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1001 classiques
21 février 2013

Elles de V. Woolf : ISSN 2607-0006

 

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 Elles rassemblent articles sur des femmes d'époque et de conditions différentes comme Dorothy Osborne, Mary Wollstonecraft, Sara Coleridge... Même lorsqu'on ne connaît pas ces femmes - intentionnellement peut-être puisque V. Woolf semble vouloir porter la lumière sur des femmes méconnues de leur vivant - , V. Woolf nous en dresse un portrait si vivant qu'on ne peut s'empêcher d'y prendre intérêt. Qu'est-ce qui en fait donc l'intérêt quand on méconnaît le nom même de la personnage dont V. Woolf nous parle ? C'est évidemment son écriture et sa finesse d'analyse  : lorsqu'elle analyse les lettres de Mme de Sévigné, je trouve son portrait absolument réussi : elle saisit la marquise dans son siècle mais aussi comprend tout à fait sa langue. Sans jargon littéraire - pas besoin de vocables comme "métalangage", " expolition", elle saisit la quintessence de ce qui fait la beauté des lettres de Mme de Sévigné : "Les livres sont pour elle une demeure naturelle, de sorte que Flavius Josèphe ou Pascal ou les romans absurdement longs de l'époque, elle ne les lit pas, elle les intègre à son esprit". Et effectivement, l’épistolaire savait mieux que quiconque user de citations, pasticher des maximes qu'elle attribue malicieusement à La Rochefoucault. Mais ce ne sont pas seulement les lettres qu'elle évoque mais aussi sa vie aux Rochers, tout ce qui faisait l'intérêt de sa vie comme sa fille...

Si je n'ai pas pu me rendre compte de la justesse de ses remarques sur le travail d'écriture des autres femmes portraiturées que je connaissais moins, l'auteur de Mrs Dalloway raconte si bien leur biographie qu'on se croirait dans un roman : comment fait-elle pour nous parler des romans de Géraldine Jewbury ? C'est à travers sa relation épistolaire puis de voisinage avec Mme Carlyle qu'on voit se dessiner sous nos yeux le "personnage". Car, oui, on se croirait vraiment dans un roman, on s'interroge sur l'évolution des relations entre la bienséante Mme Carlyle et l'impétueuse Géraldine : et c'est ce qui semble intéresser V. Woolf, les sentiments, les pensées, les relations de ces deux femmes, leur inscription dans leur siècle... surtout que les romans que Géraldine a écrit ne semble pas mémorable : " on tourne les pages des trois petits volumes jaunâtres, on se demande ce qu'on a pu y voir qui fût susceptible d'être approuvé ou désapprouvé, quel spasme d'indignation ou d'admiration s'est exprimé en marge de tel trait de crayon [...] Un chapitre après l'autre glisse aimablement, s'écoule avec fluidité".  La romancière anglaise tire de l'ombre ces femmes oubliées mais qui restent inoubliables sous sa vivante plume.

Woolf, Elles, Rivages poche, 155 p.

Lu aussi par Fleur. Particiation au Challenge V. Woolf organisé par Lou

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19 février 2013

Le paysan parvenu, Marivaux vs Les confessions de Rousseau : ISSN 2607-0006

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Le style de Marivaux est tellement reconnaissable et si fin qu'il a donné lieu à une annomination : le marivaudage. Le paysan parvenu porte la marque de ce style précieux, au tempo vif, plein de dialogues enjoués... Cette histoire du XVIII siècle s'inscrit dans la vogue des romans-mémoiresle paysan Jacob prend la parole pour raconter sa très romanesque et fulgurante ascension, puisqu'en quelques jours, il arrive à se hausser jusqu'aux portes de l'aristocratie où malheureusement le roman s'achève puisqu'il manque la dernière partie.

Ancêtre de Bel-Ami, Jacob qui s'appelle désormais de la Vallée, va grâce aux femmes, notamment son mariage avec Mlle d'Habert, réussir une belle ascension sociale. Mais les enjeux sont très différents de ceux de Maupassant : anthropologiquement, Marivaux montre la perfectibilité de l'homme au contact de la société - les thèses rousseauistes ne sont pas loin - et dessine le type de l'honnête homme. Notre domestique Jacob parvient à se hisser dans les hautes sphères de la société grâce à son esprit et à sa belle mine : "Mais dans ce monde, toutes les vertus sont déplacées, aussi bien que les vices. Les bons et mauvais coeurs ne se trouvent pas point à leur place". Marivaux esquisse dans ce roman-mémoire, l'avènement de l'individu dont les mérites priment sur la naissance. Un très beau classique à lire absolument !

Quelques années plus tard Rousseau entreprend aussi de raconter son autobiographie : contrairement à l'autobiographie fictive entreprise par Marivaux, l'auteur du Contrat social, décide de détailler toute sa vie réelle. Le pacte est posé, mais le jeune Rousseau, dès 6 ans, déclare avoir lu L'Astrée et Plutarque avant même de découvrir la vie : sa sensibilité romanesque explique "l'appel du roman" ( Starobinski) qui est perceptible à travers bien des épisodes de la vie de Rousseau. Se qualifiant lui-même de "berger extravagant" ( Livre IX), il se peint souvent sous les traits d'un héros picaro et a des affinités avec le parvenu de Marivaux. Il est lui aussi un laquais devenu l'un des plus célèbres philosophes des Lumières et dira un peu comme le paysan de Marivaux, lors de l'épisode de la devise : " ce fut un des épisodes trop rares qui replacent les choses dans leur ordre naturel" ( Livre III).

Pour qualifier ce livre, A. Maurois parlait du "meilleurs des romans picaresques" : si cette appellation est excessive, on prend plaisir à lire la prose humoristique de J.J. Rousseau dont on découvre le caractère "romanesque et bizarre". Bien sûr l'orgueil incommensurable du personnage est peut-être désagréable, bien sûr sa manie apologétique amène toujours l'auteur de La nouvelle Héloïse à se justifier en sa faveur, bien sûr, "les fadaises de son enfance" (L'année Littéraire) semblent bien longues parfois mais lu sous le biais de l'intertextualité, les livres I à VI des confessions deviennent très réjouissants, notamment dans la peinture des portraits souvent similaires à ceux qu'on trouve dans Le roman comique de Scarron ou les nombreux passages burlesques d'un Rousseau don quichottesque !

 Marivaux, Le paysan parvenu, GF, 384 p.

16 février 2013

Au mois de Février 2013...

Alex Beaupain - Brooklyn Bridge

J'ai l'impression d'être une revenante, après m'être absentée un petit moment, et après une grande inactivité livresque, je reviens pour vous parler des récentes découvertes sur la blogosphère qui, elle, n'a pas oublié de tourner...

 L'un des films qui me tente beaucoup est Anna Karenine de Joe Wrigth qui a plu à Eiluned; qui nous dévoile de nombreuses et belles images. Si Dasola nous conseille de voir le biopic de Hitchcock, Titine n'a pas vraiment apprécié ce film. Côté série, j'ai suivi avec intérêt la vie de Mildred Pierce : Céline et Romanza l'évoquent dans deux billets élogieux... de même que Retour à Whitechapel, qui bien que disparu des écrans ( ce qui est dommage, étant donné que les programmateurs préfèrent diffuser des navets), présentaient quelques aspects originaux pour une série policière - avec un fabuleux archiviste aux états d’âme amusants mais qui ne sert à rien ! - déjà évoqué par Lou.

Côté challenge, Céline en fait le tour dans son blabatage et je n'ai pas pu résister au challenge de British Mysteries organisé par Lou. Romanza se lance dans le challenge Myself, où nous devons choisir nos propres critères : j'ai choisi de lire les pavés de ma PAL, notamment le Ulysse de Joyce mais aussi Daniel Deronda, Guerre et paix etc....

Non, je ne travaille pas dans une librairie mais j'ai pu repérer la sortie poche des rééditions de Wharton comme les New-Yorkaises. Après Amélia Opie, Malice nous fait découvrir une biographie de l'ère victorienne écrite par David Waller. Quant à Niki, elle revient à un grand classique anglais que je rêve de lire : The mysteries of Udolpho. Le Japon est aussi à l'honneur avec La course au mouton sauvage de Murakami dont parle Miss Léo, et elle a aussi lu Un café maison, de Keigo Higashino qui est très en vogue et qui a été aussi analysé par Dasola....

J'ai beaucoup aimé le billet d'humeur du cabinet des curiosités, car j'aurai pu écrire la même chose, et paradoxalement j'adore aussi les amants de papier de Romanza : très belle idée où Romanza nous parle de ses coups de foudre pour les héros de roman ! Et pour finir en musique, Audouchoc nous fait écouter une chanson d'Alex Beaupin " les tempêtes de l'inéluctable" dont voici sa plus belle chanson " Brooklyn Brige" ....  Bon week-end à tous sans oublier mon traditionnel souhait de bonne lecture !

10 février 2013

L'Inconnu du Nord-Express de Hitchcock

 

L_Inconnu_du_Nord_Express

 Certaines scènes sont cultes et inoubliables dans les films d'Hitchcock, il suffit de penser à la scène de la douche dans Psychose, à l'attaque des oiseaux... Et même chose dans L'inconnu du Nord Express où on suit d'abord, en gros plan, les chaussures des personnages principaux avant de découvrir leur physique et leur histoire : c'est ainsi qu'un célèbre joueur de tennis - Guy Haines - rencontre Anthony Bruno - un homme désoeuvré mais dérangé : Quel est leur sujet de conversation ? Le meurtre parfait existe-t-il ? Comme dans La corde, Anthony élabore sa théorie du crime parfait et va l'imposer à Guy : puisque celui-ci veut quitter sa femme infidèle et intéressée et que lui-même souhaite tuer son père, pourquoi n'échangeraient-ils par leur crime ? N'est-ce pas le mobile qui conduit souvent les policiers à l'assassin ?

Mais Hitchcock ne se contente pas de ce scénario tout fait et va au contraire multiplier les surprises : rien ne se passe comme prévu pour nos deux personnages.... A début spectaculaire, fin spectaculaire ! De rebondissements en rebondissement, jusqu'à la dernière minute la mécanique hitchcockienne s'emballe pour terminer sur une scène étourdissante ! Un film que je revois avec plaisir tant le réalisateur a un art si particulier de filmer, notamment les meurtres de manière indirecte, et de créer le mystère à partir de ses thèmes fétiches... Quand on sait que le magnifique Plein soleil de René Clément est un remake - de même que le talentueux Mr Riplay, on ne peut que souligner l'originalité d'Hitchcock. La présentation d'Hitchcock de ce film en ces termes devrait vous inciter à visionner ce film terriblement étourdissant et impressionnant : "Le point de départ, c'est que, si vous serrez la main d'un fou furieux, vous vendez peut-être votre âme au diable..." (sur le site allociné)

L'inconnu du Nord-Express, Hitchcock, adapté du roman de Patricia Hitgsmith, 1952, 1h40,

vu aussi par titine.

Autres films : Psychose, La corde, Une femme disparaît, La loi du silence, Mais qui a tué Harry ?, chantage, Les 39 marches,, Jeune et innocent, meurtre, le grand alibi, Une femme disparaît

Challenge Hitchcock, organisée par Titine

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