, Asako I & II filme merveilleusement et délicatement le sentiment amoureux, sans sentimentalité mais avec des ellipses et des silences.

Asako I & II, Hamagushi, avec Masahiro Higashide et Erika Karata, 2019

Sueurs froides, Hitchcock, 1958, 2h09 min, avec James Stewart, Kim Novak, et Barbara Bel Geddes

asako-1-2-e1546595825955-1050x627Erika Karata et Masahiro Higashide dans « Asako I & II », Hamaguchi. ART HOUSE DISTRIBUTION

vlcsnap-2019-01-27-11h51m51s749Erika Karata dans « Asako I & II », deRyusuke Hamaguchi. ART HOUSE DISTRIBUTION

0793734Erika Karata dans « Asako I & II », deRyusuke Hamaguchi. ART HOUSE DISTRIBUTION

Sur le web : Dasola

Rauger J-F, "Sueurs froides", Le monde, mise en ligne 31 juillet 2009. URL : https://www.lemonde.fr/vous/article/2009/07/31/sueurs-froides_1224532_3238.html

Les chemins de la philosophie. 2018. "Philosopher avec Hitchcock (2/4) : sueurs froides". Animée par Adèle Van Reeth. Diffusée le 27février 2018.

Mandelbaum Jacques, "Asako I & II" : éternel recommencement amoureux", Le monde, mis en ligne le 1 janvier 2019. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/12/31/eternel-recommencement-amoureux_5403795_3476.html

3 juin 2019

Instincts, exposition de Mika : ISSN 2607-0006

Connaissez-vous l'univers du street art ? Vous pouvez découvrir à l'Institut Magrez "Instincts", une exposition autour d'une vingtaine d'oeuvres de Mika. "L'instinct" du titre de cette exposition fait référence à sa manière de créer. Ci-dessous ( photographie 1), vous pouvez voir un de ses croquis, qui lui viennent spontanément, instinctivement. Son style présente d'ailleurs des coulures, des mélanges et des imperfections.

Mais "l'instinct", c'est aussi celui de la nature qui reprend ses droits. Emblématisé par un oiseau (photographie 2), l'instinct naturel se propage d'une oeuvre à l'autre, ou à l'intérieur de ses toiles dans la cohabitation de l'humain et d'une nature florale ou animale. Elle envahit les visages, ou elle est symbolisée par des dieux ( photographie 3 et 4), comme Poséidon ou Arthémis. Le camaïeu de couleurs unit ces grands visages anguleux, comme des masques de la commedia dell arte, à une nature luxuriante.

Laissez-vous transporter par ces gigantesques têtes aux regards songeurs envahis d'une végétation majestueuse (photographie 5)...

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Sans titre, stylo sur papier encadré, 2017 -  Centre culturel Bernard Magrez © MIKA

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Sans titre, stylo sur papier encadré, 2017 -  Centre culturel Bernard Magrez © MIKA

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Poséidon, 2019, Acrylique sur toile -  Centre culturel Bernard Magrez © MIKA

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La nymphe d'Hélicon, 2019, Acrylique sur toile Centre culturel Bernard Magrez © MIKA

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Habitat 1, 2018Acrylique sur toile Centre culturel Bernard Magrez © MIKA

 

Instincts, Exposition de Mika

16 rue Tivoli

Institut Magrez

33000 Bordeaux

du 28 mai au 1 septembre 2019

 

1 juin 2019

C'est le premier, je balance tout (mai 2019) : ISSN 2607-0006

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1) LES CHRONIQUES VENUES D'AILLEURS

Cannes, ce sont le tapis rouge et les robes de soirée, les stars et les paillettes, mais en 2019, ce sont aussi des films politiques, beaucoup de films politiques. Retrouvez le palmarès dans l'article du Monde : festival de Cannes : la palme d'or revient à "Parasite", le grand prix à "Atlantique". C'est avec ravissement que je constate que la palme revient à Bong Joon Ho, le cinéaste coréen qui a réalisé The Host, Snowpiecer, Memories of murder ou Okja.

Cannes 2019 : le palmarès du festival en images

2) MES FILMS

1805481The-Dead-Don-t-Die-de-Jim-Jarmusch-la-critique-du-film-d-ouverture-du-Festival-de-Cannesel-reino

DÉTECTIVE PIKACHU Bande Annonce VF # 2 (2019) NOUVELLE, Film Pokémon

 Equalizer - Bande annonce VF

 POLAR (FIRST LOOK - Trailer NEW) 2019 Mads Mikkelsen, Vanessa Hudgens Netflix Action Movie HD

JOHN WICK 3 Bande Annonce Française (2019)

Troisième film de la franchise, John Wick parabellum semblait très attendu des spectateurs. Ce n'est pas étonnant que le film soit réalisé par un cascadeur, Chad Stahelski, car ce long-métrage ne cumule que des scènes d'actions. Pour avoir enfreint des règles érigées par la Grande table, une organisation de tueurs, John Wick est poursuivi par cette organisation, dans le monde entier.

La trame est si mince qu'on a envie de reprocher à ce scénario des scènes de violences gratuites. Le réalisateur a clairement voulu faire des parallèles entre les scènes de combats et d'autres arts comme la danse, mais on peine à s'attacher à ces acteurs qui jouent sans conviction alors qu'on ressent de l'empathie pour McCall - tueur retraité et solitaire de The Equalizer - qui vient en aide à une jeune prostituée, ou à Kaiser Black - également tueur dépressif et solitaire de Polar - qui aide sa jeune voisine à retrouver les assassins de ses parents, car on les voit vivre au quotidien et qu'on comprend leur motivation. Les combats de John Wick ressemblent à un manuel du parfait tueur, où vous apprendrez comment tuer quelqu'un avec un livre ou cheval. La dimension esthétique présente dans les couleurs et les cadrages ne suffisent pas à compenser la vue de la montagne de cadavres.

Polar, de Jonas Akerlund, 1h58, avec Mads Mikkelsen, Vanessa Hudgens, Katheryn Winnick, Matt Lucas, 2019, Netflix

The Equalizer d’Antoine Fuqua, avec Denzel Washington, Cloë Grace Moretz, Marton Csokas (2 h 11), 2014, Netflix.

John Wick parabellum, Chad Stahelski, avec Keanu Reeves, Halle Berry, Anjelica Huston (2 h 12), 2019.

Sur le web : Mauge Sébastien, “Polar” sur Netflix : Mads Mikkelsen disperse façon puzzle dans ce film ultraviolent", Télérama, mis en ligne le 25 janvier 2019. URL : https://www.telerama.fr/cinema/polar-sur-netflix-mads-mikkelsen-disperse-facon-puzzle-dans-ce-film-ultraviolent,n6104079.php

Rauger Jean-François, " The Equalizer : irrésistible héros", Le monde, mis en ligne le 1 octobre 2014. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2014/09/30/the-equalizer-irresistible-heros_4496757_3476.html

Rauger Jean-François, "John Wick parabellum : le film d'action entre dans la postmodernité", Le monde, mis en ligne le 21 mai 2019. URL : https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/05/21/john-wick-parabellum-le-film-d-action-entre-dans-la-postmodernite_5464932_3246.html

3) MES LIVRES

En ce mois de mai, j'ai éouté mes deux derniers audiolib. J'en ai abandonné un (L'art de la joie de G. Sapienza) alors que l'autre était une" relecture" d'un livre culte ( Martin Eden de Jack London).

J'ai fait une petite incursion dans le monde la BD avec Zai Zai Zai Zai et je compte bien poursuivre mes découvertes avec d'autres BD de l'auteur. Malheureusement, j'ai abandonné son roman Figurec à l'humour systématisé et hyperbolique, dont le thème du complot ne m'a que vaguement intéressée. En effet, notre anti-héros qui cherche désespérement d'écrire plus de deux répliques à sa pièce, rencontre à chaque enterrement le même personnage. Cet homme lui révèle qu'il fait partie d'une agence de figurants... Je n'ai pas eu le courage de suivre les aventures vaines de notre dramaturge raté. Le ton est toujours aussi caustique, mais Fabrice Caro manie un humour répétitif et lassant dans ce court récit.

Nous avons continué nos lectures balzaciennes avec Melmoth réconcilié et nous nous retrouverons le mois prochain ( 22 juin) avec La maison Nucingen. L'écoute d'un nouveau roman de K. Follet, La marque de Windfield ne m'a toujours pas réconcilié avec le style de cet auteur.

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4) MES ACHATS

A ma PAL, s'est ajouté En attendant le jour de Michael Connely et L'histoire comme émancipation de M. Larrère. J'avais beaucoup apprécié les portraits de femmes dans l'Amérique des années 80 dans Tout ce qu'on ne s'est jamais dit de Céleste Ng, j'ai donc acheté La saison des feux du même auteur. Après la lecture de Fabcaro, je voudrais m'attaquer à un autre classique de la BD, L'arabe du futur de Riad Sattouf. La lecture de Simetière m'a poussée à acheter un nouveau titre de Stephen King, Salem et L'envers de l'histoire contemporaine a été aquis pour de futures lectures balzaciennes. Bonnes lectures à tous !

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