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1001 classiques
23 décembre 2010

Une autobiographie d'Agatha Christie : ISSN 2607-0006

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Pourquoi avoir écrit cette autobiographie ? Dans l'avant-propos datant de 1950, Irak, Agatha Christie explique le but de son autobiographie. N'arrivant pas à écrire un roman policier, elle décide d'entreprendre le récit de sa vie : « or ce que veux, moi, c'est plonger au petit bonheur les mains dans le passé et les en ressortir avec une poignée de souvenirs variés » (p. 16). Pourquoi avoir choisi Poirot comme détective ? Comment est né son premier roman ? Cette autobiographie vous permettra de découvrir tous les secrets d'écrivain d'Agatha Christie.

« Grand jeu victorien » (Titre de la quatrième partie) :

L'importance de son enfance est visible dans le découpage de son autobiographie : 4 des plus longs chapitres sont consacrés à sa jeunesse.

Son enfance heureuse est racontée à travers des fragments de souvenirs : portrait du père, de la mère, jardins, jeux d'enfants, entre un père rentier et des domestiques qui savaient tenir « leur rang ». La plupart de ses souvenirs sont anodins mais certains sont présents dans ses romans, comme le cheval à bascule, jouet qui ferait surface dans « un cheval pâle ». L'enfance se déroule au rythme des événements quotidiens : mort de son père, mariage de sa soeur, mais aussi une grande place est faite à ses lectures. Sachant lire très tôt, elle découvre Doyle, Dickens, Dumas...

Dans ses histoires d'enfance sans grand intérêt, surgit toutefois un amour du théâtre qui ne sera jamais démenti. Elle dira elle-même que « Le théâtre n'avait jamais cessé d'occuper une part régulière de ma vie ». Sa jeunesse se déroule entre ses diverses occupations  victoriennes, piano, danse... Des anecdotes amusantes sur l'imagination romanesque et sentimentale de l'époque victorienne viennent ponctuer le récit de faits quotidiens : «  - Tu sais j'aime bien Ambrose, me dit-elle [sa grand-mère] une fois en parlant d'un des soupirants de ma soeur. L'autre jour, alors qu'elle se promenait le long de la terrasse, je l'ai vu se lever après son passage se baisser pour ramasser une poignée du gravier où elle avait posé le pied et le mettre dans sa poche. Très beau geste, je trouve, très beau. Digne de mon époque à moi ». Pauvre chère mamie ! Nous dûmes lui faire perdre ses illusions. Le dit Ambrose était un en fait un passionné de géologie, et c'étaient les caractéristiques du gravier qui l'avaient intéressé. » (p. 375)

Des débuts littéraires difficiles.

A causes des revers de fortune de son père puis de sa mort, à 17 ans, elle fait son entrée dans le monde au Caire. C'est à époque qu'elle écrit ses premiers poèmes. Pendant une convalescence, sur proposition de sa mère, elle écrit son premier texte qu'elle qualifie de « valable » :  La maison de beauté, suivie de diverses tentatives rejetées comme le manuscrit La neige sur le désert.

Avec l'arrivée de la guerre, elle décide de travailler dans un hôpital du Devon et passe un concours de préparatrice en pharmacie. C'est là dans ce laboratoire qu'elle décide d'écrire un roman policier. Ce n'est que 2 ans plus tard, qu'il est publié dans une petite maison d'édition chez Bodley Head : La mystérieuse affaire de Styles, qui lui rapportera peu d'argent. Parallèlement à ses débuts d'auteur, elle décrit sa vie avec Archie Christie, la naissance de sa fille, son tour du monde. Les cinq derniers chapitres abordent rapidement sa vie avec l'archéologue Max Mallowan et ses succès littéraires.

Une forte personnalité :

Dès son enfance, apparaissent certains traits de caractère de la personnalité d'Agatha Christie : tout d'abord sa timidité et ensuite son imagination débridée. Cependant, si elle se décrit comme une femme entravée par les convenances de son époque, elle n'hésite pas à s'acheter une voiture à un moment où les voitures restaient un luxe et à partir voyager seule jusqu'à Bagdad.

La naissance du whodunit :

Comment vit le jour son roman égyptien La mort n'est pas une fin ? Comment a été créé Hercule Poirot ? La reine du crime revient sur la genèse de ses romans et donne aussi des indications sur la création de ses personnages. Elle parle de ses succès au théâtre notamment des Trois souris aveugles et se plaît à raconter une anecdote amusante d'une de ses pièces, Premier alibi : le soir de la première, la porte que devait défoncer un médecin et un maître d'hôtel était déjà ouverte et on voyait l'acteur sensé incarner la victime morte s'installer tranquillement !

« Un symbole victorien » :

La vie et l'oeuvre d'Agatha Christie est marquée par l'époque victorienne, par son sentimentalisme, ses convenances. Elle nous fait découvrir les moeurs de cette époque à traverse diverses anecdotes et les lectures de son enfance : elle raconte ainsi comment elle fit plusieurs chutes avec son voisin, dans l'escalier, pour avoir voulu s'entraîner à danser la valse à la mode qui se déroulait dans des escaliers !

A cette époque la femme devait suivre son mari mais la romancière ne cesse de mesurer l'évolution de la femme dans la société. Elle-même est consciente du changement du monde qui l'entoure :« En l'année 1911, je vécus une expérience fantastique : je montai dans un aéroplane » ; Cependant, on est surpris de voir le peu de place que tiennent les deux événements majeurs du XXeme siècle. L'histoire contemporaine ne semblait pas intéresser beaucoup notre romancière.

Fresque sur l'époque post-victorienne, découverte d'une personnalité, l'autobiographie d'Agatha Christie est une oeuvre plaisante à lire, dans un style léger, humoristique et familier, bien qu'un peu ennuyeusement verbeux parfois, contrairement à ses romans policiers....

 Christie, Une autobiographie,  Livre de poche, 984 p.

Hors-série Lire, Agatha Chritsie : une femme fatale, 98 p.

Challenge Agatha Christie organisé par George.

Challenge autobiographie bleue et violette

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20 décembre 2010

Northanger Abbey de Jon Jones : ISSN 260-0006

 

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Northanger Abbey, de Jane Austen
"Catherine n'avait rien d'une héroïne" : une voix off moqueuse nous présente le personnage principal de Northanger abbey. Catherine Morland aime les romans gothiques, développant une imagination débridée. Invitée par de riches parents à Bath, les Allen, elle y fait la rencontre du pasteur Henry Tilney et de sa soeur Eleanor. Elle rencontre aussi Isabella Thorpe et son frère, des arrivistes intriguants. Catherine s'éprend peu à peu d'Henry et elle accepte l'invitation du général Tylney à se rendre dans leur vaste manoir. Là, dans cette "demeure digne d'un roman", elle découvre que la femme du général est morte d'une manière brutale et violente...
"Vous auriez préféré qu'il fut brigand"
C'est ce que dit Mrs Allen lorsque Catherine évoque avec un peu de déception le fait que Henry ne soit que pasteur. Comme les héroïnes de romans gothiques, Catherine se révèle crédule et naïve. Ses lectures Les mystères d'Udolphe de Radcliffe et Le moine de Lewis sont évoqués à plusieurs reprises, échauffent son imagination. " Ce roman vous fera tourner la tête", lui dit John Thorpe. Il ne se trompait pas beaucoup, étant donné que c'est cette propension à confondre rêve et réalité qui va l'amener à commettre de graves erreurs de jugement mais qui apporte la touche parodique et humoristique de ce film, qui joue avec les codes du genre mais pour mieux les détourner : portes qui grincent, une aile du château condamnée, éclairs et tempête. Notre héroïne trouve de vieux manuscrits... qui se révèlent être une liste de blanchisserie !

Certes Northanger abbey critique les romans gothiques cependant, on reconnaît l'une des problématiques essentielles de Jane Austen dans ce roman : la question du mariage d'argent et d'amour. Si nos deux héros, Henry et Catherine font preuve de modernité en choisissant l'amour, autour d'eux, c'est le règne de l'intérêt : Le général Tilney, Isabella ne pensent qu'à l'argent, ce que James va apprendre à ses dépends. Il n'y a rien de romantique dans l'amour austenien...
Film d'époque très soigné, la joliesse des décors, des costumes et des acteurs n'empêchent pas le respect de l'esprit du roman. Northanger abbey est bien une parodie impeccable des romans en vogue à l'époque de Jane Austen. Délicieusement satirique envers une certaine noblesse et envers le mariage d'argent, cette comédie non sentimentale est à la fois amusante et pétillante : une bonne adaptation du roman de Jane Austen.
Northanger abbey, de Jon Jones, avec Liam Cunningham, Carrey Mulligan et Felicity Jones, 95 min, 2007

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18 décembre 2010

Le mystère de Fernwood de Mary Elizabeth Braddon : ISSN 2607-0006

 

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L'oeuvre de Mary Elizabeth Braddon s'inscrit dans la lignée des romans anglais à énigme, mystérieux, du XIXeme siècle. Le mystère de Fernwood et la vengeance de Samuel Logwood présente une atmosphère et une intrigue similaires aux romans de l'époque, ceux de Wilkie Collins ou de Le Fanu.
Le mystère de Fernwood

Fernwood est un château qui renferme un secret que va découvrir Isabel, à son insu. Invitée par son futur mari Laurence Wendale et sa belle-famille, elle découvre une propriété envahie par la poussière et la tristesse : « il semblait que le château, les parcs et le châtelain lui-même fussent tombés en décadence ensemble ». A cette tristesse inquiétante, s'ajoute la froideur de la lettre de sa belle-mère :  « C'était la première et vague indication de ce terrible écueil contre lequel devait se briser mon existence, le premier anneau de la chaîne de ce grand mystère, dans lequel tant de destinées étaient enveloppés". Etrangement, un parent pauvre est caché dans la maison et même Laurence Wendale ignore sa véritable identité. Mais qui est ce Mr Thomas que tout le monde s'obstine à cacher ? Pourquoi est-il si précieux aux yeux de sa famille ?

La vengeance de Samuel Logwood :
Christophe Welson, jeune homme de bonne famille, bel homme, est accueilli chaleureusement chez l'armateur Tyndale et Tyndale. A ses côtés, Samuel Logwood, un pauvre commis n'ayant pas une aussi heureuse naissance que lui, orphelin et pauvre, le jalouse férocement, surtout lorsqu'il découvre que Christophe fait la cours à Lucy, leur jolie mais désargentée voisine. Mais un jour, il découvre que ce dernier a fait un faux pour payer une note de tailleur. Samuel décide de racheter ce faux, étouffe l'affaire et attend de sortir cette preuve de la malhonnêteté de Christophe au moment opportun... Il demande Lucy en mariage, tout en sachant que celle-ci aime encore Christophe, qui est parti à Londres, devenu un important personnage. Arrivera-t-il à mettre en place sa terrible vengeance ?
Dans ces deux intrigues, on reconnaît très vite des topos de romans gothiques : fantômes, secrets honteux, meurtres, jalousie, jeune fille naïve et manoirs délabrés. Proche d'intrigues comme L'abîme de Dickens et Wilkie Collins pour la vengeance de Samuel Logwood ou de Secret de famille de Louisa May Alcott, les histoire restent surprenantes par leur véritable noirceur sous des dehors anodins : pas de fins heureuses pour nos héros. Racontés à la première personne, la narration met l'accent sur les sentiments des personnages principaux que ce soit le désespoir d'Isabel ou la joie malsaine de Samuel, trompés par les apparences, ce qui permet un retournement de situation final. Ce n'est pas le mystère qui est l'atout de ces nouvelles, bien que les intrigues soient efficaces, mais bien l'analyse des profondeurs de l'âme humaine. Deux nouvelles d'influence gothique, qui méritent d'être recouvertes...

Braddon, Le mystère de Fernwood, suivi de La vengeance de Samuel Logwood, Labyrinthe, 87 p.

Autre roman : Aurora Floyd, Le secret de la ferme grise
L'avis de Cécile ici.

Lu dans le cadre du challenge Braddon de Lou.

17 décembre 2010

Grand jeu-concours Maigret : ISSN 2607-0006

A propos du commissaire...

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"Vous avez déjà rencontré le commissaire Maigret à travers vos lectures, ou vous en avez une certaine image, que vous incarnerez, en photo.  A vous de jouer !"

Le livre de poche organise un jeu-concours jusqu'au 31 janvier 2011.
Pour participer, rendez vous sur le site
Maigret, vous l'avez forcément croisé quelque part...

8 décembre 2010

L'homme au complet marron d'Agatha Christie : ISSN 2607-0006

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Les whodunits d'Agatha Christie (biographie sur le site Larousse) semblent tous se ressembler. Et pourtant, ses intrigues traditionnelles présentent toujours des inventions narratives : dans L'homme au complet marron, comme dans Le meurtre de Roger Accroyd, la célèbre "duchesse du crime", nous emmène de surprises en révélations. Mais quelle est l'originalité de ce roman policier d'énigme ?

A côté d'un père paléontologue, Anne Beddinfield meurt d'ennui, en Afrique du Sud, alors que son seul rêve est de "voir le monde et de courir l'aventure". A la mort de son père, qui la laisse orpheline et sans le sou, Anne est emmenée à Londres par le notaire de son père, Mr Flemming. Peu de temps après son arrivée, Anne assiste à un meurtre : un homme tombe sous les rails d'un métro après avoir vu quelque chose qui l'a effrayé. Le médecin qui a constaté la mort dans le métro ne s'est pas présenté même pas après la publication d'un article sur le double meurtre. L'homme tué sous les roues du métro, n'avait pas de papier : autant d'événements mystérieux qui va amener notre héroïne à enquêter. Quelques heures plus tard, elle apprend le meurtre d'une jeune femme dans le pavillon d'un certain sir Eustache, tuée semble-t-il par un homme portant un complet marron. Ces deux meurtres sont-il liés ? 

Agatha Christie joue avec les clichés littéraires dans ce roman : notre jeune héroïne courageuse rêve de romanesque. Elle compare les personnes qui gravitent autour d'elle avec ses héros de romans comme le Rhodésien farouche et sombre de ses romans qu'elle s'imagine sous les traits du capitaine Race. Puis, elle est malade pendant la traversée, contrairement aux héros de romans, pense-t-elle. Cependant, Anne se révèle être une jeune fille pleine de ressources : "une aventurière qui se respecte ne peut être à cheval sur les principes". Agatha Christie s'est souvent plu à se représenter sous les traits de Mrs Oliver, une romancière, aidant parfois Poirot dans ses enquêtes ; cette fois-ci, elle s'est amusée à faire des réflexions sur l'écriture romanesque à l'intérieur de son histoire : "je soupçonne tout le monde, répliquai-je [Anne], l'air sombre. Si vous avez lu des romans policiers, Suzanne, vous sauriez que le coupable est toujours celui qu'on soupçonnait pas. Les criminels gras et joyeux comme sir Eustache ne se comptent plus".

Contrairement aux romans policiers où les indices sont parfois cachés au lecteur, ici, hypothèses, déductions sont livrées au lecteur. La narration d'ailleurs est menée de front par notre héroïne mais aussi par Sir Eustache : cet homme qui ne songe qu'au confort accumule les ennuis avec des secrétaires zélés : il supplée à l'histoire d'Anne en racontant les mêmes événements dans son journal intime, mais sous un autre angle, pour mettre le lecteur sur de fausses pistes ! Cette enquête est aussi originale par l'exotisme des lieux, et les nombreux rebondissements. L'auteur fait preuve d'une grande inventivité dans l'intrigue et la complique à souhait : déguisements incessants de tous les personnages, retournement de situation, fausses identités et bien sûr un tueur des plus improbables !

Notre jeune héroïne avec beaucoup d'humour nous conte ses aventures. Elle n'a pas le sérieux et l'orgueil du célèbre Poirot, donnant ainsi à son récit un ton pétillant et frais. Ajoutez à cela, le journal de sir Eustache, non moins humoristique, brimé par son secrétaire. Cette enquête effrénée, avec amour idyllique et déguisements rocambolesques, vous entraînera jusqu'en Afrique du sud, sans un moment de répit mais avec beaucoup d'humour : une enquête originale, qui révèle une surprise de taille au niveau de la narration, pleine de drôlerie et de fraîcheur !

 Christie, L'homme au complet marron, Le masque, 252 p.

Autres romans  : Poirot joue le jeu, Les indiscrétions d'Hercule Poirot, La mystérieuse affaire de style
challenge Agatha Christie de George

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6 décembre 2010

Seule contre la loi de Wilkie Collins : ISSN 2607-0006

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Considéré comme l'inventeur du roman policier d'énigme, Wilkie Collins mérite bien cette réputation. Lecteurs,  si vous avez déjà lu un de ses romans, vous savez que les intrigues mystérieuses et palpitantes et  que les Victoriens excentriques peuplent ses romans. Dans Seule contre la loi, une jeune femme nommée Valéria prend la plume pour raconter les sombres heures qu'elle a vécues juste après son mariage : un jour pluvieux et triste, à peine mariée à Mr Woodville " au sourire lumineux et plein de bonté", différents incidents alarment notre jeune héroïne. La famille de son mari refuse d'assister à la cérémonie de mariage, ses amis refusent de parler de cet homme... De coïncidences en coïncidences, la jeune femme est confrontée à un angoissant secret qui plane sur le passé de son mari. Pourquoi s'est-il marié sous un faux nom ? Elle découvre après quelques péripéties, la véritable identité de celui qu'elle a épousé en trouvant un livre chez le major, ami de son mari : "  compte-rendu complet du procès d'Eustace Macallan, accusé du meurtre de sa femme". Cet homme qu'elle adore et qu'elle vénère est-il un assassin ? Elle ne peut le croire et commence seule et envers tous une enquête éprouvante  : qui a tué sa première femme ? Va-t-elle trouver des indices pour innocenter son mari ? 

Seule contre la loi est certainement le plus fantasque des livres de Wilkie Collins, surtout au niveau des personnages qui comprend une galerie de portraits insolites et de l'intrigue qui repose sur des coïncidences forcées et des hasards extravagants. Quoique le secret soit révélé rapidement, ce roman met en scène une véritable enquête haletante et plusieurs personnages tout à fait distrayants et haut en couleur, à commencer par le major  Fitz David, "Don Juan" sur le retour, qui apporte une touche comique. Quant à Miserimus Dexter, c'est un personnage tout droit sorti de la cour des miracles hugolien : infirme, il semble fou à lier, vivant entouré de tableaux sanglants, se prenant pour Lear... La description de ce personnage est une véritable prouesse !

Mais revenons à l'héroïne, une hystérique oie blanche au départ : "Où que vous alliez, j'irai avec vous ! m'écriai-je. Amis, réputation, peu m'importe ce que j'y perdrai. Je ne suis qu'une faible femme, Eustace, ne me rendez pas folle ! Je ne saurais sans vous. Je veux devenir votre femme, votre femme je serai ! Telles furent les paroles échevelées que je proférai avant de laisser mon désarroi et mon affolement s'exprimer en un accès de larmes et de sanglots". Il faut dire que la misogynie de l'époque n'épargne pas les femmes : "Si vous étiez capable de contenir votre curiosité, dit-il sombrement, nous pourrions être raisonnablement heureux. J'avais cru épouser une femme exempte des imperfections propres à son sexe. Une épouse digne de ce nom devrait avoir suffisamment de bon sens, pour ne pas mettre le nez dans les affaires de son mari, affaires qui ne la regardent en aucune façon". Ainsi, c'est de cette manière qu'un mari victorien s'adressait à sa chère femme ! Cette jeune fille très impressionnable et très sensible s'évanouit facilement et rougit encore plus facilement mais plus les épreuves semblent insurmontables, plus elle s'entête et brave le danger : et pourquoi ? Pour sauver un mari lâche et veule, qui ne songe qu'à fuir devant chaque obstacle qui se dresse devant lui !

C'est d'ailleurs ce personnage de détective amateur qui rend si originale cette quête de la vérité, cette enquête à rebours qui en outre est résolue par des moyens inhabituels et est émaillée de trouvailles insolites. L'autre originalité de ce roman est de donner une grande place à l'inconscient et à la folie. La rigidité des lois et des coutumes victoriennes ne semblent être faites que pour être contournées par notre héroïne devenue intrépide. Cette intrigue pleine de circonvolutions vous fera frémir d'impatience : devinerez-vous qui est le véritable assassin ? Cette enquête retorse, comportant procès, amour, trahisons et remords dans la bonne société victorienne est un admirable roman policier extravagant.

Collins, Seule contre la loi, Libretto, Phebus, 419 p.

Autres romans : Le secret, Profondeurs glacées, Pierre de lune, L'hôtel hanté
L'avis de Titine ici.

Challenge Wilkie Collins addict de Cryssilda.

1 décembre 2010

Coco Chanel, une icône de Montalembert : ISSN 2607-0006

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Pourquoi Gabrielle Chanel, surnommée Coco Chanel, fascine-t-elle autant ? Non seulement, c'est une femme hors du commun mais elle a aussi révolutionné la mode. Chanel est le symbole de l'élégance française. Elle fascine par sa personnalité mais elle a aussi révolutionné le monde de la mode. Catherine de Montalembert et Edmonde Charles Roux racontent sa vie...

Une personnalité hors norme.

Il est intéressant de voir comment Chanel traverse les grands événements historiques  : née en 1883, elle est une femme résolument moderne et actuelle. Son élégance devient intemporelle. Pour cacher ses nombreux chagrins d'amour, elle se tourne vers le travail et ne cessera jamais de créer, ses légendaires ciseaux, toujours pendus autour de son cou : Chanel retouche ses modèles, cherche de nouvelles formes, de nouvelles matières...

Elle côtoie les plus grands artistes de son temps et fascine de nombreux artistes et personnalités : elle est photographiée par Doisneau, peinte par Laurincin... Un aspect moins connu de Chanel est son mécénat. Elle a aidé aussi bien Reverdy que Stravinski ou Diaghilev... De plus, elle conçoit aussi des costumes pour le théâtre et des ballets. Elle fait des incursion dans le cinéma où elle habille vers la fin de sa carrière, Romy Schneider ou Jeanne Moreau, qui deviendront vite des amies.

Une histoire de la mode : « Le chic, ce temps sublimé, c'est la valeur clé de Chanel »  ( Roland Barthes)

Quels sont les apports de Chanel dans le milieu de la mode ? « la petite robe noire », le tailleur, elle est aussi la créatrice du n°5. Elle est la première à simplifier les tenues mais aussi à utiliser des tissus tels que le jersey ou le tweed. Chanel se renouvelle sans cesse, influencée par ses rencontres cosmopolites : en 1920, elle a une période russe, suivie d'une période anglaise...

Que portent les femmes de la Belle époque ? Quelles sont les tenues que portaient les orphelines à l'époque où Chanel entre dans l'orphelinat d'Aubazine ? A côté des créations de Chanel, on peut suivre l'histoire de la mode à travers l'évocation des premiers grands magasins, du succès de Dior, de l'apparition de la mini jupe, qui scandalise tant Coco Chanel !

Des beaux livres

Que ce soit les habits d'époque ou les lieux comme Aubazine, Vichy, chers à la styliste, de nombreuses illustrations agrémentent la lecture fluide de ces biographies. On peut aussi trouver des photos des proches de Coco, comme Balsan ou Boy. Ces deux monographies portent d'emblée dans le titre leur différence : Chanel, une icône, retrace le portrait de la « grande Mademoiselle » tandis que Le temps Chanel, dresse aussi un portrait de Chanel mais tout en insérant des pages sur les artistes qu'elle a fréquentés, comme une double page sur Radiguet, quelques pages sur Missia, Cocteau ou Picasso... Milieux artistiques, moeurs du début du XXeme siècle et événements historiques ont une grande place dans le destin de Chanel. L'ouvrage d'Edmonde Charles Roux développe aussi divers aspects du métier de Chanel, en décrivant les défilés, l'après Chanel ou l'intérieur de son appartement. Ces deux ouvrages, magnifiquement illustrés, mettent l'accent sur la forte personnalité de Chanel et son destin exceptionnel. Un destin hors-norme à découvrir !

Portrait de Chanel à travers les citations de ses contemporains.

Pour comprendre Chanel, quelques citations complètent l'histoire de sa vie.

«  Ses colères, ses méchancetés, ses bijoux fabuleux, ses créations, ses lubies, ses outrances, ses gentillesses, comme son humour et ses générosités, composent un personnage attachant, repoussant, excessif... humain », Jean Cocteau.

«  Coco était belle, elle était même plus que belle, elle avait l'air d'un Goya ».Gabrielle Dorziat.

« Chanel, c'est une merveille. Elle a compris son époque. Elle a créé la femme de son époque », Yves Saint Laurent.

« Les chanellismes »  :

Certainement aidée par Reverdy, Chanel a écrit de nombreux aphorismes.

« C'est avec ce qui ne s'apprend pas qu'on réussit ».

«  Chanel c'est d'abord un style. Or la mode se démode. Le style jamais. »

«  C'est que la couture n'est pas du théâtre et la mode n'est pas un art, c'est un métier. »

« La parure, quelle science ! La beauté, quelle arme ! La modestie quelle élégance ! »

Quelques mots sur l'auteur : Après avoir passé 10 ans à la communication chez Dior et Lanvin, Catherine de Montalembert écrit sur les parfums, la mode... Elle collabore périodiquement avec les magazines World of interiors, Femmes...

de Montalembert, Coco Chanel, une icône, Aubanel, p. 130

Charles-Roux, Le temps Chanel, Grasset, Edition de La Martinière, 377 p.

Lu dans le cadre du challenge d'irrégulière : "Read me, I'm fashion" d'irrégulière et challenge biographie de bleue et violette
Voici un très beau billet sur les beaux livres de mode sur le site de Eiluned.

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