Où les roses ne meurent jamais de Gunnar Staalesen : ISSN 2607-0006
Si vous ouvrez un roman policier où un inspecteur boit sans mesure, sombre dans le désarroi à cause de la mort d'un proche, rencontre des problèmes innombrables, c'est que vous lisez un polar nordique : " Une espèce de tristesse tomba entre nous. Nous semblions avoir admis que la vie n'était peut-être pas ainsi, en fin de compte : une scène où l'on avait toujours besoin d'un souffleur fidèle pour aller d'une aile à l'autre tranquillement, sans risquer d'être victime d'un concert de sifflets dans la salle ou d'un massacre en bonne et due forme dans la presse le lendemain" (p. 273). Mais la particularité du personnage de Gunnar Staalesen est d'être un privé : narrateur à la première personne, on suit son enquête comme dans un hard boiled. Le détective privé commence par évoquer un braquage qui semble sans lien avec les recherches qui vont suivre. Cependant, on comprendra in fine les rapports qu'il entretient avec l'enquête principale.
Lors d'un braquage, un homme vivant anciennement dans une "communauté d'habitation de Solstolen" décède accidentellement. Un accident ? Existe-t-il un lien avec la disparition d'une fillette de 3 ans dans cette petite communauté ? Comme la date de prescription approche, la mère de la fillette fait appel à Varg Veum pour savoir ce qu'il lui est arrivé. Va-t-il retrouver l'enfant alors que les efforts de la police ont été vains ?
"Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark", dit l'un des personnages, où plutôt à Bergen. Effectivement, les investigations faites autour de ce drame vieux de 25 ans, amène Varg Veum à déterrer de nombreux secrets enfouis, tout en restant alcoolisé et désabusé : "Je me sentais comme un chat en quête de souris dans un entrepôt frigorique dont toutes les portes étaient fermées depuis des lustres. Sans trop d'illusions, autrement dit" (p. 66). Tout en menant ses investigations, notre privé rencontre des femmes fatales, des tueurs à gage... mais comme il a travaillé dans le service de la protection de l'enfance, tout un pan de l'enquête concerne les traumatismes de jeunes enfants, leurs répercutions sur la vie d'adulte...
Quinzième opus, Où les roses ne meurent jamais se révèle être un bon polar nordique, avec son personnage attachant et ses comparaisons sans pareil, montrant obliquement les changements de la société norvégienne - notamment les changements architecturaux - et ses dérives.
Staalesen Gunnar, Où les roses ne meurent jamais, Folio, Barcelone, novembre 2019.
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