29 janvier 2023

Journal inquiet d'Istanbul d'Ersin Karabulut : ISSN 2607-0006

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#JeNeSeraiPasIngenieur

Le journal inquiet d'Istanbul est l'autobiographie en image d'Ersin Karabulut, qui a reçu le prix de la BD Fnac France Inter. Ce dernier raconte son parcours qui l'a amené à devenir un bédéiste turc très connu en étant publié dans le Penguen, un journal satirique. Enfant, il restaurait les bd abîmées qu'il trouvait et s'est farouchement opposé à la volonté de ses parents qui le poussait à faire des études. A chaque étape importante de sa vie, les héros de ses bd l'ont accompagné.

Finalement, il entre dans une université pour étudier le graphisme mais ses parents sont inquiets : Erdogan intente un procès à un journal satirique pour l'avoir représenté sous les traits d'un animal... Ersin prend-il des risques en continuant à dessiner pour Penguen. ?

En effet, ce journal qui a été d'abord publié sous la forme d'une autobiographie feuilletonnesque et intitulé du "Fond du coeur", a failli être interrompu à cause des incessantes disputes entre Ersin et son père. A un moment où Erdogan est populaire, n'est-il pas dangereux de s'opposer à son régime, surtout qu'Ersin est inquiété par des hommes barbus ? Au-delà de la vie d'un citoyen et d'un artiste d'Istanbul, se déploie toute une fresque politique des années 1980 à 2000.

Pourquoi continue-t-il ce métier ? "Erdogan peut perdre ce procès aujourd'hui. Mais il en intentera d'autres. Et ses successeurs feront pareil. Il nous appartient, à nous, de lutter contre ces gens.Voilà pourquoi nous dessinons. Pas pour épater les filles...", explique un des collègues d'Ersin. Maintenant, nous attendons la suite des aventures de ce caricaturiste ! Coup de coeur ♥♥ !

Karabulut Ersin, Journal inquiet d'Istanbul, Dargaud, 149 p.

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07 septembre 2022

Le bestiaire du crépuscule de Daria Schmitt : ISSN 2607-0006

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Qui est Daria Schmitt ? "Après des études d'histoire puis d'architecture, Daria Schmitt travaille pour différentes entreprises du spectacle, pour lesquelles elle dessine des décors, réalise des story boards, et des visuels d'événements.

Elle enseigne quelques années dans une école d'arts appliqués, avant de participer à la création d'une agence d'architecture et de muséographie.

En parallèle, elle commence la bande dessinée, et signe son premier projet chez Casterman. Elle réalise avec cet éditeur, quatre albums. Le dernier, Ornithomaniacs, en noir et blanc, reçoit le prix Artémisia mention dessin en 2018. En 2022, le Bestiaire du crépuscule, un album au dessin hors normes en hommage à HP Lovecraft et à la littérature fantastique, est publié dans la prestigieuse collection Aire Libre... Daria Schmitt se consacre désormais pleinement à la bande dessinée, à l'illustration, et au concept art. Elle vit et travaille à Paris." ( présentation du site Dupuis).

Intégrée entièrement au milieu du Bestiaire crépuscule de Daria Schmitt, la nouvelle L'étrange maison haute dans la brume de Lovecraft semble dialoguer avec la bd de Daria Schmitt. Providence - ville où a vécu Lovecraft - est gardien rêveur dans un parc étrange où des formes fantasiques apparaissent la nuit... Mais notre gardien ne mène pas une vie tranquille dans ce jardin fantastique car la directrice veut rendre attractif le parc, le moderniser et évaluer les compétences de ses employés... Trois vieilles femmes jouent un rôle bizarre dans cette histoire non moins bizarre où un livre jeté dans une petite mare contamine de ses monstres l'endroit... et qu'une grande maison apparaît dans une brume fantastique...

Jeu de mots, personnages croquignolets, métamorphoses invraisemblables, apparitions créent une ambiance très lovecraftienne. Les magnifiques dessins en noir et blanc sont parfois rehaussés de couleurs. Cette bd aussi foisonnante qu'Ornithomaniacs - tous les événements s'enchaînent d'une façon complètement improbables - est un bel hommage à Lovecraft !

Daria Schmitt, Le bestiaire du crépuscule (Dupuis) Les animaux fantastiques

Daria Schmitt, Le bestiaire du crépuscule, Dupuis, 2022.

 #dariaschmitt #illustratrice #becensabotdunil #bd #illustratrice #illustratricefrancaise #lebestiaireducrépuscule #comicbook @dupuis_bd #dupuisbd #lovecraft #fantastique

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18 juillet 2022

Les cahiers d'Esther, Histoires de mes 15 ans de Riad Sattouf : ISSN 2607-0006

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Comme chaque année, un des cahiers d'Esther est sorti, celui de ses 15 ans. Qu'arrive-t-il à Esther ? Comme tout le monde, elle a subi le confinement, elle passe son brevet et essaie de s'amuser malgé tout avec ses "meufs". On voit donc son point de vue sur les garçons, ses parents, la crise coronavidienne... Elle évoque aussi ses artistes préférés, ses relations avec ses frères, ses parents, des élèves de sa classe.

Comme avec la saga Harry Potter, une certaine génération grandit avec cette fille réelle, reflet des aspirations des adolescents. Esther ne paraît pas amusante aux yeux de ses camarades ? Elle décide donc de faire une fête avec de l'alcool ( ses parents sont dans le restaurant au-dessus de la salle louée, mdr). Mais ce ne sont pas que des moments drôles qui sont évoquées dans cette BD. Dans une mise en abyme, on la voit lire les cahiers d'Esther, sa propre vie : elle mène une petite introspection sur son comportement envers ses anciens camarades. Elle sort acheter des gâteaux pendant le confinement : elle évoque aussitôt la situation des caissières obligées de travailler... Son père surveille son temps passé sur son téléphone et ne veut pas qu'elle ait instagram. Comment le conflit va-t-il se résoudre ?

Avec un grand sens de l'observation et de l'humour, Esther détaille sa vie quotidienne, ses rêves, ses sms pour notre plus grand plaisir ! Ses relations avec son grand frère évoluent et ce dernier finit par quitter l'appartement familial. Maintenant qu'Esther va rentrer au lycée, qu'aura-t-elle à nous raconter dans le nouvel opus sorti cette année en juin 2022 ?

Sattouf Riad, Les cahiers d'Ether, histoires de mes 15 ans, Allary édition, France, mai 2021, 54 p.

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28 juin 2022

Simone Veil, l'immortelle, de Bresson et Duphot : ISSN 2604-0006

Paris, 26 novembre 1974. C'est par cette date que commence la BD Simone Veil, l'immortelle de Bression et Duphot : c'est l'année où le combat de la ministre de la santé dans le gouvernement de Jacques Chirac commence. Elle doit défendre son projet  sur l'interruption volontaire de grossesse. Elle doit faire face aux hostilités : " je suis décidée à aller jusqu'au bout, ce ne sont pas les obstacles qui vont m'arrêter, surtout lorsque l'on a vécu une adolescence sous le régime nazi. [...]. Je ne me laisserai pas abattre par ce torrent de haine et je ne montrerai pas à tous ces hommes qu'une femme est plus fragile qu'eux". (p. 99).

Les deux auteurs, Bresson et Duphot ont mis en image la vie de Simone Veil avec la narration de sa bataille politique mais aussi des retours en arrière décrivant sa jeunesse à Nice au moment des premières offensives antisémites, en 1940. Une autre analepse dépeint sa vie dans les camps. Pour chaque époque de sa vie, ce que retiendront ces deux auteurs, c'est le courage, la détermination, l'humanité de cette femme panthéonisée. A l'heure où en Arkansas, les dernières cliniques d'avortement ferment leurs portes (En une de Libération, lundi 2 juin 2022, "Liberté, égalité, IVG, La décision de la Cour suprême américaine de réduire la liberté d'avorter rappelle au monde la fragilité des acquis sociétaux. En France, la volonté d'inscrire ce droit dans la Constitution tourne à la bataille polititique"), il est nécessaire de se rappeler la lutte de Simone Veil pour le droit des femmes. Annie Ernaux parle aussi de sa propre expérience de l'avortement dans L'événement. Des livres à connaître !

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22 mai 2022

Le voyage de Phoenix de Jung : ISSN 2607-0006

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"Le phoenix est un oiseau légendaire qui a le pouvoir de renaître de ses cendres après s'être consumé sous l'effet de sa propre chaleur. Il incarne l'immortalité, la résurrection et la pureté... [...]Lorsqu'il sentait sa mort venir, il se construisait un nid d'herbes aromatiques pour s'y consumer. Il en renaissait un nouveau Phoenix...". Cet oiseau symbolise la résilience humaine. Comment survivre à la mort d'un enfant ? Comment continuer à vivre lorsqu'on est exilté et qu'on a tout perdu ? Chacun des personnages mis en scène dans Le voyage de Phoenix de Yung doit surmonter les difficultés de la vie.

Jennifer travaille dans un orphelinat coréen. Elle se sent proche d'eux car elle n'a pas connu son père, qui a fait la guerre de Corée, et sa mère refuse de lui en parler. Elle aime particulièrement Kim, un petit orphelin qui va être adopté par un couple américain Hélen et Aron, un illustrateur pour album pour enfants. Le couple donnera régulièrement des nouvelles du petit Kim, qui s'adapte rapidement à sa nouvelle vie dans le Minnesota, appelé l'Etat aux" dix mille lacs" et aux "dix mille coréens adoptés".  Jennifer rencontre un jeune nord-coréen, qui a réussi à s'échapper d'un camp de travail. Elle va aussi rencontrer un ancien soldat de l'armée américaine resté en Corée du Sud, après la guerre, qui va lui en apprendre davantage sur son père...

Chaque personnage - Kim, Aron, Helen, Jennifer et Lee San Ho - vit des drames, des moments heureux... Jung tisse à nouveau des thématiques déjà présentes dans son autobiographie Couleur de peau : miel, comme l'adoption, la recherche identitaire, le deuil d'un proche... Il a aussi ajouté l'histoire de la guerre de Corée (à travers la vie du père de Jennifer ou du réfugié nord-coréen). On retrouve aussi son magnifique coup de crayon, qui transcrit aussi bien les moments sinistres comme les descriptions des camps de travail mais aussi des moments de bonheur entre Kim et son père adoptif... Une bande dessinée magnifique et poignante !

Jung, Le voyage de Phoenix, Quadrants, septembre 2015, 300 p.

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Le voyage de Phoenix; Jung

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14 février 2022

Sillage, tome 3, Engrenage : ISSN 2607-0006

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Qu'est-ce que ce "Sillage" ? Ce terme désigne un ensemble de vaisseaux spaciaux dans lesquels vivent plusieurs espèces aliens et une humaine, Nävis. Cette bande-dessinée Sillage du scénariste Jean-David Morvan et du coloriste Buchet est donc un space-opéra.

Mais le tome 3, "Engrenage", se situe sur une planète en pleine ère industrielle, rempli d'écrous, de hauts-de-forme et de vapeur chers aux vaporistes. Regardez aussi Nävis, déguisée pour sa mission, sur la couverture : lunettes d'aviateur, veste cintrée et sacoches en cuir tellement steampunks !

La jeune fille doit aller sur une planète habitée par des puntas, race autchotone et par des êtres ressemblant à des humains. Nävis espère y trouver des réponses sur ses origines, étant la seule humaine sur Sillage. Elle doit, en outre, découvrir ce que trame les gens de cette planète dans une sorte de forteresse cachée sous la glace. La constituante de Sillage craint qu'une arme secrète y soit dissimulée. La jeune fille atterrit sur cette planète au moment d'une émeute : le peuple se révolte contre le haut-pair car de nombreux intellectuels disparaissent. Que deviennent-ils ? Que cachent les dirigeants ? 

Tout en remplissant sa mission, Nävis se révolte contre la condition réservée aux puntas vivant en marge de la société, dans des décharges. Indignée, elle veut leur venir en aide. Ce n'est pas la seule critique que l'on peut découvrir dans ce tome. Nävis voit clair dans le jeu de la constituante de Sillage, qui ne colonise que les planètes exploitables...

Extrêmement coloré, avec un graphisme impeccable, cet opus alterne entre l'univers de science-fiction dans lequel évolue désormais notre héroïne, entourée d'humanoïdes, d'extra-terrestes et le monde des puntas dans un style très XIXeme siècle : il est question de "héros romantique" et certaines images font penser à l'esthétique de Delacroix, à l'univers des Misérables de Victor Hugo...

Révolution, actions, belles cités indutrielles, Nävis arrive à nous embarquer tout de suite dans ses aventures !

 

bingo à vapeurSillage, tome 3, Morvan et Buchet, Delcourt, Belgique, 2000, 54 p.

PArticipation "Lutte des classes" au bingo à vapeur de Miss Chatterton

 

 

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08 novembre 2020

Cahiers d'Esther de Riad Sattouf : ISSN 2607-0006

Riad sattouf 001article du "20 minutes" du jeudi 11 juin 2020 d'Olivier Mimran

En juin de cette année 2020, peut-être que la publication du cinquième tome des Cahiers d'Esther ne vous aura pas échappé. Si vous ne connaissez pas encore cette série de BD, il faut savoir que les planches qui racontent des tranches de vie de l'adolescente, dessinées par Riad Sattouf, sont inspirées d'une véritable personne. Lisez comme elle se présente sur la quatrième de couverture :

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Outre l'humour très apréciable, on peut découvrir la vie d'une jeune fille du XXIeme siècle en temps réel : quels sont ses aspirations ? Qu'écoute-t-elle comme musique ? Quelles sont ses relations avec ses parents, son frère, ses copines ?

Chaque planche aborde divers thèmes comme la politique, la musique, la famille... Sérieux, triste ( le harcèlement en classe) ou léger, les sujets reflètent les intérêts, le comportement de toute une génération. Le langage, les goûts vestimentaires ou musicaux, l'attitude adoptée dans la cour de récréation reflètent ceux de toute une génération. Le quotidien d'Esther commence à l'âge de 10 ans et elle en a actuellement 14 : on voit donc l'héroïne évoluer de tome en tome.

Les-Cahiers-d-Esther-tome-5-Histoires-de-mes-14-ansCette BD humoristique, grâce à des commentaires sans fard faites par la jeune fille, et presque sociologique, nous renseigne sur la génération 2.0. Et si vous êtes intéressés par le portrait de la jeunesse contemporaine, vous pouvez visionner les planches adaptées fidèlement sur le petit écran ou retrouver les histoires prépubliées dans L'Obs chaque semaine.

Sattouf Riad, Cahiers d'Esther, tome 5, Histoire de mes 14 ans, Allary édition, France, mai 2020, 54 p.

Sur le web : Mimran Olivier, "Les cahiers d'Esther", "Le confinement avec ses parents, la vraie Esther a trouvé ça un peu relou", confie Riad Sattouf", 20 minutes, mise en ligne le 11 juin 2020. URL :  https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2796703-20200611-cahiers-esther-confinement-parents-vraie-esther-trouve-ca-peu-relou-confie-riad-sattouf

site facebook de Riad Sattouf

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Illustration "Heuss l'Enfoiré", Les cahiers d'Esther © Riad Sattouf

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Pl. "Le débat", Les cahiers d'Ester © Riad Sattouf

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15 décembre 2019

Culottées de Bagieu II, 1 : ISSN 2607-0006

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Ces dernières années ont vu fleurir de nombreuses anthologies biographiques sur les femmes : on peut penser Aux douze scandaleuses de l'histoire de Marc Fourny (billet Le salon des lettres), Aux sorcières de la littérature (billet de Cathulu), Sorcières la puissance invaincue des femmes (billet de Hilde), 7 femmes de Salvayre (billet Niki)... Que ce soit des essais féministes comme l'essai de Mona Chollet ou des biographies comme Il était une fois des femmes fabuleuses, ces écrits démontrent que quelle que soit la période, les romancières, aviatrices, chanteuses ont été négligées, oubliées... Dans Culottées 2, Bagieu leur redonne une place de choix en dessinant leur histoire.

product_9782072833373_195x320Après la publication en deux volumes, en poche, de Culottées 1, voici la sortie du deuxième volume, toujours en deux parties chez les éditions Folio. Dans cette BD en poche, on y découvre donc les destins de 7 femmes. Certes les biographies sont succintes mais la BD présente une grande variété de figures féminines, comme le portrait de l'athètle Chéryl Bridges (planche 2), celui de chanteuses telles que Betty Davis ou de scientifiques

Bette davis 001Les couleurs, les graphismes donnent de la vivacité à ces récits de vie contrairement à ceux de l'illustratrice Bodil Jane où Frida Kahlo ou Marie Curie ont l'air complètement figé (dans Il était une fois des femmes fabuleuses). Graphiquement magnifique, de très belles doubles pages (planche 1) séparent chaque récit de vie. Le petit format n'empêche pas une lecture aisée et ne perd pas en qualité, les pages étant sur papier glacé épais. Une belle édition pour de beaux portraits !

Pl. 1 Culottées, II, 1 © Bagieu

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Pl. 2 Culottées, II, 1 © Bagieu

Les auteurs, les époux von Grut, d'Il était une fois des femmes fabuleuses ont aussi fait le choix de raconter la vie d'une dizaine de femmes célèbres. Si les illustrations n'apportent rien au propos, on peut souligner le ton de l'oralité choisi. Comme dans les contes, les narrateurs semblent directement s'adresser aux lecteurs : ce ton de la conversation nous fait découvrir sans ennui la vie de ces femmes remarquables comme Marie Curie, Frida Kahlo ou J.K. Rowling... La biographie de Wangari Maathai commence ainsi : " Nous allons vous parler d'une femme que l'on appelle la Mère des arbres, une grande dame qui vécut en Afrique et qui eut beaucoup de courage pour affronter des hommes prêts à tout pour faire disparaître la forêt. Mais, pour raconter cette histoire fabuleuse, mettons-nous à l'ombre des grands arbres et laissons-nous inspirer..." (p. 13).

001L'album et la BD  - graphiquement très belle ( planche 3) - présentent des biographies succintes mais elles suscitent notre curiosité et nous poussent à lire d'autres ouvrages pour en savoir davantage. Elles s'adressent aussi aux plus jeunes, favorisant ainsi leurs connaissances sur la condition de la femme...

Pl. 3 Culottées, II, 1 © Bagieu

Bagieu, Culottées II, 1, Folio BD, France, octobre 2019, 95 p.

Von Grut, Il était une fois des femmes fabuleuses, Larousse jeunesse, 2008, 45 p.

Autres BD : Cadavre exquis. Culottées I, 1,2, Culottées 2

Sur le web : Lecture sans frontière

Partenariat Folio.

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08 mai 2019

Zaï zaï zaï zaï de Fabcaro : ISSN 2607-0006

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http://6pieds-sous-terre.com/zai-zai-zai-zai-un-road-movie/-u946

Fabcaro présente un univers déjanté dans ses BD ou ses romans. Cet univers rappelle celui de Quentin Dupieux, où le quotidien devient absurde et improbable : le bédéiste n'a pas sa carte du magasin au moment de payer ses courses. Aussitôt, il est pourchassé comme un dangereux délinquant. Voici trois raisons de lire cette BD si ce n'est pas déjà fait !

1. L'humour : Fabcaro sait créer des décalages des plus comiques. Se mettant en scène comme un bédéiste humoristique, voyons la définition qu'il en donne : " il s'agit d'un courant d'auteurs qui s'inspirent de situations du quotidien et les déforment de manière à détendre les gens, voir en dans certains cas à les faire sourire". Effectivement, le sourire, voire des explosions de rire, nous quitte pas devant ce road movie déroutant. Dans sa fuite éperdue, le bédéiste fait du stop. Qu'arrive-t-il au personnage principal ? "Et allez évidemment, un groupe de gospel pile là où je fais du stop, classique", constate-il ! Les détournements d'objets du quotidien sont parfaitements risibles : l'auteur menace le vigile avec un poireau et ce dernier menace notre anti-héros de faire une roulade arrière !

2. L'art de la chute : les planches se succèdent mais les personnages et les intrigues ne se suivent pas. D'une planche à l'autre, on découvre différents protagonistes qui commentent les événements. Ce mode de narration contrevient au "systématisme dans les schémas de narration". Cette première surprise est redoublée par la chute de chaque planche : les brèves histoires de chaque page ou double page se terminent par une pointe. Un homme révèle à sa femme que lui aussi a fait des courses. Lui est-il arrivé une mésaventure comme celle du personnage principal ? Sa femme est inquiète ! Mais non, il n'est plus qu'à 37 points de l'appareil à raclette ! Devant une telle félicité, le couple s'embrasse et la jeune femme déclare : " Parfois, j'ai peur que tout ça ne soit qu'un rêve" !

3. La satire : mais de qui se moque-t-on dans Zaï zaï zaï ? Facaro dénonce aussi bien la vacuité des discours des médias que celle des discussions des citoyens envahies par les clichés. La police et les politiciens ne sont pas épargnés. A travers l'aventure héroïcomique de la carte de fidélité, se profile une dénonciation de la consommation de masse, des complotistes ( l'auteur faisait ses courses dans un super U lorsqu'il est poursuivi. Or c'est bien connu, selon un complotiste, "Super U → UB40 → 40 → guerre de 40 → Juifs" !), des antisémites, de l'intolérance, du politiquement correct et de l'individualisme. Par exemple, le bédéiste en cavale fait du stop. Un automobiliste s'arrête et explique : "Je ne peux pas vous prendre, je suis assez individualiste, je préfère être seul et écouter ma musique tranquille que d'avoir à engager une conversation avec quelqu'un que je ne connais pas" ( on peut aimer aussi le politiquement incorrect où une personne dit ce qu'elle pense sans cacher son discours sous de faux bons sentiments) ! Zaï zaï zaï a sa place dans la bédéthèque idéale !

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zaizai_2000https://www.t4saisons.com/programmation/za%C3%AF-za%C3%AF-za%C3%AF-za%C3%AF

Si la pièce radiophonique est jouée près de chez vous, allez voir les dialogues absurdes et critiques de Fabcaro mis en scène par Paul Moulin. Vous serez projetés dans l'univers de la BD : le texte est gardé à 90 pour cent. Ce projet est parti d'une commande du théâtre Rungis pour la saison 2017-2018, qui renouvelle la fiction radiophonique.

Avec vivacité, musiques, et bruitages, les comédiens font revivre le road trip inventé par le bédéiste. Les sons ingénieusement rendus, grâce notamment à un poireau, immergent le spectateur dans l'univers de Zai Zai Zai Zai. Les voix des acteurs sont modulés en fonction des personnages représentés, de même que leurs expressions et mouvements - on retrouve avec plaisir les deux amoureux consuméristes, le vigile égocentré, la satire des écrivains - et les captations sonores permettent de recréer les différents lieux du récit. Si vous avez ri en lisant les dialogues de la BD, vous ne pourrez qu'apprécier le spectacle trépidant, créatif, orginal, grinçant, humoristique et burlesque ( c'est un vrai plaisir de voir la roulade arrière, celle qu'il rate, du vigile !).

Dans les dernières lignes de l'article de J. Lachasse, on apprend que l'écriture d'un scénario est en cours. Fabrice Caro ne doit rien divulguer. Quentin Dupieux est-il derrière ce projet cinématographique ? Ce serait parfait !

Fabcaro, Zai zai zai, 6 pieds sous terre, Bulgarie, Octobre 2018.

Zai zai zai, Pièce radiophonique, mise en scène par Paul Moulin, avec Aymeric Demarigny, Ariane Begoin, Maïa Sandoz, Aurélie Verillon, Maxime Coggio, Élisa Bourreau, Christophe Danvin et Cyrille Labbé.

Théâtre des Quatre Saisons - Parc de Mandavit - 33170 Gradignan

Sur le web : Saxaoul, Hélène,

Le Saux Laurence, "Bédéthèque idéale #92 : “Zaï zaï zaï zaï”, le goût pour l'absurde de Fabcaro", Télérama, mis en ligne le 21 mars 2018. URL : https://www.telerama.fr/livre/bedetheque-ideale-92-zai-zai-zai-zai-le-gout-pour-l-absurde-de-fabcaro,128180.php

Lachasse Jérôme, "BD: plongée dans l’univers de Fabcaro, l’auteur à succès de Zaï zaï zaï zaï", BFMTv, mis en ligne le 28 juin 2018. URL : https://www.bfmtv.com/culture/bd-plongee-dans-l-univers-absurde-de-fabcaro-l-auteur-a-succes-de-zai-zai-zai-zai-1479884.html

Schmitt Amandine, "Le Grand Prix de la Critique pour "Zaï zaï zaï zaï", la BD qui se moque de l'état d'urgence", Bibliobs, mis en ligne le 27 janvier 2016. URL :https://bibliobs.nouvelobs.com/bd/20160127.OBS3464/le-grand-prix-de-la-critique-pour-zai-zai-zai-zai-la-bd-qui-se-moque-de-l-etat-d-urgence.html

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07 décembre 2018

Culottées 1 de Pénélope Bagieu : ISSN 2607-0006

 

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http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-BD/Culottees-I-2

Culottées 2, où Bagieu décrit le destin de plusieurs femmes comme Nelly Bly, prolonge une première série de portraits, qui vient de paraître dans la collection Folio en format poche. Deux volumes permettent de découvrir les vies de 14 femmes telles que Clémentine Delait, Nzinga, Margaret Hamilton, Las Mariposas, Josephina Van Gorkum, Lozen, Annette Kellerman, Delia Akeley (partie 1), Joséphine Baker, Tove Jansson, Agnodice, Leymah Gbowee, Girogina Jorgensen, Wu Zetian ( partie 2).

Reprenant le système de courtes biographies, suivie d'une double page s'intercalant entre les planches, la bédéiste croque rapidement la trajectoire hors du commun de femmes, qui sont méconnues comme l'impératrice Wu Zetian. Popularisée par le film de Tsui Hark dans la série des détective Dee, elle apparaît comme une impératrice intelligente et ambitieuse. Elle améliore la condition des femmes, des paysans, faisant de son règne l'un des plus propères de l'histoire chinoise. Bagieu retrace sa biographie en mettant à distance la légende noire qui entoure ce personnage : " longtemps, les historiens officiels ont dépeint Wu Zetian comme une sorte de version chinoise de la reine de coeur d'Alice aux pays des merveilles, en se focalisant sur sa police secrète et sa tendance à se débarrasser de ses ennemis". Le ton humoristique, se fait parfois critique, en dénonçant certains stéréotypes : "En revanche, il est systématiquement précisé (et souligné comme un fait inoui) qu'elle était "redoutable", "ambitieuse", "intransigeante"... Des traits de caractères communs et valorisés chez à peu près tous les empereurs de l'histoire..." ( p. 75, livre I, partie 2).

Les planches permettent de sortir de l'oubli des femmes comme Delia Akeley, primatologue, Las Mariposas qui sont deux soeurs engagées politiquement ou  Annette Kellerman, une Australienne qui a coupé les jambes de son maillot et qui a fait une carrière d'actrice aquatique. "J'ai aidé les femmes à libérer  leur corps", peut-on lire dans la dernière bulle... Culottées est ainsi un bel hommage à toutes ces femmes. Le format, plus petit qu'une BD traditionnelle est facilement maniable, transportable, et ne perd pas en qualité : feuilles épaisses, couleurs vives, bulles très lisibles. Encore une série de très beaux portraits  à découvrir !

Culottées 1, Partie 1 et partie 2 Pénélope Bagieu (en deux tomes, folio, 71 p. partie 1 et 69 p. partie 2)

Autres BD : Cadavre exquis, Culottées 2,

Sur le web : site de la bédéiste

Merci Folio pour ce partenariat

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