La forme de L'eau de Guillermo del Toro : ISSN 2607-0006
Bande Annonce la forme de l'eau (The Shape of Water) VF
Après Le labyrinthe de Pan et Crimson Peak, Guillermo del Toro met à nouveau en image une sombre histoire avec La forme de l'eau. On retrouve d'ailleurs une thématique del toroesque, celle des monstres (même si le vrai monstre n'est pas celui qu'on croit), déjà présente dans The strain ou Pacific Rim. Dans son dernier long métrage, on découvre donc la vie monotone et sans amour d'Elisa, qui est muette. Elle fréquente son voisin, un vieil homme, homosexuel, peintre talentueux, mais qui n'arrive pas professionnellement à s'adapter à la société en train de changer. Sa collègue de travail est une femme noire et elles doivent nettoyer un local gouvernemental, où un jour une créature est amenée. Elisa découvre qu'elle est capable de communiquer avec elle.
Dans les années soixante, se développe le rêve américain, incarné dans le film par Richard Strickland et sa jolie famille, vivant dans un joli pavillon, avec une jolie voiture. Elle est aussi représentée dans les dessins publicitaires du voisin Giles, à travers une famille blanche, aisée, et heureuse. Conséquemment, les noirs, les homosexuels, et les muets - et encore moins les créatures humanoïdes - n'ont pas de place dans cette société. D'ailleurs, G. del Toro dit avoir écrit cette romance car il ne supportait plus la xenophobie ambiante dans l'Amérique contemporaine ( cf. arte La forme de l'eau nommé aux oscars). C'est la partie la moins subtile du film : les personnages sont clairement stéréotypés. L'ambiguïté du Labyrinthe de Pan fait défaut à ce film.
En revanche, avec une télévision souvent présente à l'intérieur de notre écran, c'est tout le cinéma de l'époque qu'on regarde défiler : La forme de l'eau emprunte son esthétique à des comédies musicales, une partie de l'intrigue ressemble à un film d'espionnage et une autre à un film fantastique ( inspiré de l'étrange créature du lac noir, un film des années 50). Surtout, avec ses teintes verdâtres comme l'eau et la créature, ses scènes noctures, son imaginaire personnel, Guillermo del Toro nous plonge dans son univers cinématographique reconnaissable, fantastique et onirique.