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1001 classiques
9 février 2012

L'Embranchement de Mugby de Dickens : ISSN 2607-0006

 

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L'embranchement de Mugby fait partie de ces contes de noël - publiés dans La maison de L'Apre-vent - qui contribuèrent tant à la célébrité de Dickens. Comme Le chant de Noël, Dickens use d'allégories et de symboles pour illustrer l'idée de pardon, pendant le moment de grâce qu'est la période de Noël. On retrouve beaucoup des obsessions de Dickens dans cette petite nouvelle, notamment, celle d'un homme trahi par son meilleur ami et celle qu'il aime, mais aussi une figure angélique féminine qui vient aider le héros à résoudre ses problèmes intérieurs...

Dans un temps abominablement mauvais, un homme débarque  dans une gare, sans savoir où il va, fuyant un passé morne, ennuyeux. Plusieurs rencontres vont lui permettre de choisir le chemin qui le mènera au bonheur. Sans être le meilleur Dickens, on savoure l'écriture humoristique de l'auteur d'Oliver Twist qui portraiture un héros ridicule, une écriture aux comparaisons souvent incongrues et son amour des coïncidences : "En se parlant à lui-même, il parlait à un homme d'entre quarante-cinq et cinquante-cinq ans, qui s'était mis à grisonner prématurément, comme un feu mal entretenu". L'autre passage très amusant est la rencontre d'une petite fille avec notre héros, empreinte d'une fantaisie toute carrollienne.

Donc, Dickens reprend des ficelles présentes dans ses romans-feuilletons et il ne peut s'empêcher d'y ajouter une touche de surnaturel. Alors que le conte est terminé, deux brefs récits  - les rencontres du héros avec d'autres personnages - dont une histoire de spectres développent l'idée de destin et de prédestination. Mais l'auteur, à travers ce héros, ne parle-t-il pas de lui-même ? Certains éléments sont autobiographiques, mais il est évident que chaque lecteur peut incarner ce personnage, et j'aime l'idée qu'à un moment crucial de sa vie, on peut tout recommencer.... Prenez, vous aussi, le chemin des lectures de Dickens, notamment celle de cette petite nouvelle très plaisante...

Dickens, L'embranchement de Mugby, Folio 2 Euros, 114 p.

Autres oeuvres : L'homme hanté, Le grillon du foyer, Oliver Twist, Les chroniques de Mudfog,

Billet en l'honneur de l'anniversaire de Dickens (7 FEVRIER 1812),Autres billets sur L'embranchement de Mugby chez Allie 

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2 février 2012

La Fanfarlo de Baudelaire : ISSN 2607-0006

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"Tu m'as donné ta boue, j'en ai fait de l'or" : Quel est le poète dont l'aura rayonne le plus au XIXeme siècle ? C'est certainement Baudelaire ( Biographie sur le site Larousse), dernier des romantiques, premier des modernes. Ses fleurs maladives fascinent encore : dualité de la femme, la double postulation, le spleen, la modernité, la ville, l'exotisme... Mais laissons la parole au poète dans un de ses poèmes qui "glorifie le culte de l'image"; Poète du paradoxe et de l'excès, Baudelaire fait déferler de stupéfiantes images :

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

"Le Beau est toujours bizarre" : Dans "Une charogne", il a su extraire la beauté du mal. Les bases de la littérature antique, classique, sont transmuées en or. Mais Baudelaire n'est pas le poète d'une seule oeuvre, il a aussi écrit la Fanfarlo : C'est une nouvelle assez étonnante, sous la plume du traducteur de Poe, influencée par l'écriture balzacienne, notamment la longue nouvelle, La fille aux yeux d'or. Un jeune dandy, Samuel Cramer, poète à ses heures perdues, décide d'aider une femme vertueuse à reconquérir son mari, notamment en le libérant de sa passion pour la "Fanfarlo", une actrice. Samuel, se prête au jeu mais l'amour devient véritable passion... Ce qui est remarquable dans cette petite nouvelle étincelante et délirante, c'est l'esthétique de Baudelaire qui transparaît à chaque ligne : la haine de la femme naturelle, la pose du dandy, la malédiction de la création, l'éloge d'un certain romantisme mais le blâme de W. Scott... "Le temps était noir comme la tombe, et le vent qui berçait des monceaux de nuages faisait de leurs cahotements ruisseler une averse de grêle et de pluie. Une grande tempête faisait trembler les mansardes et gémir les clochers ; le ruisseau, lit funèbre où s'en vont les billets doux et les orgies de la veille, charriait en bouillonnant ses milles secrets aux égouts ; la mortalité s'abattait joyeusement sur les hôpitaux et les Chatterton et les Savage de la rue Saint Jacques crispaient leurs doigts gelés sur leurs écritoires, quand l'homme le plus faux, le plus égoïste, le plus sensuel, le plus gourmand, le plus spirituel de nos amis arriva devant un beau souper et une bonne table, en compagnie d'une des plus belles femmes que la nature ait formées pour le plaisir des yeux". Cette nouvelle nous plonge au cœur des obsessions baudelairiennes et ne manque pas d'ironie, de dérision, et d'autodérision (?)... Romanesque à souhait, réflexion sur le poète, sur le faux et le mensonge, La fanfarlo oscille entre le grotesque des personnages et le charme d'une écriture outrée.

 Baudelaire, La Fanfarlo, 1001 et nuits, 62 p.

Autres oeuvres : Les fleurs du mal/ Mon coeur mis  nu, Baudelaire,

12 janvier 2012

Le bras de la vengeance de Thomas de Quincey : ISSN 2607-0006

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Thomas de Quincey (1785-1859) est surtout connu pour être l'auteur des Confessions d'un mangeur d'opium, mais contraint d'écrire inlassablement pour ne pas être harcelé par ses créanciers, il écrit de nombreux textes aux tonalités très variées tels que Le bras de la vengeance. Cette nouvelle pose en quelque sorte les jalons du whodonit de part sa forme : dans une bourgade d'Allemagne, en 1816, une vague de crimes sanglants crée l'épouvante. L'horreur atteint son comble lorsque l'on ne trouvent pas de mobiles à ces méfaits.

Le choix de la première personne permet au narrateur, un professeur d'université, de narrer au lecteur que ce qui lui permet de maintenir le suspense, de garder secret jusqu'aux dernières pages l'identité du tueur secrète. Il s'interrompt volontairement pour ne pas mettre le lecteur sur la piste du vrai coupable tout en distillant savamment assez d'informations... pour nous mener sur une fausse piste. Une tension se crée surtout qu'on passe de citations de Wordworth à des meurtres sauvages et inexpliqués.

En plus d'un conteur habile, cette nouvelle relate des éléments sur les juifs allemands. Sans être une nouvelle historique, cette dimension tranparaît et explique en partie l'intrigue : la politique de l'époque sans être le thème principal de ce bref récit est abordée indirectement, là où on n'attend qu'un récit policier. Cette découverte, sans être un chef d'oeuvre, permet d'entrer dans les débuts de la littérature policière anglaise.

Participation au mois anglais organisé par Lou, Cryssilda et titine.

Challenge de la nouvelle organisé par Sabbio.

30 octobre 2011

L'histoire d'un mort racontée par lui-même de Dumas : ISSN 2607-0006

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Dumas (biographie sur le site Larousse) est plus connu pour ses fameux mousquetaires ou La reine Margot que ses histoires fantastiques.  Ces nouvelles -" Histoire d'un mort racontée par lui-même", "Les bonnets de coton", "Les mille et Un Fantômes", "Les mariages du pères Olifus", "La Quarantième Ours", "Une légende de la forteresse de Saint-Petersbourg", "Les étoiles commis-voyageurs"," Désir et Possession" - frappent par leurs diversités narratives, tantôt se rapprochant de l’apologue pour "les étoiles commis voyageurs" tantôt se rapprochant de la nouvelle policière pour "Les mille et Un fantômes"... et par leur diversité de styles.

On retrouve un peu du Dumas feuilletoniste qui use d'habileté et de suspense et d'une écriture hyperbolique. Dumas ne fait pas dans la dentelle. Même dans leur dépouillement, ces nouvelles recherchent l'insolite et la surprise : meurtre, folie, une tête coupée qui parle, un descendant de Cagliostro, un collectionneur de corbeaux qu'il cloue vivants... La première nouvelle bien qu'avec une fin décevante n'est pas dénuée d'humour. Satan dit à un mort qu'il vient de résusciter : " essuie-toi le visage, tu as un ver sur la joue", il semble se moquer dans ce conte, des éléments traditionnels du fantastique avec le pacte faustien, le mort-vivant...

Ces nouvelles fantastiques, proche de l'esthétique d'un Hoffmann, se colorent toutefois de manière surprenante d'un certain engagement, la lutte contre la peine de mort, Dumas lui-même mis scène disant : "J'écoutais avidement ; cette question de la peine de mort appliquée soit par la corde, soit par le fer, soit par le poison, m'ayant toujours singulièrement préoccupé comme question d'humanité". Quant "aux étoiles commis-voyageurs", envoyées par Jupiter, elles apportent vertus et bontés aux hommes. Mais la société que dépeint L'auteur du comte de Monte-Cristo est celle de son temps et apparaît peu reluisante. Dans "Une légende de la forteresse de Saint-Pétersbourg", on retrouve un peu l’ambiance des grands romans historiques de Dumas avec leur part de suspense, mais sans le souffle qui les caractérise... Cependant, tous ces courts récits présentent divers aspects très prenants et surprenants, et méritent d'être redécouverts.

 Dumas, L'histoire d'un mort raconté par lui-même, Points, 263 p.

billet ici de Niki

Challenge Halloween, de Lou et Hilde.

Challenge Dumas, d'Ankya.

Challenge de la nouvelle de Sabbio.

15 octobre 2011

Les chroniques de Mudfog de Dickens : ISSN 2607-0006

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Les chroniques de Mudfog contiennent tout ce qu'on a appelé "the dickensian charm" même s'il est moins présent dans la première partie " la vie publique de Monsieur Tulrumble", très édifiante, sur l'ascension d'un humble charpentier devenu un odieux maire : l'Argent et le Pouvoir le corrompt et le transforme en infâme rigoriste.

Mais la suite des chroniques sont complètement délirantes bien que sous leur vernis de non-sense, percent parfois les réalités de l'époque comme la lecture de " quelques réflexions sur les puces laborieuses, et sur la nécessité de créer des maternelles parmi les classes industrieuses de la société ; de diriger leurs activités vers des fins utiles et pratiques et de consacrer l'excédent de leur production  à assurer une retraite confortable et respectables aux plus âgées d'entre elle". Et notre auteur de développer des paragraphes cocasses sur les "puces savantes", des duels de puces etc... Parfois incongrus, souvent absurdes, "Ces rapports complets des réunions de l'association de Mufog pour l'avancement de toute chose" suscitent un rire subversif et contestataire, tout en jouant du grotesque : les personnages sont tous des caricatures de scientifiques avinés, au nom éloquent.

Quelle maîtrise dans ces peintures caricaturales de scientifiques ! Ces chroniques écrites au début de la carrière et encore signé Boz ( biographie de Dickens sur le site Larousse) abordent aussi le théâtre dans des propos très shakespeariens - " La ressemblance étroite entre les clowns de cirque et ceux de la vie quotidienne sont frappantes" ( p. 127) - où la pantomime serait le vie, où tous les grands ressorts du romanesque dickensien sont portés en germe. On passe en compagnie de ce livre, un véritable moment d'humour britannique : " gaieté d'imagination et veine comique". Un récit allègre...

 Dickens, Les choniques de Mudfog, le Rocher, 153 p.

Autres oeuvres : Le grillon du foyer, L'homme hanté, Oliver Twist,

Challenge Dickens d'isil

Lu aussi par Lou, Mango,

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13 août 2011

Le club du suicide de Robert Louis Stevenson : ISSN 2607-0006

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 Le club du suicide est une nouvelle humoristique comme son titre et son thème ne l'indiquent pas, très différente des chefs d’œuvre de Stevenson tel que le roman d'aventure  L'île au trésor ou comme la nouvelle fantastique L'étrange cas du docteur Jeckyll et M. Hyde.

D'extravagances en folie et de folie en extravagances, nos personnages vont vivre un imbroglio proche des intrigues de romans feuilletons. En trois chapitres, décors et personnages différents sont dépeints ainsi que des situations cocasses à foison... "Le jeune homme aux tartelettes à la crème", met en scène un excentrique prince accompagné de son écuyer, qui pour échapper à une vie qu'il aborde "avec la sérénité d'un laboureur", décide de chercher des aventures en se déguisant. Là, à Londres, dans une auberge, il découvre un jeune homme ruiné qui leur propose un étrange pacte : participer à un jeu de cartes qui aboutit à la mort d'un des participants et un autre joueur est désigné pour le tuer... Le président du club - qui transforme ces candidats au suicide en meurtrier - va être traqué par le prince Florizel... "Le docteur et la malle de Saragota" : A Paris, un jeune américain naïf et exalté a rendez-vous avec une inconnue mais en rentrant chez lui il découvre un cadavre dans son lit ! Que va-t-il faire ? "Aventure en fiacre" : Des hommes sont enlevés dans la rue et amenés à la soirée d'un mystérieux M. Morris. Quel est le lien entre ces trois histoires loufoquement morbides ?

En plus des situations cocasses, l'auteur sait donner vivacité au ton du récit en employant un conteur, habile à lier trois histoires créant suspense et attente, et surtout raconter avec humour - noir il est vrai - en dépeignant des personnages de manière caricaturale. Le récit débridé, avec des outrances, déguisements, fausses identités, meurtres, permet à Louis Robert Stevenson de nous parler du bien, du mal et de la mort avec beaucoup de fantaisie et de talent. Une nouvelle qui donne envie de poursuivre la lecture des œuvres de cet auteur...

Stevenson, Le club des suicidés, Folio, 138 p.

Autre roman : L'île au trésor

Challenge kiltissime, organisé par Lou et Chryssilda.

billet de Lou.

16 avril 2011

Le miroir et Kerfol et autres histoires de fantômes d'Edith Wharton : ISSN 2607-0006

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Surnommée "l'ange de la dévastation", Edith Wharton (biographie Alalettre.com) est hantée par un sentiment d'obscurité qu'elle explique par une anecdote, racontée dans un fragment autobiographique inédit. A l'âge de neuf ans, elle attrapa la fièvre typhoïde et resta allitée pendant des semaines, entre la vie et la mort. Elle séjournait alors dans la Forêt noire. La lecture de contes de voleurs et de fantômes provoquèrent une rechute sur la convalescente impressionnable. Si la vie amoureuse malheureuse d'Edith Wharton transparaît dans le destin de ses héroïnes, ses nouvelles fantastiques distillent une angoisse qui prend ses racines dans son enfance. Cette sombre menace apparaît dans le recueil Kerfol et autres histoires de fantômes, qui comprend certaines nouvelles publiées dans Le triomphe de la nuit*.

" L'ensorcelé" : "Quelque chose ne tourne pas rond chez nous. Voilà tout. [...] On a jeté un sort sur Mr Rewtledge", déclare sa femme. En effet, son mari Saul avoue rencontrer le fantôme d'une femme qu'il a aimée dans sa jeunesse avant de rencontrer Prudence mais morte subitement, Venny Brand. Sa femme déclare avoir vu le fantôme devant le diacre et Sylvester Brand, père de jeunes filles. Le père décide de venir au prochain rendez-vous entre Saul et sa fille morte... "l'âme de qui pèche périra", "tu ne laisseras point vivre une sorcière", (la bible) : ces phrases sont gravées dans la maison des Rewtledge indiquant par là le puritanisme régnant, laissant affleurer  l'influence d'un romancier comme Hawthorne. L'énigme qui plane sur cette récit n'est pas entièrement levée, l'angoisse n'est pas non plus vraiment présente, mais dans cette nouvelle domine plutôt l'intérêt des convenances et de la morale, auréolés d'une aura mystérieuse...

 "Après coup" : Mrs Atlee est une vieille dame ennuyant sa nièce jusqu'au jour où elle évoque le fait qu'elle a fait du tort à Mrs Clingsland, une riche connaissance. Celle-ci, vieillissante, demande à Mrs Atlee, spirite à l'occasion, de lui donner des messages d'un amant qui est mort lors du naufrage du Titanic.  Commence une relation épistolaire avec cet amant... Mêlant histoire de revenants et angoisse du temps qui passe, E. Wharton arrive à allier la catastrophe du Titanic et une histoire de spiritisme, pour méditer sur l'amour d'une manière singulière.

Assez inégal, " la baie des trépassée" étant une nouvelle n'ayant comme intérêt que l'atmosphère, diverses influences se croisent dans ce recueil que ce soit l'influence gothique des soeurs Brontë ou celle fantastique de James. Avec James, Wilde, Wharton, naît le "gothique des affaires" où l'incertitude est suscitée par un monde se modernisant.

Wharton, Kerfol et autres histoires de fantômes, Livre de poche, 251 p.

Wharton, Le miroir, Folio 2 euros.

Autres romans : Le triomphe de la nuit, Les lettres, Xingu, Chez les heureux du monde, Les boucanières

challenge Edith Wharton organisée par Titine, site plaisir à cultiver.

Challenge de la nouvelle chez Sabbio ! (Novelliste en herbe)

* "Kerfol", "Les yeux" ...

27 mars 2011

Les oiseaux de Daphné Du Maurier : ISSN 2607-0006

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Immortalisé par A. Hitchcock, "les oiseaux" de Daphné du Maurier est une nouvelle assez effrayante où l'Angleterre est soudain envahie par des oiseaux, s'attaquant aux hommes. Quelle en est la raison ? Dans une atmosphère apocalyptique, Nat Hockens, ancien combattant, lutte pour sa survie et celle de sa famille dans une campagne dévastée par ce nouveau fléau : vont-ils résister à l'attaque incessante des oiseaux ?

Recueil de nouvelles*, les oiseaux  met en scène différents milieux sociaux à la croisée des genres, fantastique, policier, surnaturel... mais toujours pour mieux surprendre le lecteur en le terrifiant par une étrangeté issue du quotidien. Pour Henry James, et c'est aussi le cas dans ce recueil de la romancière, "les mystères les plus mystérieux [...] sont à notre porte".

Chaque nouvelle s'ouvre sur un quotidien banal, minutieusement décrit pour s'enrayer aussitôt : dans "Mobile inconnu", Mary Farren se donne subitement la mort. Quel mobile est à l'origine du geste de cette femme à qui tout souriait ? Elle a fait un mariage au-dessus de sa condition, elle attend un enfant... Son mari engage un privé pour enquêter sur le passé de sa femme. La construction diabolique de cette nouvelle est digne des romans policiers victoriens !

"J'ai passé par la brèche en m'essoufflant un peu, puis j'ai regardé autour de moi et vous me croirez si vous voulez, elle était couchée sur une pierre longue et plate, les bras sous sa tête et les yeux fermés. [...] Mais se coucher comme ça sur une tombe, ça n'avait pas l'air naturel". Récit à la première personne, le titre mièvre "Encore un baiser" est démenti par une histoire très sanglante : un jeune garagiste tombe amoureux d'une jeune femme à l'allure étrange qui aime se promener la nuit dans les cimetières. Qui est-elle ? Pourquoi doit-elle fuir ? Pas de vampirisme, loin des thèmes gothiques chers à la romancière dans Rebecca ou L'auberge de la Jamaïque,  ces nouvelles énigmatiques ancrées dans le quotidien distillent une angoisse croissante jusqu'aux dernières lignes.

 Du Maurier, Les oiseaux, Livre de poche, 446 p.

Autres romans : L'auberge de la Jamaique, Rebecca,

* Ce recueil comprend 7 nouvelles : "Les oiseaux", "le pommier", "Encore un baiser", "Le vieux", "Mobile inconnu"," Le petit photographe"," une seconde d'éternité".

Lu dans le cadre du challenge de la nouvelle de Sabbio.(Novelliste en herbe).

5 février 2011

Le tour d'écrou d'Henry James : ISSN 2607-0006

 

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 Le tour d'écrou est certainement le chef d'oeuvre de la littérature fantastique. Commençant comme un récit traditionnel, une histoire racontée autour d'un feu, le thème de la nouvelle l'est beaucoup moins. Annoncé comme un récit "épouvantablement épouvantable", l'histoire de la gouvernante commence pourtant comme un conte de fée. Par amour pour son employeur, une jeune fille accepte de travailler dans d'étranges conditions : elle doit élever deux enfants mais sans jamais faire part de ses problèmes à l'oncle des deux enfants.  Le lecteur ne sait que par bribes les histoires antérieures de ces deux enfants que la gouvernante accepte de prendre en charge : morts des parents, le départ de plusieurs gouvernantes... Assez vite la jeune gouvernante, sensible et impressionnable, va avoir des hallucinations.

Les deux enfants, Flora et Miles sont-ils mauvais ? Hallucinations ou réalité ?  Et tout au long du récit, irréel et réel, beauté et épouvante se côtoient jusqu'à l'acmé finale. Jamais l'art de l'implicite et de la litote de James (biographie Larousse) n'ont été aussi présents que dans cette nouvelle envahie par "l'inquiétante étrangeté".

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Si le téléfilm de Fywell  est impeccable au niveau de la réalisation et de l'atmosphère, l'écriture fantastique est occultée par un parti pris du réalisateur : la narratrice, la jeune gouvernante est dans un asile. Il semblerait d'emblée qu'elle soit folle. Son éducation, sa jeunesse expliquent ses hallucinations : une tendance nettement psychanalytique a été faite de l'oeuvre jamesienne. Le réalisateur joue nettement aussi sur l'opposition entre le bien et le mal. L'innocence et la beauté incarnées par les enfants contrastent avec la noirceur des adultes et des scènes d'orage et d'apparitions... faisant apparaître un thème fantastique absent de l'oeuvre de James : "j'ai vu le diable", dira la narratrice. Un beau film d'époque mais très éloigné de l'univers de James.

 James, Le tour d'écrou, Livre de poche, 159 p.

Autre oeuvre : Daisy Miller

Adaptation en téléfilm de Tom Fywell, 2009, 90 min.

Challenge Henry James de Cléanthe.

18 décembre 2010

Le mystère de Fernwood de Mary Elizabeth Braddon : ISSN 2607-0006

 

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L'oeuvre de Mary Elizabeth Braddon s'inscrit dans la lignée des romans anglais à énigme, mystérieux, du XIXeme siècle. Le mystère de Fernwood et la vengeance de Samuel Logwood présente une atmosphère et une intrigue similaires aux romans de l'époque, ceux de Wilkie Collins ou de Le Fanu.
Le mystère de Fernwood

Fernwood est un château qui renferme un secret que va découvrir Isabel, à son insu. Invitée par son futur mari Laurence Wendale et sa belle-famille, elle découvre une propriété envahie par la poussière et la tristesse : « il semblait que le château, les parcs et le châtelain lui-même fussent tombés en décadence ensemble ». A cette tristesse inquiétante, s'ajoute la froideur de la lettre de sa belle-mère :  « C'était la première et vague indication de ce terrible écueil contre lequel devait se briser mon existence, le premier anneau de la chaîne de ce grand mystère, dans lequel tant de destinées étaient enveloppés". Etrangement, un parent pauvre est caché dans la maison et même Laurence Wendale ignore sa véritable identité. Mais qui est ce Mr Thomas que tout le monde s'obstine à cacher ? Pourquoi est-il si précieux aux yeux de sa famille ?

La vengeance de Samuel Logwood :
Christophe Welson, jeune homme de bonne famille, bel homme, est accueilli chaleureusement chez l'armateur Tyndale et Tyndale. A ses côtés, Samuel Logwood, un pauvre commis n'ayant pas une aussi heureuse naissance que lui, orphelin et pauvre, le jalouse férocement, surtout lorsqu'il découvre que Christophe fait la cours à Lucy, leur jolie mais désargentée voisine. Mais un jour, il découvre que ce dernier a fait un faux pour payer une note de tailleur. Samuel décide de racheter ce faux, étouffe l'affaire et attend de sortir cette preuve de la malhonnêteté de Christophe au moment opportun... Il demande Lucy en mariage, tout en sachant que celle-ci aime encore Christophe, qui est parti à Londres, devenu un important personnage. Arrivera-t-il à mettre en place sa terrible vengeance ?
Dans ces deux intrigues, on reconnaît très vite des topos de romans gothiques : fantômes, secrets honteux, meurtres, jalousie, jeune fille naïve et manoirs délabrés. Proche d'intrigues comme L'abîme de Dickens et Wilkie Collins pour la vengeance de Samuel Logwood ou de Secret de famille de Louisa May Alcott, les histoire restent surprenantes par leur véritable noirceur sous des dehors anodins : pas de fins heureuses pour nos héros. Racontés à la première personne, la narration met l'accent sur les sentiments des personnages principaux que ce soit le désespoir d'Isabel ou la joie malsaine de Samuel, trompés par les apparences, ce qui permet un retournement de situation final. Ce n'est pas le mystère qui est l'atout de ces nouvelles, bien que les intrigues soient efficaces, mais bien l'analyse des profondeurs de l'âme humaine. Deux nouvelles d'influence gothique, qui méritent d'être recouvertes...

Braddon, Le mystère de Fernwood, suivi de La vengeance de Samuel Logwood, Labyrinthe, 87 p.

Autre roman : Aurora Floyd, Le secret de la ferme grise
L'avis de Cécile ici.

Lu dans le cadre du challenge Braddon de Lou.

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