Après / A l'ouest rien de nouveau de Remarque : ISSN 2607-0006
A L'ouest rien de nouveau : A travers le récit de Paul Baumer, nous assistons à l'enfer des tranchées, décrivant la vie quotidienne d'un soldat de 1914-1918 : " Feu roulant, tir des barrages, rideau de feu, mines, gaz, tanks, mitrailleuses, grenades, ce sont là mots, des mots, mais ils renferment toute l'horreur du monde".
Lors des permissions, Paul évoque la misère du peuple allemand mais aussi l'incompréhension de ce que vivent les soldats. Blessé, il se retrouve dans un hôpital catholique, ce qui ne l'éloigne pas des horreurs de la guerre : la description des malades est tout aussi insoutenable que celles des soldats tués dans les tranchées. La douleur est omniprésente que ce soit celle des soldats, celle des proches qui pleurent leurs morts, celle des animaux, de la nature. Le narrateur porte un regard lucide et critique sur l'armée et sur les mensonges que recouvrent les termes de devoir et patrie. Il montre aussi comment l'uniforme peut métamorphoser un homme : leur caporal Himmelstoss est un postier dans le privé mais il aime tourmenter les soldats dans les casernes. Un témoignage à lire d'une vision de la première guerre Mondiale sans idéalisation, ni héroïsation.
Après décrit le retour des soldats qui étaient présents dans le roman A l'ouest rien de nouveau ( pour ceux qui ont survécu, la mort de Paul Baumer est évoquée), mais pour beaucoup, ce n'est pas un retour à la vie : marqués à jamais par l'apocalypse de la première Guerre Mondiale, ces jeunes gens n'ont plus d'espoir. Confronté à une société en proie à la misère ou aux mercantis, ils doivent faire face au désarroi qui envahit leur vie : que faire après avoir connu les atrocités des tranchées ? Ernst évoque le sort de différents soldats, ceux qui sont dans les asiles, qui retournent dans l'armée par fatalisme, ceux qui ne peuvent pas travailler parce qu'ils sont mutilés, ceux qui se suicident... Ils tentent de survivre dans cette Allemagne de l'après-guerre qui souffre à cause de l'inflation du marks et du manque de nourriture. Seul et se sentant " étranger" , Ernst passe ses examens pour devenir instituteur mais il n'arrive pas à s'accoutumer à une vie normale, hanté par les morts du passé.
Comme dans A l'ouest rien de nouveau, Ernst remet en cause l'idéologie enseignée dans les classes tout en soulignant l'absurdité de la guerre. "Je crois que nous sommes tous perdus", dit Rahe, camarade de Ernst. Dans ce récit, souvent le "nous" s'ajoute à la voix du narrateur mais même la camaderie née de la guerre s'étiole hors des combats. Comme A l'ouest rien de nouveau, E. M. Remarque a écrit un témoignage sur le chaos de l'Allemagne après-guerre sans pathos mais où s'exprime avec force le désespoir d'une génération sacrifiée, qui arrive à nous atteindre des années plus tard.
Remarque, A l'ouest rien de nouveau, Livre de poche, 254 p.
Remarque, Après, Folio, 398 p.
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Challenge le mélange des genres de Miss Léo ( catégorie classiques étrangers). Mon bilan et celui de Miss Léo.