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1001 classiques
22 avril 2019

Simetierre de Stephen King : ISSN 2607-0006

 -Simetierre Bande annonce

De mutilples films sont des adaptations de l'oeuvre de Stephen King. Alors que Jessie et 1922 sont des films bien adaptés de romans moins connus du maître de l'horreur, Simeterre a déjà été adapté en 1989 par Mary Lambert. Profitant du succès récent de Ca, remake aussi d'une série des années 80, Simetierre souffre d'une mise en scène banale et d'un manque de profondeur.

Louis Creed s'installe à la campagne, dans le Maine, cher à Stephen King, pour profiter davantage de sa famille. Ironie du sort, il va causer le malheur de ses enfants et de sa femme. A peine arrivé, il doit faire face à la mort d'un jeune homme, qui reviendra le hanter. Le chat, Church, va rapidement être écrasé. Pour éviter un grand chagrin à sa fille, il accepte d'enterrer son animal dans un lieu étrange et glauque, que même les indiens Micmacs ont fui, protégé par un gigantesque entrelacs de bois morts...

Succession de jump scares, de scènes gores juxtaposées, le film n'arrive pas à susciter d'émotions tant les personnages manquent de profondeur, exceptés la femme de Louis et le voisin, dont on découvre les peurs, le passé. A contrario, l'univers mental de Louis, qui semble peu à peu obsédé par la mort, est bien représentée par des portes s'ouvrant sur le lieu maudit, sombre à souhait. Bénéficiant de trop d'argent pour être un nanar et d'une trop belle photographie pour être un navet, Simetierre est un simple film d'horreur supplémentaire contenant le cahier des charges d'un banal film horrifique avec zombies, grincements de porte et hectolitres d'hémoglobine...

simetierre 2 001

https://www.livredepoche.com/livre/simetierre-9782253151432

En revanche, il est étonnant qu'on réduise l'oeuvre de Stephen King à des romans d'horreur : à partir de l'introduction de Simetierre un peu décousue, l'auteur annonce le thème métaphysique de son livre, " le mystère de la mort". Comme un leitmotiv, la mort s'insinue partout. Les premières lignes évoquent la mort du père de Louis Creed, médecin, qui va travailler dans le dispensaire d'une université, où dès le premier jour d'ouverture du dispensaire, un jeune homme décède. De même, son chat  - "qui tel le chat du Sheshire, repar[aît] comme par enchantement" - et son fils vont connaître un sort funeste. Comment Louis va-t-il réagir face à la mort brutale et inhumaine de son fils ?

Certes, l'arc narratif est chronologique, sans complexité en apparence, mais des notations de temps montrent l'inéluctabilité de la mort, voire la fatalité qui frappe le personnage principal. Les lieux hantent ce père de famille. On retrouve les paroles en italiques indiquant le monologue intérieur de Louis, spécificité présente dans les romans précédents de l'auteur. Homme rationnel, homme de science, Louis ne croit pas à l'au-delà. La banalité de son quotidien se mue imperceptiblement en une lente escalade vers le surnaturel culminant dans une scène finale atroce. La folie, thème emblématique de l'auteur, plane inexorablement sur Louis : le roman est assez éprouvant d'un point de vue psychologique et les protagonistes poignants.

Est-ce dû à la traduction ? Le lexique spécialisé de la médecine - Louis écrit des articles scientifiques, comme beaucoup de personnages de S. King, c'est un écrivain - et un langage courant ou soutenu permettent de s'immerger dans cette histoire où les sensations, les descriptions de lieux et les sentiments prennent une place très importante par rapport à l'intrigue. On n'est pas loin des Revenants de Kasischke, la complexité narrative en moins, mais aussi des romans noirs anglais, cités fréquemment : "Une autre idée lui passa par la tête : celle que cette équipée lui avait fait courir des dangers bien réels, même si elle semblait droit sortie d'un roman-feuilleton frénétique de Wilkie Collins" (p. 212).

Ne vous laissez pas influencer par l'étiquette habituellement attribuée à S. King ( bien que l'horreur et le surnaturel soient présents). Certes, ce roman appartient à la "littérature populaire" exploitant un imaginaire éculé comme les zombies, les fantômes... mais il n'en est pas pour autant mauvais. Découvrez ce roman qui parle des rituels mortuaires, de la question du deuil, de la relation de l'homme et de la mort dans la société américaine... 

King Stephen, Simetierre, Livre de poche, France, mars 2019.

Simetierre de Kevin Kolsch, Dennis Widmyer, avec Jason Clarke, Amy Seimetz, 2019, 1h41

Jessie, de Mike Flanagan, avec Carla Gugino, Bruce Greenwood, Carel Struycken, Netflix, 2017, 1h43

1922, Zak Hilditch, 1922, Netflix,  avec Thomas Jane, Dylan Schmid, 1h43, 2019.

Sur le web : No ciné, Simetierre, ce fléau

Mury Cécile et Douhaire Samuel, "A voir sur Netflix : trois adaptations inédites de Stephen King", Télérama, mis en ligne

Macheret Mathieu, "Simetierre" : une petite mécanique horrifique", Le monde, mis en ligne le 10 avril 2019. URL : https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/04/10/simetierre-une-petite-mecanique-horrifique_5448127_3246.html

LGL spécial Stephen King, entretien de l'émission La grande librairie. URL : https://www.youtube.com/watch?v=6-f8C3GU23I

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Commentaires
D
Bonsoir Maggie, ce genre de film, très peu pour moi. Je passe. Bonne fin d'après-midi.
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C
J'ai beaucoup aimé ce livre de Stephen King, il fait partie de mes préférés de cet auteur avec Shining, Marche ou crève.<br /> <br /> J'ai également vu l'adaptation cinématographique de 1989 que j'avais bien aimé. J'hésite à voir celle qui vient de sortir ;) ... apparemment j'ai lu que Stephen King en était content :)
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S
je n'y pense même pas :lol: :lol: tout ce qu'écrit ou qui est adapté de stephen king me fait hurler de peur rien que d'y penser
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A
Il fut une époque où j'adorais Stephen King, et Simetierre fait partie de mes préférés de l'auteur. Mais je l'ai lu il y a trop longtemps pour m'en souvenir dans les détails. J'évite les films en revanche car, étrangement, je suis très sensible (dans le sens trouillarde) avec les films d'horreur, alors que les livres, ça passe. Mais comme tu dis, les romans de Stephen King ne se réduisent pas à de l'horreur pure. Il y a une dimension psychologique autre.
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N
Hello<br /> <br /> Je suis trouillarde alors les films d'horreur, ce n'est pas pour moi. Je serai du genre à hurler à chaque scène ! <br /> <br /> Sinon, j'avais vu au théâtre Misery de Stephen King que j'avais tout simplement adoré, tant la mise à scène et le jeu des deux comédiens étaient extra.<br /> <br /> Belle journée
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