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28 février 2019

L'unité alphabet de Jussi Adler Olsen : ISSN 2607-0006

unité alphabet

https://www.audiolib.fr/livre-audio/lunite-alphabet-9782367627823

Jussi Adler Olsen s'est-il lancé sur le même sentier que les autres auteurs de polars nordiques, à savoir des romans ayant pour arrière-plan la Seconde Guerre Mondiale comme Dans l'ombre d'Indridason ?

C'est ce que laisse penser le début du roman : deux officiers britanniques, Bryan et James, survolent les infrastructures allemandes lorsqu'ils sont repérés et leur avion touché. Roman d'espionnage ? Roman de guerre ? Ni l'un, ni l'autre ! Les deux hommes arrivent à prendre un train en marche où ils découvrent des officiers SS considérés comme fous. Là, ils sont soignés avant de regagner le front. Bryan parvient à s'échapper et apprend que l'hôpital psychiatrique a été bombardé. L'intrigue reprend en 1972, en Angleterre, où Bryan a abandonné son métier de médecin et s'occupe de produits pharmaceutiques. Lorsqu'on lui propose d'aller comme consultant aux J.O. de Munich et qu'il rencontre un homme ayant visité les sanatoriums à la fin de la Guerre, il reprend espoir : peut-être va-il retrouver James.

"Ce livre n'est pas un roman de guerre", nous indique l'auteur dans une note. Effectivement, l'auteur s'attarde davantage sur les méthodes employées dans les asiles que sur les faits historiques. D'ailleurs, le père de J. Adler Olsen était un psychiatre et le romancier a fréquenté des asiles d'aliénés dont les traitements radicaux de l'époque l'ont frappé. De même, la question de la pseudo-maladie de certains patients l'a longtemps fasciné. Une grande partie de l'intrigue repose sur des simulateurs, de criminels Nazis qui arrivent à s'en sortir. Et c'est la meilleure partie du roman.

J. Adler Olsen rompt avec le ton acerbe et sarcastique de sa série des Enquêtes du département V. Cela rend son roman un peu plus banal. Certes, la toile de fond est intéressante, mais la deuxième partie, qui consiste en une quête du corps de James, devient complètement invraisemblable et repose sur des facilités narratives. Un des personnages constate que tous ces événements - multiples meurtres en une ou deux heures, coincidences multiples - "dépassent l'entendement" ( "Il y avait vécu trop de choses dans cette dernière heure"), et celle du lecteur aussi. L'histoire s'écoute facilement mais ce n'est pas le meilleur opus de J. Adler Olsen. Cependant, la voix de Benjamin Junger ( on peut écouter un extrait ici) sait bien donner vie à tous ces personnages.

L'unité Alphabet, de Jussi Adler Olsen,  lu par Benjamin Jungers, Audiolib, 16h33, 2018.

Partenariat Audiolib .

Autres romans de l'auteur : Promesse, Selfies

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26 février 2019

At Eternity's gate de Julian Schnabel : ISSN 2607-0006

AT ETERNITY'S GATE (2018) - Official HD Movie Trailer | Media Hub

At Eternity's gate montre les dernières années de la vie du peintre Vincent Van Gogh. "Montrer" est bien le mot puisqu'il est beaucoup question de la vision du monde selon le peintre, de sa conception de la création, de la beauté, et de la vision d'un cinéaste aussi. On voit donc le peintre quitter Paris pour Arles. Il vit quelques temps avec Gauguin, puis fréquente le docteur Gachet. Admis plusieurs fois dans des asiles, l'artiste est incompris, isolé et affaibli. Sa peinture, peu appréciée de son vivant, semble reconnue lors de l'exposition des Indépendants.

"Le monde reste un mystère"

Enfin un biopic qui sort de l'académisme habituel ! "L'état frénétique" dans lequel était le peintre pour créer est reproduit par les mouvements de la caméra. Souvent, les plans sont filmés caméra à l'épaule, non pas dans un but documentaire, mais pour reproduire le regard subjectif du protagoniste. Les tourments du peintre sont rendus par ces mouvements de caméra rapides, parfois étranges : pourquoi filmer les chaussures prises comme modèle avec un cadre à l'horizontal ? pourquoi passer à du noir et blanc comme un négatif quand Vincent Van Gogh peint ? Mais globalement, les choix de cadrage permettent un immersion dans la nature, épousant les sensations du peintre. Les plans d'ensemble montrent une grande intensité des couleurs de la nature, voire parfois, étrangement avec des filtres jaune ou bleu, mais qui renvoient à l'intensité des coloris des tableaux du peintre. Nommé aux oscars dans la catégorie "meilleur acteur", Willem Dafoe incarne génialement ce peintre tourmenté et maudit. Un film sensoriel, atypique et esthétique sur l'art et le génie de Vincent Van Gogh !

At Eternity's gate, de Julian Schnabel, Netflix, avec Willem Dafoe, 1h51, 2019

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Extrait de la bande-annonce « At Eternity's Gate » © YouTube/CBS Films

23 février 2019

L'Elixir de longue vie de Balzac : ISSN 2607-0006

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http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folioplus-classiques/L-Elixir-de-longue-vie

Popularisé par Molière qui fait de son Don Juan un libertin, ce personnage est promis à une longue postérité. Goethe, Byron, Delacroix, peintres et écrivains s'emparent du mythe. Don Juan Belvidero vit à Ferrare, dans la débauche, en attendant la mort de son père, Bartholoméo. Ce dernier, sur son lit de mort, lui révèle qu'il possède un Elixir capable de ressusciter les morts. Il lui demande donc de le frictionner entièrement avec le contenu de la fiole pour revivre. Don Juan constate la véracité des propos de son père en faisant un essai sur l'un des yeux du mourant et devient un paricide en décidant de l'étouffer. Il décide de garder l'Elixir pour lui-même. Face à ce père indulgent, Don Juan se comporte comme un égoïste. A son tour, devenu un vieillard, il fait la même requête à son fils.

Cette nouvelle renouvelle le mythe de Don Juan même si l'on retrouve quelques éléments anti-cléricaux dans le dénouement, le mariage avec Elvire et un libertinage de moeurs. Mais Don Juan n'est plus le libertin des siècles antérieurs. Balzac, sous l'influence du romantisme frénétique, transforme l'histoire en un conte fantastique, grotesque et horrifique : "Une assez violente rafale de lueur [...], illumina la tête de son père : les traits en étaient décomposés, la peau collée fortement sur les os avait des teintes verdâtres que la blancheur de l'oreiller, sur lequel le vieillard reposait, rendait plus horribles.[...] Malgré ces signes de destruction, il éclait sur cette tête un caractère incroyable de puissance".

Le rôle de l'argent, de l'héritage et de la paternité, présent dans La peau de chagrin, Le cabinet des antiques, Gobseck, et bien d'autres  oeuvres de La comédie humaine, en font un personnage et une histoire éminemment balzaciens. Dans cette Italie de la Renaissance de convention, puis dans une Espagne pittoresque, Balzac a su donner aussi une teinte romantique au mythe, renouvelant le type don juanesque en lui donnant une dimension faustienne, dans le défi avec la mort.

 Balzac Honoré, "L'Elixir de longue vie", Barcelone, Folioplus, 2014.

Lecture commune avec Miriam et Cléanthe. Prochaine Lecture commune : "Pierre Grassou" le 23 mars et "Melmoth réconcilié", le 23 mai.

La comédie humaine :

1 Scènes de la vie de province : Eugénie Grandet, Le cabinet des antiques

2. Scènes de la vie parisienne : La fille aux yeux d'or, La duchesse de Langeais

 3. Les études philosophiques : La peau de chagrin, L'auberge rouge, "L'Elixir de longue vie"

4. Scènes de la vie privée : Mémoires de deux jeunes mariées, Le père Goriot, Le colonel Chabert, Gobseck, "La bourse",

5. scènes de la vie de campagne : Le lys dans la vallée,

19 février 2019

Le facteur sonne toujours deux fois de James M. Cain : ISSN 2607-0006

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http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-cinema/Les-amants-diaboliques-Le-facteur-sonne-toujours-deux-fois

Ce roman noir de J.M. Cain se construit autour d'une passion intense entre un vagabond, Frank, et une femme, Cora, mal mariée, vivant dans un endroit isolé. Elle est mariée à un Grec, qu'elle déteste. Dès qu'il la voit, il sait qu'il ne pourra plus la quitter. Au bout de vingt pages, les deux amants projettent de tuer le mari. Malheureusement, le meurtre est empêché par l'électrocution du chat et le mari sort presque indemne de cette première tentative. Frank propose à Cora de s'enfuir avec lui, mais elle refuse de vivre sur les routes. Le hasard les réunit à nouveau. Vont-ils réussir à se débarrasser du mari encombrant ?

"Cora, c'est le destin. Nous avons tout essayé" (p. 51)

Cette sordide histoire d'adultère a une intrigue très resserrée. Plusieurs tentatives de meurtres, un procès, des séparations, créent une tension qui ne s'éteindra qu'au dénouement. Le narrateur, Frank, ne raconte que les faits et son point de vue. Ce récit, qui est la confession de Frank, par sa concision, ne laisse aucune place à psychologie, aux remord. Frank parle de meurtre comme de mécanique et Cora ne cherche qu'à s'enrichir. C'est un personnage singulier qui préfère le nomadisme à la vie de petit-bourgeois que Cora choisit. Alors qu'il choisit la liberté, être sur les routes, Frank ne cesse d'accuser le destin, présentant sa passion pour Cora comme une tragédie. Mais la fatalité a-t-elle un rôle dans leur histoire ? Peut-être, puisque le récit s'achève sur l'ironie du sort qui frappe le personnage masculin... Ce récit est une telle réussite qu'il a été adapté à quatre reprises !

OSSESSIONE - LUCHINO VISCONTI - 1943 - TRAILER

Comme dans Mort à Venise, Visconti métamorphose complètement la nouvelle de J.M. Cain. Au-delà de l'italianisation des noms et des lieux, le réalisateur Des amants diaboliques ne garde que l'histoire du couple adultère, qui veut se débarrasser du mari, et certains éléments comme le métier du Grec, appelé Bragana, ou le dénouement. On est proche des amants zoliens dans Thérèse Raquin avec l'amant hanté par le mari et sa dimension psychologique, absente de la nouvelle.

Surtout, Visconti initie le néoréalisme avec ce film. Pendant une période où le cinéma italien présente surtout un cinéma " téléphone blanc", symboles d'élégance, avec des comédies divertissantes, Visconti introduit les classes populaires, la pauvreté, la prostitution et la violence dans ce long-métrage. Là où la nouvelle présente une intrigue resserrée, Visconti amplifie des scènes populaires comme le bal dans la trattoria ou le concours de chant lyrique. C'est bien une recréation et non une simple adaptation.

Ossessione, Visconti,1942, avec Clara Calamai, Massimo Girotti et Juan De Landa,140 min

Cain J.M., Le facteur sonne toujours deux fois, folio cinéma, 151 p.

14 février 2019

Avec toutes mes sympathies d'Olivia de Lamberterie : ISSN 2607-0006

avec toutes mes sympathies

https://www.audiolib.fr/livre-audio/avec-toutes-mes-sympathies-9782367628424

 "Le corbeau dit : jamais plus" ( "Le corbeau", E. Allan Poe)

C'est l'auteure elle-même qui lit son texte. L'avantage, c'est qu'elle sait bien mieux que tout autre lecteur quelle tonalité adopter, quel rythme choisir. La voix douce d'Olivia de Lamberterie convient parfaitement à la mélancolie du texte, aux thèmes qu'elle aborde : on ressent sa colère face à la mort, mais aussi la légèreté lorsqu'elle évoque des souvenirs plaisants du vivant de son frère (vous pouvez écouter ici un extrait).

"Elle me manquait tant que je voulais construire un mémorial de trente mètres de haut avec mes seules mains" (La douleur porte un costume de plumes, Max Porter)

Journaliste à Elle, Olivia de Lamberterie écrit pour conjurer la mort de son frère, "chérir son frère mort". Comme Simone de Beauvoir dans Mémoires d'une jeune fille rangée ou Annie Ernaux dans La place, à travers son autobiographie, elle dresse un tombeau littéraire pour son frère suicidé. Des médiations livresques - comme le Petit Prince, Rimbaud, E. Allan Poe, des personnages de films - lui permettent d'évoquer ce frère adoré. Des anecdotes lui redonnent voix.

Mais exprimer son désespoir, un questionnement face à la mort, ou le deuil d'une personne aimée ne suffiraient pas pour faire d'Avec toutes mes sympathies un bon livre. Autour de cette figure disparue, la romancière tisse plusieurs fils comme l'écriture, la place de la lecture, la dépression, le rapport des vivants et des morts. Des trouvailles stylistiques - Olivia de Lamberterie semble une adepte du zeugme - pontuent l'écriture de son journal de l'année de la mort de son frère, qui oscille entre autodérision et désespoir, mots familiers et références littéraires. Un intense hommage à un disparu et à la littérature !

Avec toutes mes sympathies, Olivia de Lamberterie, Audiolib, 6h32, lu par l'auteur (présentation sur le site audiolib)

Audiolivre écouté dans le cadre du Prix Audiolib 2019.

Sur le web : billet d'Eimelle.

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12 février 2019

Wonder Woman de Patty Jenkins : ISSN 2607-0006

WONDER WOMAN Nouvelle Bande Annonce VF film 2017

Première héroïne icônique du DC universe, Wonder Woman est réalisé par la première réalisatrice de blockbusters adaptés de comics, Patty Jenkins. Ce long-métrage (voire très long) raconte les origines de Diana, sur l'île idyllique des Amazones. Avec l'arrivée de soldats de la Première Guerre Mondiale, Diana va être confrontée à la noirceur des hommes. Comme la plupart des films de super-héros, le message est simpliste : Diana veut protéger le monde grâce à un message d'amour, à sa foi dans l'humanité et dans l'amitié. 

Le film souffre de quelques longueurs, notamment dans l'exposition et dans les batailles finales très numériques et très dispensables. On n'échappe pas, non plus, à la sempiternelle histoire amoureuse et aux personnages manichéens, notamment dans le choix des méchants.

Le film a-t-il un autre enjeu que le grand divertissement offert par le DCU ou Marvel ? Si on ne peut pas qualifier l'héroïne de féministe car elle ne revendique aucun droit pour les femmes, Jérémie Maire rappelle dans son article " Wonder Woman, icône féminisme de 75 ans, devient ambassadrice de l'ONU" que le créateur de Wonder Woman, Marston, a été influencé par les suffragettes : "Promouvoir au sein de la jeunesse un modèle de féminité forte, libre et courageuse, pour lutter contre les idées que les femmes sont inférieures aux hommes et pour inspirer aux jeunes filles la confiance en elles et la réussite dans les sports, les activités et les métiers monopolisés par les hommes". Ainsi, dans l'univers très masculin des super-héros, celui du contexte de l'histoire de 14-18, ou de notre société patriarcale, de montrer une femme intrépide, forte, courageuse et plus déterminée que les hommes, dans des séquences montrées au ralenti pour mieux la mettre en valeur, n'est pas complètement vain.

Wonder Woman de Patty Jenkins, 2h21, avec Gal Gadot, Connie Nielsen, Robin Wright.

Sur le web : Mury Cécile, " Wonder Woman" en icône humaniste et féministe, ça change de l'objet sexuel", Télérama, mis en ligne le 7 juin 2017. URL : https://www.telerama.fr/cinema/wonder-woman-cette-desirable-icone-humaniste,159224.php

9 février 2019

La daronne de Hannelore Cayre : ISSN 2607-0006

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https://www.audiolib.fr/livre-audio/la-daronne-9782367626789

La daronne est le premier audiolivre que j'écoute - plus précisément, c'est une réécoute - de la sélection du prix audiolib 2019. Pas étonnant que ce roman soit sélectionné : il a fait beaucoup de bruit à sa sortie et a reçu plusieurs prix, celui du Grand prix de la littérature policière et Le point du polar européen. Ces prix font penser que La daronne est un simple roman policier. Il n'en est rien : la police, quoique très présente, n'est qu'accessoire. C'est une manière aussi de dénoncer le système en mettant l'accent sur le destin de la "daronne" plutôt que que sur le système judiciaire et policier défaillant.

Mais qui est "la daronne" ? L'héroïne, Patience, est traductrice-interprète des écoutes de la brigade des stupéfiants, veuve sans le sous, mère de deux filles qu'elle ne voit que rarement et petite amie d'un flic. Fille d'un "PDG" véreux, elle décide de détourner une cargaison de drogue, tout en s'occupant de sa mère, qui est en EHPAD. Va-t-elle s'en sortir ? Arrivera-t-elle à écouler la drogue ? Pourra-t-elle cacher ses activités à Phillipe, son ami flic ?

En ce qui concerne le style, je ne peux que répéter ce que j'ai déjà dit dans mon précédent billet. Le sujet et le milieu ne m'ont pas intéressée. En revanche, l'écriture est humoristique, inventive ( par exemple le détournement d'un proverbe " Caméléon qui louche n'amasse pas mouche" ou des comparaisons comiques avec une vieille dame s'enfuyant "comme le raptor de Jurassik parK") surprenantes et novatrice. Le mélange des références, qui passe de la controverse de Valladolid au langage familier, donne un style plutôt réjouissant et caustique, en faisant la satire des institutions policières, médicales...

La voix douce et mélodieuse d'Isabelle de Botton (Elle est comédienne et a joué dans des films de Blier comme Merci la vie) donne de l'humanité au personnage effaçant ce qu'il peut y avoir d'agressif ou de déplaisant dans le personnage. Elle arrive à créer chez le lecteur de l'empathie pour l'héroïne, ce qui n'enlève en rien la causticité du texte. Sa voix s'écoute avec plaisir ( vous pouvez entendre un extrait). D'ailleurs, la réécoute n'a pas été pénible grâce à cette lecture de qualité. En outre, le livre étant court, de même, le CD La Daronne s'écoute facilement et rapidement en 16 plages et vous passerez un bon moment avec le style atypique d'Hannelore Cayre.

La daronne, Hannelore Cayre, Audiolib, 4h43, lu par Isabelle de Botton (Présentation sur le site audiolib)

Audiolivre écouté dans le cadre du Prix Audiolib 2019.

Sur le web : Flo and the books

5 février 2019

La dénonciation de Bandi : ISSN 2607-0006

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http://www.editions-picquier.com/ouvrage/la-denonciation/

 Bandi est un pseudonyme d'un auteur nord-coréen : l'anonymat de l'auteur est nécessaire dans un pays où la censure ne permet pas de publier tous les textes. Comment avons-nous eu connaissance de ce recueil composé de 7 nouvelles ? Il aurait fait passer deux recueils grâce à une femme qui a fui le pays. 

Un enfant pleure dès qu'il voit des images immenses de Marx ou du " cher leader" : les parents décident donc de mettre les double rideaux pour ne pas l'effrayer. Cela n'est pas pour aider sa mère qui doit préparer l'événement 1, c'est-à-dire une fête nationale. Cependant, on leur interdit de mettre ces double rideaux : ils sont alors dénoncés comme espions. la cérémonie ne semble plus possible car une tempête empêche tout rassemblement. Et pourtant, en quelques minutes, un million de personnes se réunit lorsque les haut-parleurs leur intiment l'ordre de venir. Pourquoi une telle obéissance ? "Le moindre comportement considéré comme ayant été nuisible à la bonne tenue des célébrations fut pointé du doigt et durement condamné. La sanction la plus grave était l'expulsion. Les gens étaient chassés sans pitié, comme des saletés jetées au loin à coup de pelle" (p. 70). Un homme veut se rendre au chevet de sa mère mourante mais on l'en empêche, un autre meurt de froid dans sa propre maison alors qu'il a consacré sa vie à la collectivité... Toutes ces nouvelles mettent en exergue la peur de la répression, les injustices et l'envie de fuir de son propre pays.

L'écriture est simple, voire maladroite, avec son vocabulaire pauvre et répétitif, et peu subtile : les symboles qui peuplent ces récits sont toujours lourdement explicités. Cependant, ce témoignage de la dictature n'en est pas moins poignant. Rédigé dans les années 70 et publié en 2014, ce texte est-il obsolète ? Il suffit de regarder des documentaires comme Corée du nord  la famille Kim ou écouter des émissions pour savoir que les textes de Bandi sont encore d'actualité. Considérée comme "une dictature d'opérette", comme les intervenants de l'émission du grain à moudre le rappelle, dans l'émission "comment raconter la Corée du Nord ?", néanmoins tous soulignent la souffrance des habitants (ci-dessous d'autres liens vers des émissions qui montrent la dureté du régime).

Bandi, La dénonciation, Picquier poche, 281 p.

Autres romans coréens : billet de Marilyne Celui qui revient Han Kang

Sur le web : Les idées claires, France culture. 2014. " Corée du Nord, terrifiant anachronisme". Animé par Bruce Couturier. Diffusé le 26 décembre 2014.

 Du grain à moudre. 2012. "L'univers concentrationnaire en Corée du Nord". Animé par Hervé Gardette. Diffusé le 1er mai 2012.

Franceinfo. 2016. "Bandi, écrivain critique... en Corée du Nord". Animé par F. Ojardias. Diffusé le 2 mars 2016.

Grappe Marjolaine, Les hommes de Kim, prix Albert-Londres, 2018. URL : https://info.arte.tv/fr/coree-du-nord-les-hommes-des-kim

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