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1001 classiques

23 mai 2021

Le vieux fou de dessin de François Place : ISSN 2607-0006

Le vieux fous de dessins

A partir de faits biographiques réels, l'auteur-illustrateur François Place brode une histoire imaginaire lui permettant de mettre en scène un artiste emblématique du Japon : Hokusaï. En imaginant la rencontre d'un petit garçon analphabète et le "vieux fou de dessin", F. Place nous emmène dans les coulisses de la création de ce peintre. On découvre, à travers le turbulent et émerveillé jeune garçon, Tojiro, les anecdotes de la vie d'Hokusaï, la vie d'Edo la capitale du Japon, les techniques pour créer des estampes...

Samouraï, Sumos, théâtre kabuki, rues emcombrées, atelier de l'artiste, religion prennent vie sous la plume de l'illustrateur de La douane volante. De manière dynamique, l'auteur fait revivre cette période et l'artiste japonais. Cette biographie semi-fictive est rendue encore plus vivante par le personnage de Tojiro, qui se montre espliègle et pose un regard curieux et admiratif sur ce qui l'entoure : "Parmi toutes les images, une le fascine particulièrement. Elle a pour nom La Grande Vague à Kanagawa.

C'est une vague monstrueuse qui s'apprête à déferler sur des barques de pêcheurs tandis qu'au loin se distingue, minuscule, le cône enneigé du mont Fuji.

Comment le maître s'y prend-il pour arrêter ainsi le temps ? La vague semble vivante, elle bouillonne d'écume, on la voit prête à s'écrouler. Par la seule magie de son dessin, le maître a fixé l'éternité des deux éléments les plusfluides de l'univers l'eau et le temps..."(p. 95)

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Les 36 vues du mont Fuji d'Hokusaï © BNF

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La manga d'Hokusaï © BNF

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Mais comme F. Place est aussi illustrateur, il a pris soin d'imager son live par des oeuvres inspirées des estampes d'Hokusaï (que l'on peut admirer dans l'expositition virtuelle sur les estampes de la BNF), dont les fameux mangas et La vague, et des dessins illustrant les deux personnages principaux.

Shishi © François Place

Images détourée, titres de chapitres verticaux, doubles pages : les illustrations présentent une grande variété de formes et de thèmes nous donnant envie de découvrir aussi bien l'art japonais que les autres romans qu'il a illustrés... Le vieux fou de dessin est un très joli roman jeunesse qui présente un univers foisonnant et passionnant en peu de pages.

Capture d’écran 2021-04-04 220105Place François, Le vieux fou de dessin, folio junior, Barcelone, Janvier 2021, 105 p.

Participation à un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde

Sur le web : billet de Hilde

http://expositions.bnf.fr

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https://www.francois-place.fr/portfolio-item/le-vieux-fou-de-dessin/

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Les 36 vues du mont Fuji d'Hokusaï © BNF

 

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20 mai 2021

Six-quatre de Hideo Yokoyama : ISSN 2607-0006

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Ce mystérieux titre fait référence à une date - le 5 janvier de la 64eme année de l'ère Shôwa - et à une affaire. De quelle affaire s'agit-il ? une petite fille, Shôko, a été enlevée mais malgré les efforts de la police, elle est retrouvée morte. On soupçonne ausitôt les proches étant donné que le ravisseur connaissait bien la région pour avoir donné des lieux de rencontre avec le père de la fille montrant une certaine aisance à se déplacer dans le coin. Dix ans plus tard, malgré des recherches incessantes - l'équipe du six-quatre n'a toujours pas avancé d'un pouce... Mais lorsque le directeur général décide de venir voir le père de la victime, de sombres et douteux éléments du passé ressurgissent : à quoi font références les Notes Kôda ? Pourquoi deux policiers ont démissionné ? Pourquoi la criminelle refuse de communiquer avec les administratifs ? Que cachent les anciens inspecteurs ayant travaillé sur le six-quatre ?

Le début du roman est ardu car l'écrivain est un ancien journaliste judiciaire : il décrit donc le milieu dans lequel travaille son personnage principal avec précisions c'est-à-dire en indiquant la fonction et les noms de chaque rouage du système journalistique et policier. Le foisonnement des personnages de ce sytème - journalistes, policiers, familles des personnages principaux, de la victime - rend encore plus difficile la lecture.

Et pourtant, on s'attache aux menées de Akima, directeur de la RP (relation presse) et ancien policier ayant travaillé sur le 6-4 : comme les traditionnels inspecteurs de romans policiers, il doit faire face à de nombreux problèmes personnels comme la disparition de sa fille, des problèmes de couples... ce qui le rend vulnérable et humain. Va-t-il réussir sa mission en restant intègre ? Comment va se résoudre l'affaire du six-quatre ?

Il ne faut surtout pas se laisser rebuter par les premières pages et poursuivre sa lecture : grâce à ce polar se déploie toute une affaire policière à résoudre et le fonctionnement de la police gangrénée par la corruption et par des carriéristes. Non seulement le suspense est à son comble tout au long du roman mais en plus, le romancier nous réserve un dernier retournement de situation impressionant. C'est un roman fourmillant de détails, exigeant, foisonnant mais on est complètement thrillé tout au long de sa lecture !

logo Japon 2021Yokoyama Hidéo, Six-quatre, Point, Slovaquie, 12 janvier 2019, 678 p.

Participation au challenge un mois au Japon organisé par Lou et Hilde.

Sur le web : billet de A girl from earth, Dasola

20 mai 2021

La Fausse Maîtresse de Balzac : ISSN 2607-0006

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Aujourd'hui 20 mai, jour anniversaire de Balzac, nous fêterons cet anniversaire en lisant une petite nouvelle qui peut sembler anodine dans l'architecture de La comédie humaine. Et pourtant "La Fausse Maîtresse" réserve bien des suprises.

Dans l'incipit, Balzac installe le contexte en évoquant l'exil des Polonais à Paris dans les années 1830. En effet, l'un des personnages principaux de ce court récit est un jeune homme polonais, le comte Adam Laginski menant une vie dissipée et se mariant à une jeune héritière, Clémentine du Rouvre. Ils nagent dans un parfait bonheur, grâce au "capitaine", à "Paz". Mais qui est cet homme que la comtesse Clémentine n'a jamais vu ? Pourquoi semble-t-il se cacher ?

Un triangle amoureux traditionnel va-t-il être développé ? Comme dans "Adieu", il est question de grandeur d'âme et de sacrifice, sans oublier l'argent, rouage indispensable à l'univers balzacien. Comme le comte Thadée Paz, parent pauvre d'une famille noble, a été sauvé par l'insignifiant Adam à deux reprises, il s'occupe de l'intendance et d'admirer de loin la femme de son ami. Lorsqu'il sent que son penchant pour elle et que son amour pourrait être partagé, il se crée une fausse maîtresse, une écuyère appelée Malaga. De péripéties en retournements de situation, Balzac arrive à parler d'amitié entre ces deux hommes, du comportement de la Parisienne, de décoration et de gestion du ménage et de sacrifice amoureux. 

Certes les sujets ne sont pas nouveaux sous la plume de Balzac, et ils ne sont guère approfondis, mais ils sont racontés dans un style feuilletonnesque avec de nombreux rebondissements surprenants et des plus romanesques, qui nous emportent et nous transportent dans le début du XIXeme siècle...

Balzac, "La Fausse Maîtresse", Folio 2 euros, Barcelone 10 janvier 2020, 97 p.

LC avec Rachel et Miriam et Claudia. Prochaine LC 23 juin : nous lirons La physiologie du mariage. Après quelques échanges avec Rachel, nous avons choisi Sarrasine pour la prochaine LC !

La comédie humaine (catalogue et organisation établis par Balzac):

biographie de Balzac : Honoré et moi, Titiou Lecoq

 Scène de la vie privée : La maison du chat-qui-pelote,"Le bal de Sceaux", La bourse, Un début dans la vie, La vendetta, Une double famille, La fausse maîtresse, "La femme abandonnée", Gobseck, Le père Goriot, Le colonel Chabert

Scène de la vie de province : Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, " Pierrette", Le curé de Tours, La vieille fille, Le cabinet des antiques,

Scène de la vie parisienne : Ferragus, La duchesse de Langeais, La fille aux yeux d'or, La maison Nucingen,Fascino cane, "Pierre Grassou", La cousine Bette,

scène de la vie politique :

scène de la vie militaire :

Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée,

Etude philosophique : La peau de Chagrin, Jésus-Christ en FlandreMelmoth réconcilié, Le chef d'oeuvre inconnu, "Adieu",Un drame au bord de la mer, Maître Cornélius, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie, Louis Lambert, Les proscrits,

Etude analytique :

12 mai 2021

Je reviendrai vous voir de George Morikawa : ISSN 2607-0006

 

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© George Morikawa / Nobumi

Je reviendrai vous voir est comme Les cerisiers fleurissent malgré tout une histoire autour de Fukushima mais abordée de manière intimiste. Dans ce manga, G. Morikawa dessine un moment de la vie de Nobumi, un illustrateur jeunesse. Après le drame de Fukushima le 11 mars 2011, il décide d'envoyer des livres pour divertir les enfants de la zone sinistrée. Très rapidement, il reçoit de nombreux ouvrages et les envoie à Fukushima : il en parle sur son blog. Aussitôt, il reçoit de nombreux mots d'insultes lui signalant que son geste paraît inutile au regard des besoins de la population... il décide de partir comme volontaire.

skm0G6HlQUORF5-EKnPhfa1ZWRs© George Morikawa / Nobumi

Nobumi paraît très touchant : il est volontaire et veut aider les enfants qui vivent dans des refuges. Mais quel choc lorsqu'il découvre le chaos de la ville, la misère, la saleté ! Pendant 5 jours, il va devoir chercher les souvenirs, désencombrer des rails, nettoyer un entrepôt, ravitailler la population, soutenir les collègues venus avec lui... Morikawa a particulièrement bien rendu le caractère de l'illustrateur qui est plein d'enthousiasme, excessif, mais qui traverse aussi des périodes de découragement et de doutes : est-ce qu'il est utile ? Les gens ont-ils envie qu'on leur rappelle sans cesse cette tragédie ?

71d7ep+9DrL© George Morikawa

Cette véritable histoire est racontée par son auteur Nobumi. Lorsque Morikawa lit cette tranche de vie, il l'adapte en manga. Le dessin paraît "rétro" : en fait, G. Morikawa est l'auteur d'Ippo, un manga de boxe, dont on reconnaît le style. La conception est tout à fait inouïe. Pour certaines planches, 9 autres mangakas ont contribué à dessiner les personnages (ils témoignent à la fin de ce one-shot). Effectivement, on voit parfois des traits de dessins un peu différents mais l'ensemble donne un rendu harmonieux, et n'apparaît pas comme quelque chose de disparate.

On ne voit que partiellement les dégâts de la ville de Fukushima, ses habitants, c'est surtout l'importance de la solidarité que le mangaka illustre. Un beau témoignage !

Capture d’écran 2021-04-04 220105Morikawa, je reviendrai vous voir, (one shot), Edition Akata, Italie, Mai 2015, 152 p.

Participation au challenge un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde

9 mai 2021

Le vase de sable de Matsumoto : ISSN 2607-0006

41QG0686PSLSi vous avez déjà lu des romans policiers de Matsumoto, vous retrouverez des invariants dans Le vase de sable. Voici à nouveau un meurtre qui va être révolu grâce à des déplacements en train comme dans Tokyo Express et Le point zéro.

Les éditions Picquier ont l'art de présenter des quatrième de couverture tout à fait amusante par leurs raccourcis : "Faites connaissance avec l'inspecteur Imanishi. Voyageur infatigable, il enquête de train en train, aux quatre coins du Japon, dans les eaux troubles de la musique et du théâtre d'avant-garde. Il recherche un meurtrier avec un drôle d'accent, découvre les subtilités de la musique concrète et reconstitue patiemment les états civils".

carte Japon

L'enquête s'ouvre avec la découverte d'un corps près d'un train. L'inspecteur Imanishi sait que la victime parlait le dialecte de la région de Tôhoku mais qui est aussi parlé à Izumo. Aidé du hasard (heureux), de recherches et d'un caractère obstiné, notre inspecteur doit faire face à d'autres meurtres qui convergent tous vers un groupe d'intellectuels "Le Nouveau Groupe".

La forme est tout à fait original dans ce roman policier constitué de fragments de journaux (d'une femme qui se suicide), d'extraits d'ouvrages universitaires, de lettres envoyées et reçues par Imanishi et d'articles de critiques littéraires et effectivement d'états civils... Une carte du Japon et une des dialectes nous permettent de mieux suivre les déplacements et les raisonnements de l'inspecteur : comme dans Le point zéro, l'exploration du passé des suspects principaux fait ressurgir le contexte de l'après-guerre japonais. 

L'écriture est factuelle : Matsumoto décrit avec méticulosité les démarches de son personnage, les recherches qu'il mène et les régions qu'il découvre. Dans Le vase de sable, c'est la région d'Izumo qui est explorée mais aussi celle d'Ise. Tout en suivant l'enquête, nous voyageons dans tout le Japon sans jamais soupçonner le véritable meurtrier... Matsumoto, tout en tissant une intrigue impeccable, réussit à évoquer l'histoire, la géographie et le quotidien nippons. Un classique de la littérature policière à découvrir...

Capture d’écran 2021-04-04 220105Matsumoto Seicho, Le vase de sable, Editions Picquier, Barcelone, décembre 2001, 198 p.

Participation un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde

autres romans : Tokyo Express, Le point zéro

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5 mai 2021

Je fais un oiseau pour la paix d'Alain Serres et Claire Franek : ISSN 2607-0006

 

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mon origami © 1001 classiques.canalblog.com

origami 1Je fais un oiseau pour la paix est un album jeunesse ludique, éducatif et commémoratif. Il rappelle que la grue est un animal célèbre au Japon pour symboliser la paix, plus particulièrement les enfants victimes de la guerre (après Hiroshima).

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On nous propose donc de créer un origami en forme d'oiseau. Les consignes sont très claires et chaque forme évoquée est accompagnée d'illustrations explicatives. L'oiseau prend vite forme même si cela demande de la précision...

 

origami 3Parallèlement à ces instructions et à partir des formes du pliage, une autre histoire imaginaire est racontée, celle d'une petite fille à qui il arrive de merveilleuses aventures où les métamorphoses se multiplient. Faites aussi votre oiseau de la paix !

Capture d’écran 2021-04-04 220105Franek Claire, Serres Alain, Je fais un oiseau pour la paix, Edition rue du monde, France, mars 2015.

Participation au challenge un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde.

Sur le web : billet de Hilde

30 avril 2021

C'est le premier, je balance tout (avril 2021), bilan le mois du Japon : ISSN 2607-0006

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BILAN : LE MOIS DU JAPON

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Voici en images (cliquez sur les couvertures pour accéder aux billets), mon mois du Japon pour la quatrième édition. Que de belles découvertes exaltantes, amusantes, distrayantes, enrichissantes, et frustrantes (je n'ai pas commencé Les 47 rônins) ! Et je remercie les organisatrices Lou et Hilde ! Des idées de lectures ? Allez lire le billet récapitulatif chez Lou ou Hilde. Elles ont d'ailleurs prolongé ce mois du Japon jusqu'en mai...

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indexLe point zéro

MES ACHATS

Ce mois-ci, j'ai acquis une petite nouvelle de Balzac, après ma lecture de sa biographie Honoré et moi de Titiou Lecoq, La fausse maîtresse. Une LC est prévue pour le 20 mai avec Rachel et Miriam. Une autre LC est prévue avec Rachel autour du Tigre blanc de Adiga (film ou livre) le 25 mai pour les étapes indiennes organiées par Hilde.

Pour prolonger le mois du Japon, je suis en train de lire Six-quatre de Yokoyama (conseillé par Dasola) et quelques mangas supplémentaires : Mashle de H. Komoto, Je reviendrai vous voir de Morikawa sur Fukishima. J'ai aussi commandé Je fais un oiseau pour la paix d'Alain Serres et Claire Franek, vu sur le blog de Hilde et aussi, toujours sur les conseils de Hilde, Le vieux fou de dessin de François Place.

En mai, lit ce qui te plaît !

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29 avril 2021

soirée pop-corn # 7 Les 47 rônins de Carl Rinsch : ISSN 2607-0006

Les-47-RoninsInspirée de faits réels devenus légendaires, réécrit par Jirô Osaragi, l'histoire des 47 rônins raconte la vengeance de samouaïs ayant perdu leur maître. En effet, ce dernier, Asano, a été piégé par un rival Kira et une sorcière. A cela s'ajoute une romance sentimentale entre un métisse ( Keanu Reeves) nommé Kaï et la fille d'Asano, Mika. C'est donc une histoire d'honneur, d'amour et de vengeance que donne à voir Les 47 rônins.

Carl Rinsch s'empare donc du mythe et le transforme en film d'actions épico-sentimentalo-fantastique. La geste des rônins est ainsi métamorphosée en gigantesque blockbuster. Pourtant, le film arrive à intéresser grâce à de superbes paysages, une photographie très belle. De nombreux plans sont splendides. Le réalisateur a aussi rajouté une dimension fantastique très attrayante : on voit évoluer, dans cet univers féodal, des divinités, comme les tengus ou une sorcière capable de métamorphoses. Le long-métrage commence d'ailleurs par la chasse d'un monstre particulièrement spectaculaire.

Ces scènes fantastiques alternent avec une histoire d'amour, montrée de manière assez ridicule, pleine de poncifs. De manière générale, les personnages sont malheureusement peu fouillés et extrêmement maniquéens. Heureusement, le rythme est rapide et les batailles pour venger leur maître s'enchaînent. C'est très hollywoodien, parfois mièvre mais très esthétique :  Les 47 rônins est parfait pour une soirée pop-corn...

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47 Ronin, de Carl Rinsch © Universal Pictures Germany

logo Japon 2021Les 47 rônins, Carl Rinsch, 119 min, avril 2014, avec Keanu Reeves, Rinko Kikuchi, Netflix

Participation Un mois au Japon organisé par Lou et Hilde : film japonais

 Participation avec Missycornish aux soirées pop-corn (son billet ici)

 

25 avril 2021

Honoré et moi de Titiou Lecoq : ISSN 2607-0006

Honoré

C'est après avoir écrit un livre féministe et tout en découvrant les comptes balzaciens, les maisons où il a habité, ses romans, ses biographies que Titiou Lecoq décide d'écrire une biographie de Balzac. Le titre, "Honoré et moi" peut laisser supposer une large présence de la romancière : en fait, elle parle assez peu d'elle-même mais intervient effectivement dans le récit pour remettre en cause avec humour certains clichés (notamment les rapports de l'auteur et de sa mère) et mettre en valeur d'autres éléments qui l'intéressent comme la place de l'argent dans la vie de Balzac parce qu'elle a trouvé et lu les comptes financiers de l'auteur comme un roman à suspense.

On associe rarement "forçat de l'écriture", ce "travailleur puissant et jamais fatigué" (Hugo) aux problèmes pécuniers : comme le rappelle l'essayiste, "en littérature, on aime peu parler d'argent, et encore moins présenter un grand auteur comme quelqu'un qui voulait s'enrichir". Voici donc un extrait significatif : " Chez Balzac, si les passions humaines sont toujours là, on sait au centime près combien coûte l'amour d'un père pour ses filles. Théophile Gautier ( que je vais longuement citer parce que l'aime) : Jusqu'alors le roman s'était borné à la peinture d'une passion unique, l'amour, mais l'amour dans une sphère idéale en dehors des nécessités et des misères de la vie. [...] Dans La peau de chagrin, il eut le courage de représenter un amant inquiet non seulement de savoir s'il a touché le coeur de celle qu'il aime, mais encore s'il aura assez de monnaie pour payer le fiacre dans lequel il la reconduit. Cette audace est peut-être l'une des plus grandes qu'on se soit permise en littérature, et seule elle suffirait à immortaliser Balzac.[...]" (p. 71) et l'auteure d'ajouter : "Ces angoisses-là existent toujours. La société de consommation a quelque chose de diabolique en ce qu'elle repose sur une foison de produits désirables à acquérir et qui laissent en permanence une sensation d'inachèvement [...]. Mais Balzac va plus loin. Ce qu'il raconte, ce n'est pas simplement l'argent, comme dans un roman picaresque où le héros se débat ave les galères de thune. Il ne s'arrête pas au prix d'une paire de gants. Il se sert du systèmes financier comme d'un élément romanesque. Il raconte l'argent virtuel, le système de crédit, de la spéculation, ce qui rend certains passages de ses oeuvres difficiles d'accès pour les initiés, ainsi dans des spéculations du banquier Nucingen dans La maison Nucingen, ou des magouilles du père Grandet dans Eugénie Grandet"(p. 72).

12060877_honore-de-balzac-with-a-cane-probably-drawn-for-the-bookD'emblée, on est happé par cette biographie dépoussiérée dans son langage et dans l'approche des textes et des événements de la vie de l'auteur de La Comédie humaine. Mais si la vie de Balzac ressemble autant à un roman, c'est qu'il s'est beaucoup inspiré de ses déboires pour écrire ses histoires et il a d'ailleurs créé des  personnages inspirant ses jeunes contemporains.

Donc on tourne les pages sans s'en apercevoir : la mère de Balzac aurait été une femme sans coeur ? Balzac aurait été poursuivi par des créanciers injustement ? Est-il toujours moderne ? Ses romans peuvent-ils intéresser le public du XXIeme siècle ? T. Lecoq aborde aussi bien sa vie privée (ses amours avec les différentes comtesses) que sa vie publique. Son caractère naïf et crédule, voire extravagant est le plus étonnant, même si on peut trouver ces anecdotes dans d'autres biographies : "A Vienne, il rencontre un baron spécialiste de l'Orient qui lui fait un cadeau, une espèce de talisman monté en bague, avec une inscription sibylline. Il l'appelle le "bédouck". Le baron lui dit mystérieusement : "Un jour vous connaîtrez l'importance du petit cadeau que je vous fais". Et là, allez savoir pourquoi si ce n'est grâce à la formidable puissance d'imagination de Honoré, il se convainc que cette bague est un bijou ayant appartenu au prophète Mahomet, puis au Grand Mogol, et qu'elle a bien sûr un pouvoir magique protégeant son propriétaire. Parfait. Honoré n'a donc plus à s'inquiéter de ses dettes et soucis divers, le bédouck lui portera chance dans toutes ses entreprises - au pire du pire, il pourra toujours le revendre une fortune" (p. 181)

Achille_Devéria_Balzac_jeune_lavisC'est certain, ce n'est pas une vie racontée de manière exhaustive - excepté pour la décoration, les lieux habités par l'inventeur du retour des personnages et ses faramineux projets pour gagner de l'argent (mais sous la plume de T. Lecoq, même les détails des factures sont rendus passionnants !). Elle le dit souvent, Titiou Lecoq est complètement fascinée par la dette colossale que creuse l'artiste lui-même en dépit du bon sens - mais elle apporte un regard neuf non dénué d'intérêt ni d'humour...

Illustration d'Honoré et moi, Balzac d'Achille Dévéria

Et voici une dernière citation qui conclut cette biographie et ce billet : " En réalité, il n'y a, bien sûr, pas de morale à chercher dans une vie. Honoré aura été fidèle jusqu'au bout à ce qu'il écrivait dans une lettre : " Je fais partie de cette opposition qui s'appelle la vie." Balzac a fait ce qu'il voulait de sa vie, en dépit de toutes les restrictions que la société a tenté de lui imposer. Il n'a sans doute pas été très heureux, mais il a choisi d'être libre" (p.294). Une biographie à lire passionnante et vivante comme un roman !

Lecoq Titiou, Honoré et moi, L'iconoclate, Alençon, septembre 2019, 295 p.

LC Balzac avec Claudia. Prochaine LC le 20 mai 2021 avec "Une fausse maîtresse".

Sur le web : billet de A girl from earth, Keisha...

24 avril 2021

Tokyo express et Le point zéro de Seichô Matsumoto : ISSN 2607-0006

indexC'est avec Tokyo express, écrit en 1958, que Seichô Matsumoto devient célèbre. La quatrième de couverture résume bien (malgré des inexactitudes) ce roman policier, presque comiquement avec ses racourcis : "Un double suicide d'amoureux et une sordide affaire de corruption. Un meurtrier très méticuleux et une enquête bien embrouillée qui pourrait ressembler à première vue à une visite touristique dans tout le Japon. Dans les bars de ToKyo, l'inspecteur Mihara découvre des pots-de-vin et la vérité au fond d'un verre. Dans les trains, de Kamakura à Hokkaido, il y a de curieux pressentisements devant un paysage de chiffres et apprend aussi la posésie japonaise dans un annuaire des chemins de fer".

Tokyo express est une sorte de whodunit où - comme chez A. Christie - les trains ont une grande importance. L'énigme est si complexe et alambiquée que régulièrement l'inspecteur Mihara fait des schémas pour y voir plus clair et aider le pauvre lecteur... L'intrigue prime sur tout le reste, y compris les sordides magouilles politiques. C'est donc un roman policier  conventionnel, juste distrayant, même si la forme et le fond ne sont pas mauvais.

Matsumoto Seichô, Tokyo express, Clamecy, Avril 2020, Picquier poche, 189 p.

Le point zéroshin misho 001

Illustration du Point zéro © Shin Mishô

En revanche, avec sa jolie couverture d'Atiger, Le point zéro écrit l'année suivante, en 1959, est une histoire policière qui prend une toute autre dimension. L'intrigue y est toujours aussi complexe avec des disparitions, des meurtres, des changements d'identité multiples. Mais les personnages sont plus développés et l'auteur y a inséré l'histoire de l'après-guerre au Japon.

L'histoire se déroule dans les années 1960, à Tokyo mais aussi dans le Kanazawa enneigé (l'édition 10/18 contient quelques illustration de Shin Mishô, extrait de l'édition japonaise) : une jeune femme Teiko vient de se marier, grâce à un entremetteur, avec un homme qu'elle connaît à peine. Une mois après leur mariage, il disparaît. La courageuse et obstinée veuve décide d'aller à Kanazawa où son mari travaillait comme employé d'une agence publicitaire. Aidée d'un collègue de son mari, puis de son beau-frère, elle découvre peu à peu la vie de son mari et cette région japonaise...

Dans ce roman, l'énigme policière est captivante mais on retient aussi le discours sur le mariage arrangé, la place des femmes dans la société japonaise et leur rôle dans l'après-guerre. D'ailleurs l'héroïne, tout en étant discrète, mene intelligemment son enquête. Comme Teiko erre souvent seule dans la région de Kanazawa, on découvre avec elle le quotidien des habitants et une atmosphère hivernale baignée de mélancolie. Un excellent roman policier !

Matsumoto Seichô, Le point zéro, 10/18 grands détectives, France, juillet 2020, 287 p.

Participation au challenge un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde (LC : un roman des éditions Picquier)

Sur le web : billet de Rachel

Le Japon d'après-guerre rattrapé par ses "pan-pan"
Une société bien moins lisse et disciplinée qu'elle ne s'affiche, un Japon ambivalent voire ambigu derrière la façade harmonieuse : le terreau est connu, irrigue la production artistique nipponne de l'après-guerre. Dont, logiquement, ce capteur sismique de l'époque qu'est censé être le roman noir.
https://www.liberation.fr
Au Japon, le charme discret de Kanazawa
C'est l'histoire d'un antique fief de samouraïs que l'arrivée du train à grande vitesse propulse dans la modernité. Depuis mars 2015, deux heures et demie de Shinkansen (le TGV japonais) séparent Tokyo de Kanazawa, divisant par deux la durée du voyage.
https://www.lexpress.fr

kenrokuen_sub2

Jardin de Kenroku-en https://fr.visitkanazawa.jp/mustgoplace/touristspot/area1/1

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