Composition française de Mona Ozouf : ISSN 2607-0006
A quoi fait référence ce titre de composition française ? A la dissertation scolaire, puisque l'auteur revient sur son enfance, mais une enfance où elle a dû composer avec de nombreuses influences. A partir de son enfance à Plouha, au côté d'une grande-mère qui parle breton et d'un père mort jeune mais militant pour la cause bretonne, l'historienne Mona Ozouf s'interroge sur l'interaction entre l'héritage politique, culturel et familial dans la formation d'une identité individuelle.
Refusant le diktat de l'absence de l'historien dans un essai historique, l'auteur revient sur son enfance bretonne pour illustrer son propos : d'une famille bretonnante, elle a été imprégnée de la culture celtique à travers les livres de Chateaubriand, Savignon, Renan, pour ensuite découvrir la laïcité et l'uniformisation imposées par une école laïque. Pourquoi la République impose-telle une langue commune ? Les langues régionales ont-elles un effet néfaste par rapport à l'idée de laïcité ? Peut-on rejeter les héritages familiaux, régionaux ?
Si l'auteur rejette les niaiseries bretonnes, elle affirme que les différentes déterminations peuvent cohabiter ensemble : " Trois pèlerinages, donc, qui résumaient assez bien les trois lots de croyances avec lesquelles il me fallait vivre : la foi chrétienne de nos ancêtres, la foi bretonne de la maison, la foi de l'école dans la raison républicaine. A elle trois, ces croyances composaient ce que j'appellerai volontiers ma tradition". (p. 152).
A l'histoire familiale bretonne, suit une analyse de l'histoire des évolutions des particularités régionales, remontant jusqu'à la Révolution Française. La pluralité des langues et des coutumes menace-t-elle l'unité nationale ? Selon l'auteur," Les Français peinent toujours à reconnaitre la tension entre l'universel et le particulier, présente pourtant dès l'origine au coeur du républicanisme". (p. 220). Elargissant le débat autour des autres "communautarismes", comme la parité homme/femme dans le domaine politique, le port du foulard... A toutes ces questions complexes, Mona Ozouf refuse l'antagonisme ou une vision binaire pour conclure sur l'affirmation suivante : " notre vie est tissée d'appartenances". Original par sa forme, entre essai historique et récit autobiographique, cet essai, posant le problème de la tension entre particularismes régionaux et universel, est toujours d'actualité.
Ozouf, Composition française, Retour sur une enfance bretonne, Folio, 270 p.
Merci Bob et folio pour ce partenariat
voici l'avis de Lilly.