Un ange à ma table de Jane Campion : ISSN 2607-0006
L'univers de Jane Campion est vraiment très singulier. La femme et son émancipation semblent être l'une des constantes de son oeuvre. Avant Fanny Brawne de Brigth Star et Ada de La leçon de piano, elle s'est attachée à montrer la vie de Janet Frame, une romancière néo-zélandaise. Elle raconte, en trois temps - "To the Island", "An Angel at my table", "The envoy from the miror" - la vie atypique de cet écrivain timide et sensible. Née dans une famille nombreuse et pauvre, elle développe très tôt le goût de la littérature et devient institutrice. Choquée par le décès de deux de ses soeurs par noyade, diagnostiquée schizophrène, elle sera internée pendant 8 ans dans un hôpital psychiatrique, avant d'appendre par hasard qu'elle n'est pas malade. Elle ne cessera jamais d'écrire et son oeuvre sera couronnée de plusieurs récompenses.
La caméra de Jane Campion suit cette femme au destin malheureux mais atypique : elle nous permet de découvrir le regard étrange que cette femme pose sur le monde. La perfection formelle est présente à travers les magnifiques paysages, une belle bande-son, les couleurs harmonieuses et les extraits de poèmes de Janet Frame. Avec sensibilité, la réalisatrice nous dévoile l'univers d'une femme malmenée par le monde mais qui trouve un refuge dans l'écriture. Un ange à ma table reste un magnifique film, entre violence et beauté, qui rend hommage à une femme au destin difficile : sa solitude est émouvante et son passage dans un asile psychiatrique effrayant... Jane Campion arrive à nous faire entendre la voix intérieure de cette romancière solitaire et comprendre sa sensibilité même si ce film m'a beaucoup moins émue que le sensualisme mis en oeuvre dans La leçon de piano ou que la perfection formelle du destin fatal de Fanny Brawne...
Autre film : Brigth star