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1001 classiques

31 juillet 2019

C'est le premier, je balance tout (juillet 2019) : ISSN 2607-0006

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1) MES FILMS

Lifeboat et Le procès Paradine : voici deux films d'Hitchcock que je ne connaissais pas et que j'ai pris plaisir à découvrir avec Tachan. Le 24 septembre, nous ferons un autre visionnage commun : Les enchaînés. J'ai vu aussi un excellent film de SF : The wandering earth (Cliquez sur les images pour accéder aux billets).

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2) MES LIVRES

Ce mois-ci, j'ai lu quelques mangas : Dédale ( 2 volumes) de Takachimi et Démokratia de Motoro Mase. Nous avons continué les LC balzaciennes avec Louis Lambert. Après une pause en août, nous reprendrons en septembre avec Ursule Mirouët le 22 septembre.

 J'ai abandonné La zone du dehors de Damasio et La voix du couteau de Patrick Ness dont j'avais beaucoup aimé Quelques minutes après minuit. Dans ce roman, il décrit un monde où on peut entendre la pensée de tous les vivants. Mais les mots sont déformés et la syntaxe incorrecte, comme dans le roman Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes, pour des raisons que j'ignore puisque je n'ai pas poursuivi cette pénible lecture.

Avec A girl from eart, nous avons projeté une LC de La note américaine le 30 septembre.

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product_9782070371617_195x320product_9782070459414_195x320La fille de la supérette

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3) MES ACHATS

A ma PAL, j'ai ajouté La servante écarlate d'Atwood. En manga, j'ai acheté Monster x Monster et je poursuis ma série Gunnm avec l'achat des volumes 3 et 4 et pour en savoir davantage sur les mangas et les animes, j'ai aussi acheté l'essai de Jean-Marie Bouissou : Manga, Histoire et univers de la bande dessinée japonaise et Dans le studio Ghibli, travailler en s'amusant de Suzuki. Après la lecture de Frida Kahlo de Maria Hesse, j'ai acheté Diego et Frida de Le Clézio, une autre biographie, celle de Marguerite Duras de Fostier et un livre de science-fiction qui me tentait depuis longtemps : Le Mur invisible de Haushofer.

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29 juillet 2019

Démokratia (volume 1) de Motoro Mase : ISSN 2607-0006

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© Kazé - 2017

L'une des branches exploitées par la SF est le questionnement sur les intelligences artificielles, les robots. Démokratia interroge aussi un système politique : la majorité a-t-elle toujours raison ? Voter en groupe permet-il de trouver la meilleure solution ? En effet, dans ce seinen de Motoro Mase, deux ingénieurs, Igumi et Taku, décident secrètement de créer une intelligence artificielle qui aurait pour but d'atteindre la perfection en réalisant les décisions de plus de 3000 participants. Ces derniers ont le même champ de vision que Mai, le robot dont ils ont les commandes. Evidemment, plusieurs règles sont imposées : aucun participant ne doit rencontrer la machine, ni savoir où elle est. C'est pourquoi ses phrases et les visages qu'elle perçoit sont cryptés. Si un des participants n'est pas régulier, il sera immédiatement remplacé par une autre personne, etc...

Suivre la majorité est-ce juste ? Pour palier à ce défaut, l'ingénieur inscrit parmi les choix deux opinions minoritaires : "Je sais bien que les opinions minoritaires n'ont que très peu de chance d'être suivies... Mais après tout, l'homme n'est jamais à l'abri d'un éclair de génie ! Il s'agit de laisser une chance aux voix différentes de s'exprimer". Notre androïde va-t-il devenir un modèle à suivre en étant la somme des connaissances de 3000 personnes aléatoirement choisies ? De minuscules détails créent un sentiment de malaise. Si vous connaissez la série Black mirror, on se croirait plongé dans le même type d'univers dans lequel  l'angoisse est diffuse.

Ce premier tome pose longuement les bases du programme démokratia. Nous faisons aussi connaissance avec l'androïde, qu'il est impossible de différencier avec un humain ce qui lui permet de rentrer en interaction avec des gens. On suit aussi plus particulièrement trois participants, dont les vies personnelles - qui sont souvent d'une grande noiceur - influent sur les décisions qu'ils font prendre à Mai. Cependant si l'exposition est très longue, dès ce premier opus, un drame survient : Mai rencontre un désaxé. Que choisiront de faire les participants du programme Démokratia ? Qui sera responsable de ses actions ?

A travers des dessins dont le trait est plutôt réaliste, sauf pour l'androïde et le psychopathe, mais surchargé de détails (planche 1), le mangaka arrive à nous donner envie de poursuivre l'histoire alors même qu'il n'y a pas de personnages principaux. Justement, les cadrages subjectifs permettent une meilleure identification aux participants. Les choix pour représenter les discussions entre participants virtuels varient, évitant l'ennui. Surtout, on est curieux de savoir à quoi va aboutir le questionnement sur cette expérience dont la violence est sous-jacente. Sous un postulat en apparence simpliste, à savoir la majorité a-t-elle raison, Motoro Mase l'a renrichi de plusieurs données (la cyberculture, l'anonymat et la responsabilité des utilisateurs des réseaux sociaux...) qui incite à lire la suite de cette série.

Mase Motoro, Démokratia, volume 1 ( 5 volumes, série terminée), Kaze, février 2017, 198 p.

LC avec A girl from earth

Sur le web : minisites Kazé

ob_66837a_055-bPl. 1 Démokratia de Motoro Mase © Kazé - 2017

25 juillet 2019

Le procès Paradine d'Alfred Hitchcock : ISSN 2607-0006

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La troisième période hitchcockienne, des années 40 à 50, est particulièrement éclectique. Après des films politiques comme Lifeboat (1945), le réalisateur des oiseaux fera un film de procès. Lorsqu'une femme est belle et épouse un riche mari aveugle et que ce dernier meurt empoisonné, elle paraît forcément coupable aux yeux de l'opinion publique. Mais l'est-elle vraiment ? Seul, un avocat tombé éperdument amoureux de la victime, Madame Paradine, croit en son innocence. Les preuves vont s'accumuler contre elle : arrivera-t-il à la sauver ?

Contrairement aux films de procès, Hitchcock ne profite pas de cette histoire pour remettre en cause la justice ou des problèmes moraux ou sociaux mais il en fait un drame passionnel. C'est un film lent, bavard, développant la jalousie de la femme de l'avocat, l'ambiguité de la cliente et l'obsession de l'avocat : à travers ce long-métrage, il fait d'ailleurs quatre portraits de femmes très différents, de la femme fatale - Madame Paradine - à la femme soumise (la femme du juge).

Ce film, bien construit, n'est pas aussi complexe que d'autres long-métrages hitchcockiens et manque singulièrement d'humour. On retrouve ses thèmes favoris comme le faux-coupable et une enquête. Il manque aussi d''ambiguïté et de profondeur comparé à des films de procès plus récents comme The third murder de Kore Eda (2017) ou du Silence et des ombres de Robert Mulligan ( 1962).

Voici une adaptation d'un roman de R. S. Hichens plus banale que les autres films du réalisateur de Rebecca, en partie parce qu'il n'a pas choisi les acteurs qu'il souhaitait, comme il l'explique dans une interview, et que Selznick a participé davantage dans la production. Cela explique peut-être qu'il soit passé inaperçu par rapport à d'autres scénarios plus impressionnants de cette période comme La corde (1949) ou L'inconnu du Nord-Express (1951).

Le procès Paradine, Hitchcock, Gregory Peck, Ann Todd, 1947, 125 min.

Visionnage commun avec Tachan. Un visionnage avec Tachan est prévu le 24.09 : nous verrons Les enchaînés.

Autres films : Lifeboat, L'inconnu du Nord-Espress, Psychose, La corde, Une femme disparaît, La loi du silence, Mais qui a tué Harry ?, chantage, Les 39 marches,, Jeune et innocent, meurtre, le grand alibi, Une femme disparaît

Sur le web : France inter. 2013. Hitchcock/trufaut, secrets de fabrication.

22 juillet 2019

Louis Lambert de Balzac : ISSN 2607-0006

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http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-classique/Louis-Lambert-suivi-de-Jesus-Christ-en-Flandre-et-de-Les-Proscrits

"Louis Lambert", "Les proscrits" et "Jésus-Christ en Flandre" sont tous trois des récits appartenant aux études philosophiques. Alors que dans "L'auberge rouge" ou "L'élixir de longue vie" Balzac enveloppe les idées dans un matériau romanesque, Louis Lambert décrit surtout le spiritualisme du personnage éponyme. Le narrateur raconte la vie de ce pauvre garçon, dont la faculté de "voyant" (p. 34) l'empêche de s'intégrer dans l'école, ladite école décrite ennuyeusement sur plusieurs pages.

Remis dans son contexte, ce court récit fait écho aux théories de l'époque comme celles de Mesmer ou de Swedenborg. Mais quelle aridité ! Toutes ces théories longuement développées  paraissent complètement farfelues : "peut-être sommes-nous tout simplement doués de qualités intimes et perfectibles dont l'excercice, dont les développements produisent en nous des phénomènes d'activé, de pénétration, de vision encore observés [...] Il est si commode de déifier l'incompréhensible" (? p. 73) ou "si les apparitions ne sont pas impossibles, disait Lambert, Elles doivent avoir lieu par une faculté d'apercevoir les idées qui représentent l'homme dans son essence pure, et dont la vie, impérissable peut-être, échappe à nos sens extérieurs, mais peut devenir perceptible à l'être intérieur quand il arrive à un haut degré d'extase ou à une grande perfection de vue" (p. 84). J'ai abandonné cette nouvelle : Balzac est meilleur historien des moeurs que mystique.

Dans "Les proscrits", les portraits et le récit sont plus traditionnels. On nous décrit un étrange vieillard - " Il était vraiment impossible à tout le monde, et même à un homme ferme, de ne pas avouer que la nature avait départi des pouvoirs exhorbitants à cet être en apparence surnaturel" (p. 189) -  et son disciple allant chaque jour dans une célèbre école parisienne où ils écoutent les théories mystiques du docteur Sigier. Qui sont ces deux étrangers bannis ? Construite comme une nouvelle à chute, "Les proscrits" ne révèlent qu'à la dernière page l'identité de ce vieillard déclarant avoir survolé les abîmes...

Quant à "Jésus-Christ dans les Flandre", ce récit ressemble à une nouvelle fantastique abordant le thème de la croyance. Dans une première partie, le narrateur transmet une chronique répétée par les conteurs, dans laquelle plusieurs personnages de différentes catégories sociales, embarqués dans un bâteau affrontent une tempête. Quel sort vont connaître les différents passagers ? Après une fin édifiante, brusquement, au paragraphe suivant, le narrateur nous fait part de ses sentiments, de son désespoir. Une femme  - qui devait "être récemment sortie d'un cimetière" (p. 246) - vient le chercher pour lui faire une révélation, elle aussi édifiante. Le récit du narrateur présente un synchrétisme assez curieux : tout semble annoncer des thèmes romantiques avec un héros mélancolique, avec des objets qui prennent vie et avec une apparition surnaturelle mais qui aboutissement à un récit allégorique. La construction atypique s'explique par la genèse de ce récit : "Jésus-Christ en Flandre" est né de la fusion de deux textes ( Notice p. 274). Ils illustrent tous deux, de manière symbolique, la force de la foi.

Ce recueil disparate semble assez éloigné du romanesque de La comédie humaine mais est à lire pour découvrir un autre pan de l'oeuvre balzacienne.

LC. Après une pause en août, nous reprendrons les LC le 22 septembre avec le roman Ursule Mirouët.

Balzac, Louis Lambert, suivi des Proscrits et Jésus-Christ en Flandre, Folio, avril 2014, 303 p.

La comédie humaine :

1. Scène de la vie de province : Eugénie Grandet; Le cabinet des antiques

2. Scène de la vie parisienne : "La maison Nucingen", " Pierre Grassou", La fille aux yeux d'or, La duchesse de Langeais

3. Etude philosophique : "Louis Lambert", "Les proscrits", "Jésus christ en Flandre" "L'élixir de longue vie", La peau de chagrin; L'auberge rouge, L'Elixir de longue vie

4. Scène de la vie privée :"Le bal de Sceaux", Mémoires de deux jeunes mariées, Le père Goriot, La bourse, Gobseck, Le colonel Chabert

5. Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée

13 juillet 2019

The wandering earth de : ISSN 2607-0006

THE WANDERING EARTH Trailer (2019) Sci-Fi Action Movie HD

Plutôt rare sur nos écrans, The wandering earth est un blockbuster chinois, qui malheureusement passe inaperçu en France étant donné qu'il est directement arrivé sur les plateformes de streaming. Adapté d'un roman de SF de Cixin Liu, connu pour son livre Le problème à trois corps, ce long métrage mériterait d'être visionné sur grand écran tant visuellement, c'est splendide. Après une rapide exposition de l'inexorable dégradation de la planète - le système solaire est en train de mourir - et de la vie d'un astronaute, on assiste à une catastrophe de grande ampleur : "la terre errante", c'est-à-dire la terre propulsée par de gigantesques moteurs pour trouver un autre système planétaire, risque de percuter Neptune.

Majestueux, grandioses, les paysages sont impressionnants ( image 1). Pour bien montrer l'échelle de chaque image, le réalisateur part toujours de gros plans suivis de zoom arrière qui finissent par englober la terre entière. La convergence des moteurs qui s'unissent pour faire avancer la terre marque aussi l'union des pays. Et quel décor ! La planète devenue inhabitable est recouverte de neige, donnant lieu à de somptueux décors enneigés post-apocalyptiques ( images 2 et 3).  Certes, The wandering earth n'est qu'un film catastrophe et qu'un blockbuster mais les effets spéciaux sont d'une très grande qualité. C'est un vrai plaisir visuel de voir toutes ces inventions de ces villes souterraines, de ces grandes étendues de neige.

MOSS l'intelligence artificielle "déserte", refuse de rester en contact avec la terre qui va s'écraser sur une autre planète. Deux astronautes sortent réparer des dégâts et dérivent dans l'espace : ne serait-ce pas des clins d'oeil à d'autres longs-métrages de SF ? Certains personnages principaux meurent, les villes sont détruites une à une mais les survivants ne perdent pas espoir. Les uns se sacrifient, les autres luttent ensemble. Un film post-apocalyptique optimiste, humaniste ? C'est plutôt rare, c'est idéaliste mais fabuleusement bien réalisé et cela donne envie de découvrir les oeuvres de Cixin Liu...

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Image 1 du film "The Wandering Earth" Crédits : Copyright China Film Company Limited

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Image 2 du film "The Wandering Earth" Crédits : Copyright China Film Company Limited

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Image 3 du film "The Wandering Earth" Crédits : Copyright China Film Company Limited

The winthering earth de Frant Gwo, Netflix, 2019, 2h05,

Sur le web : "The wandering earth, le film chinois qui sauve la terre", Le monde, mis en ligne le 26 février 2019. URL : https://www.lemonde.fr/culture/video/2019/02/26/the-wandering-earth-le-film-chinois-qui-sauve-la-terre_5428578_3246.html

Serrell Mathilde, "Avec The Wandering earth blockbuster chinois, une autre fin du monde est possible", France culture, mis en ligne le 26 février 2019.

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11 juillet 2019

La fille de la supérette de Sayaka Murata : ISSN 2607-0006

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 Si autant de livres et de films parlent de la tolérance, de l'acceptation de l'autre, c'est qu'il ne va pas de soi d'accepter les différences au sein d'une société. Comme le montre Mona Chollet, dans Sorcières. La puissance invaincue des femmes, les femmes qui ne se plient pas attentes de la société sont considérées comme des "modèles interdits" : " la célibataire incarne l'indépendance féminine sous sa forme la plus visible, la plus évidente. Cela en fait une figure haïssable pour les réactionnaires, mais la rend aussi intimidante pour nombre d'autres femmes"*. C'est aussi ce que montre La fille de la supérette dans laquelle on découvre la vie de Keiko qui travaille dans un konbini depuis 18 ans. 18 ans ! Alors que ses rares amies se sont mariées ou ont changé de métier, Keiko reste vendeuse dans ce supermarché ouvert 24h sur 24h. Comment ? Elle n'a pas d'enfants ! Pour quelles raisons n'a-t-elle pas changé de métier ? Pourquoi ne s'est-elle pas mariée ?

Qu'est-ce qui rend notre héroïne si singulière dans cette société extrêmement rigide ? Keiko perçoit bien sa singularité dont elle fait part au lecteur à travers diverses anecdotes : "Un jour, peu de temps après mon entrée en primaire, pendant l'heure de sport, deux garçons commencèrent à se bagarrer.

- Appelez le maître !

- Arrêtez-les !

Bon, je vais m'en charger, pensai-je en entendant les cris. Attrapant une pelle dans le placard à outils à proximité, je courus rejoindre le lieu de la bataille pour taper sur la tête d'un des belligerants.  Sous les hurlements de la foule assemblée, le garçon porta la main à son crâne et fit volte-face. Voyant qu'il avait cessé de bouger, je m'apprêtai à frapper son adversaire afin de le neutraliser à son tour.

- Keiko-chan ! arrête ! Arête ! s'écrièrent les filles en pleurant." (p. 15-16). Elle analyse donc ce qui la différencie des autres, les mécanismes du conformisme et elle essaie d'adopter les codes. Parviendra-t-elle à s'adapter ?

" Les gens ordinaires n'aiment rien tant que juger ceux qui sortent de la norme"( p. 111) : après un malentendu, un ancien employé du konbini est hébergé par Keiko : aussitôt le gérant et les autres caissières se réjouissent. "Leur attitude me choque", pense la narratrice. Je n'arrive pas à croire que même un gérant de konbini trouve plus d'intérêt à échanger des ragots avec ses employés qu'à appliquer la promo sur le poulet frit" (p. 107).

Plus qu'une simple tranche de vie, la vie d'une employée dans la société nippone se déploie sous nos yeux : horaires, condition de travail, amitiés... Vendus à un million d'exemplaires au Japon, ce roman sur l'anticonformisme a permis à Sayaka Murata d'obtenir le prestigieux prix Akutagawa. Avec ce bref récit de S. Murata, introduisez-vous dans le Japon moderne à travers la vision d'un personnage atypique.

Murata Sayaka, La fille de la supérette, Folio, Barcelone, Mai 2019, 143 p.

* Chollet Mona, Sorcières. La puissances invaincues des femmes, Lisieux, septembre 2018, p.50

 LC avec A girl from earth

8 juillet 2019

Lifeboat de Hitchcock : ISSN 2607-0006

LIFEBOAT (Trailer)

Comme Rébecca, Les oiseaux ou L'inconnu du Nord-Express, Lifeboat est aussi une adaptation littéraire, celle d'une nouvelle de Steinbeck. Les ingrédients traditionnels des longs métrages hitchcockiens sont rassemblés comme des innovations techniques ( comme dans La corde ou Fenêtre sur cour), du suspense, de l'ironie, les faux-semblants, un caméo... Pourtant Hitchcock réussit un tour de force en dramatisant une situation qui peut sembler sans relief : un lieu unique et neuf acteurs ! Lifeboat s'ouvre sur le naufrage d'un navire britannique provoqué par un sous-marin allemand, lui-même torpillé. Huits rescapés de nationalités diverses et de classes sociales différentes tentent de survivre sur un canot de sauvetage en attendant les secours. Lorsqu'un Allemand se prétendant simple matelot est secouru, les naufragés sont confrontés à un dilemme : peuvent-ils faire confiance à cet homme ? Cet ennemi de guerre, doit-il être sauvé ? Qui doit diriger le bateau ?

Malgré le décor unique, "le maître du suspense" arrive à nous tenir en haleine grâce aux drames psychologiques. C'est le calme plat, une mer d'huile mais la tension monte : mensonges, dissensions, meurtres, tempêtes ponctuent ce huis-clos étouffant. Ont-ils eu raison de faire confiance à l'Allemand ? Ce dernier sauve un des passagers en l'amputant d'une jambe mais il cache de nombreux secrets sur son identité. La matérialiste et superficielle Mrs Porter va-t-elle tomber dans les bras de l'ouvrier ?  Les protagonistes ne cessent d'avouer leurs petits secrets, leurs bassesses...

Présenté en 1944, Lifeboat a une portée éminemment politique. Le fait de vouloir voter à la majorité "comme dans [leur] pays", de réussir à s'unir dans l'adversité, de s'entraider lorsqu'ils n'ont plus de ressources - vous verrez à quoi peut servir un bracelet de diamants lors d'un naufrage - sont des actions métaphoriques des pays en période de guerre.

En bonus, le commentaire audio du docteur Drew Casper est une mine d'informations sur la réalisation, le choix des acteurs, des cadrages et les influences de Hitchcock : Lifeboat présente l'alliance originale de l'expressionnisme allemand et du réalisme soviétique. Drew Casper aborde aussi la fabrication des décors, les caprices de stars, et la réception du film à l'époque, la censure, et rappelle aussi la coloration "romantique" des films du réalisateur des oiseaux. La variété des cadres, l'habileté dans la construction des caractères, l'universalité du message politique font que ce film n'a pas pris une ride.

Lifeboat, Hitchcock, 1944, 1h36, avec Tallulah Bankhead, William Bendix, Walter Slezak

Vsionnage commun avec Les blablas de Tachan. Prochain VC d'Hitchcock le 25. 07 : nous parlerons du Procès Paradine.

Autres films : L'inconnu du Nord-Espress, Psychose, La corde, Une femme disparaît, La loi du silence, Mais qui a tué Harry ?, chantage, Les 39 marches,, Jeune et innocent, meurtre, le grand alibi, Une femme disparaît

4 juillet 2019

Frida Kahlo de Maria Hesse : ISSN 2607-0006

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Qui ne connaît pas Frida Kahlo ? Cette artiste mexicaine est devenue une légende de son vivant et son destin tragique a fait l'objet de nombreuses biographies. Dès l'introduction, Maria Hesse nous met en garde sur cet ouvrage : elle n'a pas voulu retracer de manière fidèle la vie de Frida Kahlo, mais elle a fictionnalisé la vie de cette artiste : " ce livre ne retrace pas sa vie réelle, ni celle que Frida s'inventa. Il s'agit d'un mélange des deux" (p. 9)

Elle mêle d'ailleurs une écriture à la troisième personne, plutôt factuelle, à une écriture à la première personne, qui sont des extraits de journaux, de lettres de F. Kahlo, changement perceptible dans le choix des caratères (Planche 1). De chaque page émane l'intensité des sentiments de l'artiste à travers des illlustrations colorées et des citations. On peut d'ailleurs regretter la joliesse des dessins, là où les tableaux de l'artiste mexicaine présentent une certaine violence et une grande noirceur. La biographie est chronologique mais quelques pages font des synthèses autour de certains thèmes, notamment les amours de Frida Kahlo ou les réinterprétations des tableaux apparaissent à la fin de l'ouvrage. Certes le texte est simple mais bien documenté ( une biographie est présente à la fin de l'ouvrage).

Au-delà de la fictionnalisation de la biographie, on peut admirer la part de poésie dans la présentation de cette femme dans ce roman graphique : des illustrations  servent à indiquer les nouveaux chapitres (illustration 2). Des dessins entourent le texte, l'accompagnent et créent un écrin pour le récit. Evidemment ces illustrations s'inspirent de l'esthétique de F. Kahlo et reproduisent certains de ses tableaux les plus célèbres tout en les personnalisant. Voyez comment on reconnaît des éléments récurrents des tableaux de F. Kahlo - comme la nature, les animaux, les détails anatomiques (Planche 2)... Voici aussi quelques citations de Frida Kahlo qui expriment sa pensée :

"Je m'en fiche, je m'aime comme je suis" (p. 32).

"Pourquoi voudrais-je des pieds puisque j'ai des ailes pour voler" (p. 132).

"Emmurer sa propre souffrance c'est courir le risque qu'elle vous dévore de l'intérieur" (en exergue)

"Je ne peins jamais des rêves ou des cauchemars. Je peins ma propre réalité".

Avec ce bel ouvrage, Maria Hesse nous emmène talentueusement au coeur de l'imaginaire de l'artiste mexicaine. Suivez son conseil : " Perdez-vous dans chacun de ses tableaux, là où elle nous a laissé de petites pistes sur qui elle fut. C'est dans ses peintures que réside la véritable Frida".

Hesse Maria, Frida Kahlo, Presque lune, mars 2019.

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Illustrations 1 et 2 Frida Kahlo © PRESQUE LUNE

3° Frida Kahlo peint au litPl. 1 © PRESQUE LUNE

3° Frida Kahlo accident bus Pl. 2 © PRESQUE LUNE

2 juillet 2019

Dédale 1 et 2 de Takachimi : ISSN 2607-0006

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©Takachimi

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Illustration 1 : Dédale ©Takachimi

En 2009, Sword art online lançait la mode des joueurs de jeux vidéos prisonniers d'un monde virtuel. Voici deux héroïnes prises dans le même type de piège numérique. Etudiantes, tout oppose les deux personnages principaux : Yôko (illustration 1 ci-dessus) a un physique ingrat mais elle est rationnelle alors que Reika a un physique avantageux mais elle est complètement inadaptée à la vie réelle. Son métier consiste à trouver les bugs dans la conception des jeux : pour elle, les "bugs", c'est la beauté", " la porte vers des mondes inconnus dont personne, pas même le concepteur du jeu ne saurait imaginer l'étendue" (p. 6).

Ce manga, un seinen, commence alors que Reika et Yôko déambulent dans un monde familier mais étrangement agencé. Persuadées d'être dans un jeu vidéo, elles imaginent trois solutions pour sortir de ce lieu : 1 . "Trouver un moyen de prendre contact avec l'extérieur

2. Tout casser pour sortir de ce dédale de force.

3. "Rester ici et devenir la maîtresse des lieux". (p. 19)

Evidemment, ces deux personnages au caractère complètement opposé créent un duo comique. Reika s'amuse et emploie ses talents de gameuse pour trouver les clés de cet univers alors que Yôko ne rêve que de s'en échapper pour aller retrouver son conpagnon. Mais le jeu va bientôt se transformer en survival avec la rencontre de monstres.

A ce concept déjà vu dans Tron : L'héritage de Kosinski ( 2010), Ready player one de Spielberg ( 2018), Edge of tomorrow de Doug Liman (2014), le mangaka mêle plusieurs influences comme la science-fiction, les jeux vidéos avec les items, les peintures d'Escher (Planche 1, ci-dessous) ou des monstres comme pac man ou d'autres plus lovecraftiens pour créer un univers insensé. D'ailleurs une grande place est donnée aux arrières-plans, aux décors.

"Tu ne sers à rien dans la vraie vie, mais dans ce genre de situation t'es carrément au top !", déclare Yôko à Reika ou " La quête principale, le véritable but, c'est de trouver les failles du décor pour partir à la découverte d'une infinité de chemins ! Le concept est révolutionnaire" (p. 86) : Takachimi fait l'éloge des mondes virtuels tout en les commentant et en nous entraînant dans un univers toujours plus surprenant et renversant. Deux choix s'ouvrent devant vous ? Alors choisissez le troisième ! Il parle aussi de l'amitié et des rapports des gamers à la réalité augmentée, sujet éminemment contemporain. Visuellement très inventif, l'univers de Dédale fait aussi l'éloge de l'imagination, de tout ce qui va à l'encontre des concepts préétablis. Deux opus à découvrir !

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Pl. 1 : Dédale © Takachimi

Takachimi, Dédale, Ed. Doki Doki, 2 volumes, Italie, 2016, 244 p.

Tron : L'héritage de Kosinski, Netflix, 2010, 2h avec Jeff Bridges, Garrett Hedlund, Olivia Wilde

Edge of tomorow, de Doug Liman, Netflix, 2h, 2014, avec Tom Cruise, Emily Blunt

Sword art online de Reki Kawahara et Tomohiko Ito, Netflix, anime saisons 1 et 2

Sur le web : A girl from eart,

Jarno Stéphane, "Dédale de Takachimi", Télérama, mis en ligne le 16 août 2017. URL : https://www.telerama.fr/livres/dedale,147894.php

30 juin 2019

C'est le premier, je balance tout (juin 2019) : ISSN 2607-0006

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1) LES CHRONIQUES VENUES D'AILLEURS

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A partir de février, après avoir été sélectionnée comme jury, j'ai "audiolu" 10 romans. Voici mon classement (vous pouvez cliquer sur les images pour visualiser le billet), qui fut difficile à faire pour les 4 premiers :

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Quelle belle expérience ! Tous ces romans présentaient des qualités littéraires très appréciables et très divers. Et maintenant ? Audiolib a établi un classement de 5 audiolib et du 13 juin au 23 août, les internautes pourront voter pour les 5 finalistes :

1. Avec toutes mes sympathies de Lamberterie,

2. Martin Eden de J. London,

3. My absolute darling de G. Tallent,

4. Frère d'âme de David Diop et

5. La daronne d'H. Cayre.

A votre tour de voter pour déterminer qui sera le lauréat du prix Audiolib 2019 !

2) MES FILMS

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el reinoque dios nos perdone

3) MES LIVRES

J'ai enfin découvert la plume d'Anna Hope avec La salle de bal et j'ai été un peu déçue. En lisant mon premier manga Gunnm (tome 1) de Kishiro, je me suis découvert une passion pour ce genre. Après avoir lu La maison Nucingen, nous continuons nos lectures communes de Balzac avec Louis Lambert le 22 juillet. Nous reprendrons ces lectures le 22 septembre avec Ursule Mirouët. J'ai aussi découvert le dernier roman policier de Connely : En attendant le jour.

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4) MES ACHATS

1280x680_gettyimages-616681736Tokyo (Japon) © Getty / simonlong

Après les achats de Louis Lambert de Balzac pour la prohaine Lc, de romans graphiques comme Frida Kahlo de Maria Hesse et d'un roman japonais La fille de la supérette de Murata, j'ai acheté mon premier manga ainsi que le tome suivant, adapté l'année dernière sous le titre d'Alita Battle Angel : Gunnm 2. J'ai aussi acheté d'autres BD nippones comme Dédale 1 et 2 de Takamichi - billet de A girl from eart), Les mystères de Taisho de Kei Toumé, L'orme du Caucase de Taniguchi, The promised neverland Kaiu Shirai  - chroniqué par A girl from eart -, Le bateau de Thésée de Higashimoto et Demokratia de Moroto Mase

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