Moi aussi de Reiko Momochi : ISSN 2607-0006
© Reiko Momochi
Un bandeau annonce sur le tome 2 de Moi aussi : " Pour chaque exemplaire vendu, 5% du prix reversés à l'association [solidarité femme] jusqu'au 30 avril 2021". Vous aurez aussi reconnu en lisant le titre, la référence au fameux #Me Too. En effet, Moi aussi, Shôjo en deux volumes, parle de la condition des femmes dans le monde du travail.
On apprend sur la quatrième de couverture que l'histoire se fonde sur une histoire vraie, dévoilant un problème de société dans une société patriarcale (L'histoire commence en 2005). Satsuki travaille en tant qu'intérimaire, opératrice client dans un service téléphonique, dans une société où elle forme de jeunes recrues. Elle est harcelée par son supérieur (et par d'autres hommes de l'entreprise) et la jeune héroïne tombe rapidement malade. Elle devient boulimique, suicidaire... Va-t-elle réussir à le dénoncer ? Aura-t-elle des preuves suffisantes ? Quelqu'un a-t-il croire une simple "intérimaire" ?
Dans le tome 2, on voir le combat de la victime face à son agresseur. Elle doit affronter plusieurs instances sociales qui restent sceptiques. Les rejets de l'inspection du travail ne la rebuttent pas : elle intente enfin un procès à l'Etat pour faire reconnaître le harcèlement sexuel comme un accident du travail... On voit donc la jeune femme combattre les préjugés, les hommes de l'entreprise, mais aussi sa famille qui ne la comprend pas...
La mangaka réussit parfaitement à montrer l'angoisse et la souffrance de cette femme, grâce à des gros plans sur les visages. Les sentiments sont retranscrits avec justesse. On voit aussi la réaction des hommes, notamment celui de l'agresseur. Même s'il y a très peu de décors dans les cases, l'ensemble paraît très réaliste, aussi bien dans les conversations que dans les situations professionnelles.
Le parcours de cette femme, inspirée de faits réels, est retranscrit avec vraisemblance. Dans son parcours contre l'injustice, elle est aidée par une association d'entraide pour les femmes où l'héroïne découvre d'autres femmes battues... Enfin, on admire le courage de Satsuki : une fois qu'elle a commencé à parler, elle aceptera de témoigner à visage découvert et ne renoncera jamais face aux multiples embûches...
C'est avec brio que la mangaka met en lumière ce problème de société dans le Japon et hélas, ailleurs aussi... Achetez ce manga et regardez aussi Purl de Kristen Lester, un court-métrage de Pixar, de 8 minutes, créé pour Youtube, pour dénoncer le sexisme.
© Reiko Momochi
Moi aussi, Reiko Momochi, (deux tomes, série terminée), éditions Akata, Italie, septembre 2020.
Participation à un mois au Japon organisé par Lou et Hilde/ LC du avril : lire un manga
Sur le web :
" Moi aussi ", " Don't fake your smile ", " 17 ans, une histoire du mal ", " Transparente "... Plusieurs sorties manga s'attaquent aux agressions sexuelles. L'éditeur Akata a voulu faire de 2020 une année engagée et féministe. Le shôjo manga raconte depuis toujours des histoires dures, avant-gardistes.
https://www.20minutes.fr
Pendant dix ans, Satsuki Yamaguchi a mené une bataille administrative et judiciaire : faire reconnaître comme un accident du travail le harcèlement sexuel qu'elle a vécu en tant qu'intérimaire sur une plate-forme d'appels téléphoniques.
https://www.lemonde.fr