Fille noire, fille blanche de Oates : ISSN 2607-0006
"Minette n'a pas eu une mort naturelle, et elle n'a pas eu une mort facile. Chaque jour de ma vie, depuis sa mort, j'ai pensé à Minette et au supplice de ses dernières minutes, car j'étais celle qui aurait pu la sauver et je ne l'ai pas fait" : ainsi commence le récit de Generva Meade dans Fille noire, fille blanche de Joyce Carol Oates. Cette obsession l'a amenée à raconter sa cohabitation avec Minette Swift, une fille noire, durant sa première année, à la prestigieuse université de Schuyler college.
Ce campus novel présente des similitudes dans le style avec Délicieuses pourritures : écrit à la première personne, avec des phrases en italiques, exprimant des sentiments intences ou des iées marquantes. En outre, la narratrice est une étudiante perturbée, désireuse de plaire à Minette. Timide, effacée, écrasée par l'ombre de ses glorieux ancêtre et d'un père avocat célèbre, démocrate, et défenseur des bonnes causes, Generva tente de conquérir l'affection de sa voisine noire de chambre, qui reste indifférente. Minette est d'ailleurs préoccupées par d'autres problèmes : est-elle l'objet d'insultes racistes ? Generva a-t-ele une vision lucide des événements ? L'ambiguïté reste présente jusqu'à la dernière ligne du récit.
Enquête policière en mineure, évocation de la situations des noirs dans les années 70, mais surtout portrait psychologique subtil, on découvre peu à peu la personnalité de Generva qui a connu une enfance perturbante, mettant à nu les secrets de cette famille prestigieuse dont les beaux principes cachent un sordide quotidien. Ce roman de Oates est à découvrir pour sa maîtrise à faire régner tension, malaise et suspense...
Oates, Fille noire, fille blanche, Points, 274 p.