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30 avril 2010

LE SWAP : "THE PORTRAIT OF LADY" : ISSN 2607-0006

Il y a un mois, commençait la grande aventure du swap The portrait of the lady, organisé par Lou et Titine, nouvelle aventure pour moi, puisque c'est mon premier swap ! Des romancières anglaises, l'ère victorienne et des héroïnes anglo-saxonnes... Comment résister ?
Quelle ne fut pas ma surprise en ouvrant mon colis : tout est furieusement esthétique, tout est so british et tout est terriblement raffiné ! Jugez et admirez par vous-même ! Et tout cela m'a été envoyé par ma charmante swappeuse, grande connaisseuse de l'art and kraft  : TITINE  ! (tous les titres en gras et entre guillemets sont de mon adorable swappeuse !)
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  • Et premier clin d'oeil aux amoureuses de Darcy, pour le séduire, voici une carte "english Georgian dress".
  • "London calling" : ce carnet, aux couleurs de l'Angleterre, magnifique, ne me quitte plus, je suis aussi amoureuse de lui !
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  • "Have a break" : des produits Gardener et un mug "Ophélie de Millet" .
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  • " Et un de plus" : je n'avais pas ce Wilkie dans ma PAL, mais heureusement Titine a comblé cette lacune... Seule contre la loi, la quatrième de couverture me semble augurer une lecture passionnante et je ne peux m'empêcher d'en écrire un extrait : " Thriller labyrinthique, âpre réflexion sur les faux-semblants, vibrant portrait d'une héroïne libre et intraitable, Seule contre la loi passe pour le premier roman policier dont le détective est une femme". Je n'ai qu'une envie, c'est de me jeter dessus et de commencer à le lire...

  • "Pour m'accompagner dans mes lectures" : le véritable marque-page en cuir "The Jane Austen Centre". Je l'adore et je crois que toutes les admiratrices de Jane vont être jalouses... Je ne le quitte plus !

  • "Un bijou trop peu connu" : Drôle de temps pour un mariage de Julia Strachey, un auteur que je ne connais pas et que je vais me faire un plaisir de découvrir...

  • "De la méchanceté, de l'ironie, de l'humour" : Lady Susan de Jane Austen (seule ombre du tableau, par ma faute, je l'ai déjà lu et je m'en excuse, car j'ai peut-être mal rempli mon questionnaire...).
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  • My dear Titine,

Je t'écris ces quelques mots fortement émue et terriblement ravie : tous les objets sont élégants et magnifiques ! Comme tu le sais, j'adore chaque objet et ce swap a été merveilleux pour moi... Vive les romancières victoriennes ! Vive la lady que tu es !
J'ai été émerveillée et admirative, à chaque ouverture de paquets et à chaque découverte du contenu so british ! Maintenant, le marque-page m'accompagne effectivement dans chacune de mes lectures (j'ai déjà commencé une collection !) et le carnet a trouvé sa place dans mon sac (il ne me quitte plus).  J'ai évidemment essayé mes produits de beauté Gardener, doux et embaumants, et j'espère pouvoir bientôt commencer la lecture des romans : voici des livres qui me promettent de belles soirées ! Quant à la carte postale, elle a déjà trouvé sa place sur les murs de mon appartement...
En espérant que ma swapée Romanza soit tout aussi contente...

Je te remercie vivement et sincèrement de m'avoir fait participer à ce swap, ainsi que Lou, notre co-organisatrice...
Merci à toutes les deux. Merci Titine, et à bientôt pour des lectures communes et pour continuer l'exploration délicieuse du monde des romancières et des aventurières victoriennes...
Victoriennement votre, Maggie

 

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28 avril 2010

L'homme hanté de Charles Dickens : ISSN 2607-0006

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Ecrit après Un chant de Noël, L'homme hanté présente beaucoup de similitudes avec cette dernière. Un chimiste nommé Mr Redlaw, aussi peu avenant que Mr Scrooge, en période de Noël, rencontre un fantôme. Voici son portrait : "Qui eût vu sa joue creuse, son oeil cave et brillant, son habit noir, sa tournure vaguement sinistre, quoique bien prise et proportionnée, ses cheveux grisonnants qui pendaient autour de son visage telles des algues emmêlées - comme s'il eût été tout  au long de sa vie la cible isolée de la corrosion et du ressac de l'immense océan humain - qui n'eût dit qu'il ressemblait à un homme hanté ? Qui eût observé sa physionomie taciturne, pensive, sombre, voilée d'une coutumière réserve, farouche toujours, jamais enjouée, avec l'air égaré de qui retourne sur un lieu et dans un temps passé, ou écoute d'anciens échos résonnant dans sa tête, qui n'eût dit que c'était là la physionomie d'un homme hanté ? ". Le grincheux savant accepte un pacte diabolique avec le spectre, son double mauvais, qui lui permettrait de perdre la mémoire, d'oublier les souvenirs malheureux et les offenses qu'on lui a faites, mais il est aussi doté du pouvoir de faire perdre la faculté de compatir, de tous ceux qui s'approchent de lui...

D'emblée dans un long souffle oratoire, le décor et les personnages sont posés : une famille nombreuse pauvre, côtoyant le chimiste, permet à Dickens de dénoncer la misère sociale. La route du chimiste croise aussi celle d'un jeune étudiant, qui détient un secret sur son identité, lié au passé de Redlaw. Mais le suspense n'est pas exploité dans cette intrigue proche de L'abîme : tous les ingrédients tendent vers une morale énoncée à la dernière ligne de la nouvelle, qui est davantage une réflexion sur le rôle de la mémoire.
Largement et lourdement didactique, reposant sur des symétries manichéennes, la lecture de cette petite nouvelle morale paraît assez ennuyeuse car dépourvue de l'humour qui fait le charme des romans de Dickens ( Biographie ici). Cependant, l'écriture de Dickens est toujours aussi plaisante et L'homme hanté reste un texte à découvrir, notamment pour les premières pages particulièrement savoureuses du Londres enneigé et du portrait de Redlaw...

Dickens, L'homme hanté, gravure de Gustave Doré, 173 p.

L'avis favorable de Cécile. Challenge "Dickens" d'Isil et "English classic" de Karine

26 avril 2010

Laura voyage dans le cristal de George Sand : ISSN 2607-0006

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Loin des romans du terroir comme la célèbre Mare au diable ou Les maîtres sonneurs, mais toujours dans une veine romantique, George Sand ( biographie ici) a écrit une nouvelle fantastique plutôt surprenante par son thème : Laura, voyage dans le cristal mêle poésie et science.
Le narrateur raconte sa rencontre avec Mr Alexis Hartz, qui lui conte comment jeune, il faillit être victime d'un cristal ! Jeune homme, regrettant la vie insouciante qu'il menait jusqu'alors, Alexis se désintéresse des cours de sciences de son oncle bègue : " Quant à moi, je me soustrayais au bienfait de cette méthode en m'endormant régulièrement dès la première phrase de chaque séance. De temps en temps, une explosion aiguë de la voix chevrotante du vieillard me faisait bondir sur mon banc ; j'ouvrais les yeux à demi, et j'apercevais, à travers les nuages de ma léthargie, son crâne chauve où luisait un rayon égaré du soleil de mai, ou sa main crochue armée d'un fragment de rocher qu'il semblait vouloir me lancer à la tête".  Il se met soudainement à étudier les sciences, pour plaire à sa cousine Laura. Mais celle-ci est promise à Walter, un compagnon d'études d'Alexis. Ce dernier sombre, sous le choc,  dans des hallucinations, qui l'amène à voyager au coeur des géodes, qu'il étudie.
Cette nouvelle fantaisiste s'inscrit dans la lignée des contes fantastiques d'Hoffmann, cité dès les premières pages. Les références littéraires se multiplient et le voyage à l'intérieur de la géode, tient à la fois du voyage au centre de la terre de J. Verne et est une réminiscence du Frankenstein de Mary Shelley. Dès le chapitre III, apparaît le personnage inquiétant de Nasias, proche du vieillard fantastique et diabolique, très balzacien, du Chef d'oeuvre inconnu ou de La peau de chagrin.

La dimension scientifique des romans de Jules Verne côtoie le pouvoir de l'imagination d'Hoffmann. Cette nouvelle est tout à fait curieuse, dans la production de G. Sand, de par son thème, qui mêle amour et géologie, et de par son intrigue extravagante mais expliquée de manière rationnelle à la fin...  Une découverte surprenante et amusante, qui permet de retrouver l'ambiance des nouvelles fantastiques du XIXeme siècle, teintées de romantisme...
Premier roman lu dans le cadre du challenge George Sand
Sand, Laura, voyage dans le cristal, Pocket, 192 p. (avec dossier)

24 avril 2010

Le triomphe de la nuit, vol. 1 d'Edith Wharton : ISSN 2607-0006

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Quelle belle découverte ! Le triomphe de la nuit est un magnifique recueil de nouvelles, qui nous entraîne dans l'univers des "ghosts stories" anglaises. Ce recueil regroupe cinq nouvelles très diverses " La cloche de la femme de chambre", "Les yeux", "plus tard", "Kerfol", "Le triomphe de la nuit" et je n'en aborderai que deux pour vous laisser découvrir seuls, tout le charme de ces histoires :

1. La cloche de la femme de chambre : Alice Harthey est une jeune femme, en convalescence, recherchant une place de femme de chambre. On lui propose de travailler au service de Mrs Brimpton mais dès le premier jour, elle pense apercevoir un femme pâle, qui serait l'ancienne femme de chambre décédée. Pourquoi ferme-t-on toujours la porte de cette dernière à clef ? Quel est le rôle de Ranford, le jeune et avenant voisin ? Alice, a-t-elle l'esprit dérangée ? Pourquoi sa maîtresse refuse d'utiliser la sonnette qui est dans sa chambre ? Au fil des pages, le mystère ne cesse de s'épaissir...

2. " Kerfol" : En Bretagne, le narrateur décide de visiter "Kerfol", une demeure médiévale, isolée, entourée de silence, qu'il souhaite acheter. Lorsqu'il arrive devant cet impressionnant château, il n'aperçoit que des chiens : on lui explique qu'il n'a vu que des fantômes de chiens. Le narrateur se plonge alors dans la lecture de l'étrange histoire des anciens seigneurs des lieux, restée dans les annales judiciaires : Yves de Cornault épouse, en second mariage, une jeune fille, Anne de Barrigan dont il s'éprend passionnément. Lorsque Yves de Cornault est retrouvé mort dans les escaliers de son château, les accusations se portent aussitôt sur sa jeune femme. Qui l'a tué ? Commence alors le récit étrange de son procès...

Lecteurs, si vous avez lu et aimé Henry James, si vous aimez l'écriture du non-dit, vous admirerez la prose d'Edith Wharton qui a su, avec ses nouvelles fantastiques nous plonger au coeur d'intrigues savamment construites pour créer l'attente, le doute, parfois l'horreur, enrobées dans une ambiance mystérieuse. Chaque nouvelle est extrêmement singulière, n'usant jamais de la même narration : le narrateur est parfois un observateur, parfois un personnage du drame ; les scènes se déroulent aussi bien en Amérique qu'en France ou en Angleterre... Edith Wharton réussit à susciter des atmosphères angoissantes, à créer du suspense et maîtrise l'art de la suggestion. Comme chez James, le fantôme est moins un signe de surnaturel, qu'une incarnation "morale", symbolisant la culpabilité, la trahison... tout en laissant, dans les récits, une part d'ombre et de nuit. Une très belle réussite du genre !

 Wharton, Le triomphe de la nuit, Edition Joelle Losfeld, 182 p.

Challenge Edith Warthon de Titine. Liens vers d'autres avis, Lou et lilly...

21 avril 2010

Carmen de Mérimée : ISSN 2607-0006

 

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Carmen, Mérimée, Folio, 154 p.

Tout commence comme dans La Vénus d'Ile, du même auteur ( Biographie ici), excepté le cadre : un archéologue, en Andalousie, sur les traces des batailles de César, rencontre par hasard, un étranger. A la vue de l'agitation de son guide, il s'interroge : est-ce un contebandier ? Un voleur ? Serait-ce le fameux Don José Maria que tout le monde recherche ? Nos deux voyageurs décident d'aller se reposer dans une auberge, mais à la faveur de la nuit, le guide qui a reconnu le célèbre brigand, décide de le dénoncer aux autorités. Quant au narrateur, il sauvera cet homme. Il continue son pélerinage jusqu'au moment où sa route croise la flamboyante Carmen et de nouveau, Don José... Mais lorsqu'ils se retrouveront, Don José doit être exécuté : quels événement ont pu amener ce fatal dénouement ? Il conte alors sa vie...

Deux narrateurs se succèdent dans cette nouvelle pour nous conter leur rencontre avec l'ensorcelante Carmen, la bohémienne. La narration faite par un érudit et dandy est extrêment bien menée et l'intérêt de Mérimée pour le peuple gitan l'amène même à faire une petite étude de leur langue en fin de nouvelle. Carmen est aussi un croisement de multiples références littéraires comme le Cid ou Dom Juan, héros de la terre d'Espagne, dont Carmen garde les traces. On apprécie aussi le pittoresque de la nouvelle, avec tout un lexique espagnol, qui crée une couleur locale, et l'illustration de la passion diabolique et tragique à travers le personnage de Carmen. Un sombre mythe agréable à lire à redécouvrir...

.Mais écoutons plutôt Adrien Goetz qui a écrit une longue et belle préface  à cette nouvelle et qui a analysé ce mythe : "Carmen est devenue un monument : on a restauré aujourd'hui la manufacture de tabacs de Séville "comme elle était au temps de Carmen" et les inspecteurs des Monuments historiques ne trouveraient rien à redire à cette impeccable réalité d'un bâtiment qui ressemble à celui de la fiction. Carmen forgée de toutes pièces à partir de tout ce quipouvait renouveler la mode espagnole en 1845, est devenue un mythe universel, sans lieu, ni date. Gautier avait repris le thème dans Emaux et camées : " Carmen est maigre, - un trait de bistre/cerne son oeil de gitana" pour comparer, à la fin de son poème, sa "moricaude" à la bouche riante " qui prend sa pourpre au sang des coeurs", comme un vampire, à une Venus Anadyomène. [...] Dès lors, tout était dit et le personnage prit son essor, jusqu'à faire oublier la force contenue dans les quelques pages de Mérimée". [...] Carmen, que Mérimée avai voulue en marge des espagnolades de son temps, devient aussi peu espagnole que possible : elle rejoint don Juan, dont on oublie facilement l'hispagnisme originel, parmi les granges incarnations de la séduction, de la fatalité, de la mort."

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19 avril 2010

Quand souffle le vent du Nord de Galttauer : ISSN 2607-0006

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"Un message anodin peut-il bouleverser votre vie ? Leo Leike reçoit par erreur un mail d'une inconnue, Emmi Rothner. Poliment, il le lui signale. Elle s'excuse et, peu à peu, un dialogue s'engage, une relation se noue. Au fil des mails, ils éprouvent l'un pour l'autre un intérêt grandissant.
Léo écrit : "Vous êtes comme une deuxième voix en moi qui m'accompagne au quotidien"
Emmi admet : Quand vous ne m'écrivez pas pendant trois jours, je ressens un manque".
Emmi est mariée, Léo se remet à grand-peine d'un chagrin d'amour. De plus en plus attirés l'un par l'autre, Emmi et Léo repoussent néanmoins le moment de la fatidique rencontre..." (quatrième de couverture).

Un roman entièrement par mails ? Voici une forme prometteuse, renouvelant le roman épistolaire... Et ce long récit, qui se lit très rapidement, est effectivement, simple, pétillant, plein de fraîcheur. Pas de retard de lettres, pas de missives perdues, les échanges s'enchaînent jusqu'au moment où nos deux héros, qui ne se sont jamais vus, commencent à ressentir des sentiments dépassant un simple échange... Sont-ils amoureux ? Vont-ils se rencontrer ? Où va les mener ce jeu de séduction ?

Mais qui sont Emmi et Léo ? Tout d'abord mystérieux, les personnages vont peu à peu sombrer dans la séduction. Leurs tergiversions, et surtout le personnage d'Emmi, mariée, mais séductrice sont vraiment horripilants. Elle, qui semble, louer son couple, ne semble le dire que pour s'en convaincre. Cachée derrière son écran, elle manipule même sa meilleure amie. Leurs paroles semblent parfois stériles comme s'ils en pressentaient la fin : le jeu, devient plus sérieux, et un drame se noue. On ne joue pas impunément avec les mots, ni avec les sentiments des autres. Convaincant par la forme, ce roman manque de romanesque ou d'un "je ne sais quoi" qui rendrait les personnages vraiment attachants ou plus consistants. Un livre léger dont la forme est une véritable prouesse et dont la fin est de tout de même à découvrir...

 Galttauer, Quand souffle le vent du Nord, Grasset, 348 p.

Livre voyageur de Keisha : merci (vous trouverez d'autres liens sur son site et la référence d'un ouvrage, qui repose sur le même procédé, que j'ai beaucoup apprécié,  et que je promets de lire : L'imposture, d'Anne Gallet et Isabelle Flaten, publié aux éditions La dernière goutte). Il voyage maintenant jusque chez Choco. Roman chroniqué par Cahtulu, Mango, celmoon,Cuné, Stéphie...

19 avril 2010

Sous la tonnelle de Hyam Hared : ISSN 2607-0006

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Sous la tonnelle, Hyam Yared, Edition Sabine Wespieser, p. 276

"Pour garder vive la mémoire de sa grand-mère tout juste disparue, la narratrice se réfugie dans son boudoir, où se sont entassée au fil des ans lettres, dessins et carnets. Elle y retrouve la fantaisie, la liberté et la générosité de la vieille dame qui, pendant toute la guerre du Liban, a refusé, malgré les objurgations de sa famille, de quitter sa maison et son jardin, situé sur la ligne de démarcation entre Beyrouth Ouest. veuve à trente-et-un ans, cette jeune femme d'origine arménienne avait décidé de consacrer sa vie aux autres, après avoir juré fidélité à son mari défunt. Pour sa petite-fille, en instance de divorce, déchirée entre sa quête de liberté et son besoin d'amour, elle était un point d'ancrage et un modèle inatteignable.

Au fil du roman apparaît pourtant, derrière la figure idéalisée, une femme plus complexe et plus mystérieuse aussi. s'arrachant à son isolement, la narratrice finit par rejoindre les"corbeaux". Elle y croise un inconnu, dépité d'être arrivé trop tard pour remettre à l'occupante des lieux l'épais dossier qu'il lui destinait.

Pendant de longue conversation sous la tonnelle, la narratrice médusée va découvrir tout un pan caché de l'existence de sa lumineuse grand-mère. car le visiteur que nul n'attendait n'est autre que le fils de l'homme épris d'absolu et d'archéologie, Youssef, que rencontra la jeune veuve lors d'une croisière en 1974.

Construisant son deuxième roman comme une invocation à cette grand-mère disparue, tissant la trame de son intrigue dans celle des déchirements de l'histoire, Hyam Yared dresse là un très portrait de femme, hanté par ses propres obsessions sur la passion, le désir et la violence.

Yam Yared est née en 1975 à Beyrouth. Elle a publié trois recueils de poésie et, en 2006, un premier roman L'armoire des ombre (Sabine Wespieser éditeur)." (quatrième de couverture).

Cette longue quatrième de couverture ne dévoile pas toute la richesse de ce magnifique roman dont le ton reste juste,  même quand la narratrice évoque crument l'horreur de la guerre du Liban, d'un pays déchiré, depuis la chute de l'Empire Ottoman, par des guerres civiles et des invasions. C'est une peinture cruelle mais sans fioriture d'un pays, riche d'une Histoire pluri-culturelle et pluri-séculaire.

L'écriture vive, dynamique, incisive et très rythmée nous entraîne sur les pas de plusieurs personnages. L'écriture de la citation est agréable. Au détour du récit sont cités V. Woolf ( " La vie est un rêve, c'est le réveil qui vous tue") , Breton, Rilke, Eluard ( "Et je ne sais plus tant je t'aime/ Lequel de nous deux est absent")... citations perçues comme une mémoire, une transmission de sagesse. Le sens de la formule est remarquable et empreinte d'émotion. La place de l'écrit reste importante, pour cette narratrice, qui fait perdurer la présence de sa grand-mère, à travers la lecture de ses journaux intimes, de ses lettres... Témoignage historique, Sous la tonnelle relate aussi plusieurs histoires d'amour, de destins croisés. Mais la romancière embrasse aussi toute la vie entière, abordant tour à tour la question de l'identité, de la beauté, de l'art, de l'absence... Un magnifique roman servi par une prose élégante : une très belle découverte...

17 avril 2010

The Host de Bong Joon-Ho : ISSN 2607-0006

The Host (2006) bande annonce

Voici un film d'horreur coréen qui se révèle être un film "réjouissant" et très riche. En 2006, un monstre surgit du fleuve pollué, le Han, et enlève la fille chérie de la famille Park : Huyn-seo survit et tente d'échapper à tout prix au monstre. Quant à son père, simple d'esprit, il renverse des montagnes pour sauver son unique enfant et lutte contre l'état, les scientifiques et la police... La famille Park, va-t-elle arriver à retrouver Huyn-Seo. Celle-ci pourra-t-elle survivre longtemps dans les égouts où l'a emmenée le monstre ?

The Host est plus qu'un film de monstre et des problèmes socio-politiques transparaissent dans de nombreuses situations, comme la manière dont l'état de panique de la ville est prise en compte par l'Etat, la question de la désinformation, et l'intervention des Américains.  La dénonciation aussi de la pollution est un des problèmes sous-jacents, représentée dans les premières images avec le déversement de produits toxiques dans le fleuve.

Ce film prend une dimension comique, burlesque, grâce aux personnages : la famille Park se rassemble pour sauver la fillette, mais ce sont des anti-héros : maladroit, le père ne pense qu'à dormir et à manger. Quant à son frère, il a fait des études mais est alcoolique. La soeur, plus mature, a aussi ses faiblesses. On retiendra des scènes mémorables : le père veut sauver sa fille, lorsque la bête fait sa première apparition, mais après une chute, il s'aperçoit qu'il est en train de sauver l'enfant d'un autre. Tout le pathos est désamorcé : le grand-père de la famille Park veut revaloriser son fils aîné en racontant sa jeunesse pathétique, en montrant à ses frères qu'il a été mal éduqué, abandonné à lui-même : ses enfants en profitent pour dormir pendant son récit.  Les chutes et les maladresses des personnages se multiplient donnant une dimension grotesque à cette histoire de kidnapping.

Un film donc, qui mélange les genres, extravagant à l'image du monstre hybride, mélange de plusieurs créatures : the host tient autant d'Alien que du monstre du Loch Ness... Cette production hybride, délirante, novatrice, pas du tout horrifique même si parfois on sursaute, nous fait passer un agréable moment de détente...

15 avril 2010

Ruy Blas de Victor Hugo : ISSN 2607-0006

 

Ruy-Blas-Victor-Hugo-1996

RUY BLAS : [...]

"Madame, sous vos pieds, dans l'ombre, un homme est là
Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ;
Qui souffre, ver de terre amoureux d'une étoile ;
Qui pour vous donnera son âme, s'il le faut ;
Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut" (Acte II, scène 2)

Don Salluste, grand d'Espagne, est exilé par la reine pour avoir séduit l'une de ses suivantes. A partir de cet instant, il met tout en oeuvre pour se venger et l'instrument de sa vengeance sera Ruy Blas, son valet. Ce dernier est amoureux de la reine, "sous l'habit d'un valet", il a les "passions d'un roi". Ayant pris le déguisement de Don césar, cousin débauché de Don Salluste, Ruy Blas peut enfin approcher celle qu'il aime et participe activement à redresser la vie politique décadente de l'époque. La reine, étrangère, se meurt d'ennui, loin de son mari... et succombe, chastement, au charme de Ruy Blas.
Comme l'indique V. Hugo ( une exposition virtuelle est consacrée à Victor Hugo, sur le site de la BNF), dans sa préface, cette pièce est un drame romantique alliant le grotesque et le sublime : "les trois formes souveraine de l'art pourraient y paraître personnifiées et résumées. Don Salluste serait le Drame, don César la Comédie, Ruy Blas la tragédie". Ainsi, on rit de don Guritan, comparé au héron des Fables de La Fontaine, amoureux malheureux et éconduit de la reine ou de la duchesse d'Albuquerque, prude et sorte de barbon au féminin. On frémit devant le sombre et machiavélique don Salluste, qui se joue cyniquement des personnes qui l'entourent, telles que Don césar ou Ruy Blas, uniquement et égoïstement préoccupé par sa vengeance. On pleure devant l'amour impossible de Ruy Blas, éminemment romantique.
Cette pièce est magnifique à lire : Hugo a si bien briser ce "grand niais d'alexandrin" qu'on croyait lire de la prose tant ses vers sont fluides. La critique de la noblesse castillane et sa décadence est faite à travers une peinture vive et surtout, on apprécie l'ambiance extravagante et emplie de rêve de ce drame : l'amour de la reine pour Ruy Blas lui paraît onirique tout au long des scènes. De même, don César semble ne pas croire à son aventure : devenu esclave, puis à son retour en Espagne, l'argent semble pleuvoir sur lui, ainsi que la nourriture... Une pièce d'une grande beauté, mêlant amour tragique, duel et peinture historique, délicieuse à lire et on comprend mieux à sa lecture, pourquoi Juliette Drouet, amante de V. Hugo, connaissait presque par coeur cette pièce...

Hugo, Ruy Blas, Garnier Flammarion, 198 p.

Lecture commune avec Fleur : son avis ici.

 

14 avril 2010

Bravoure d'Emmanuel Carrère : ISSN 2607-0006

Sur l'impulsion de "découvrons un auteur" de Pimprenelle, nous pouvions, pour le mois d'avril, lire les romans d'Emmanuel Carrère. N'ayant jamais lu de livres de cet auteur et ayant fait l'acquisition récente, au salon du livre de Bravoure, je me suis donc lancée dans l'aventure.

Quelques mots sur l'auteur (biographie édition folio): " Emmanuel Carrère est né en 1957. D'abord journaliste, il a publié un essai sur le cinéaste Werner Herzog en 1982, puis L'ami du jaguar, Bravoure (Prix passion 1984, prix de la Vocation en 1895), Le détroit de Béring, essai sur l'Histoire imaginaire (prix Valérie Larbaud et Grand prix de la science fiction française 1987), Hors d'atteinte ? et une biographie du romancier Philip K. Dick, Je suis vivant et vous êtes morts. Il a aussi signé La classe de neige, prix Fémina 1995, porté à l'écran par Claude Miller, de même que L'adversaire adapté par Nicolas Garcia. En 2003, il réalise un documentaire, Retour à Kotelnitch, et adapte lui-même en 2004, La moustache coécrit avec Jérome Beaujour, et interprété par Vincent London et Emmanuelle Devos. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues."

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Bravoure a pour point de départ une anecdote autour de la création de Frankenstein de Mary Shelley : chacun des auteurs présents en 1816, près du Lac Léman, devait écrire une histoire de spectres : Byron et P. Shelley, ont très vite abandonné, le docteur Polidori ainsi que Mary Shelley (biographie ici) ont terminé leur récit mais seul celui de Mary Shelley passera à la postérité.

Celui de Polidori fait l'objet d'une étrange controverse autour du véritable auteur : il a été publié sous le nom de Lord Byron. C'est cet aspect que développe l'auteur : le début du roman est extrêmement mystérieux, on découvre un personnages tourmenté, malade, en proie au laudanum. Polidori, après avoir été le secrétaire et médecin de Lord Byron va peu à peu sombrer dans la déchéance et la folie, après de nombreux échecs et humiliations diverses. Soudain, la narration est prise en compte par un certain capitaine Walton, dans une époque récente, - Walton est le nom d'un des personnages de fiction de Shelley - qui réécrit Frankeinstein, en gardant les personnages mais en changeant les événements : Victor Frankeinstein, nom d'emprunt, d'un savant épousera bien Elizabeth dans cette version mais malade, elle est tuée puis ressuscitée par son mari. Cette dernière devient diabolique et tue des personnages de son entourage pour les rendre similaires à elle. Ils vont ainsi former une famille de morts-vivants décidée à remplacer la race humaine.... Suivront aussi l'histoire de Ann, contemporaine de celle du capitaine Walthon et la véritable histoire de Mary Shelley.

Vous l'avez compris, cher lecteur, cette histoire mêle plusieurs genres et imbrique plusieurs intrigues, à tel point que la confusion se crée autour de l'identité des personnages. On apprécie les anecdotes autour de la vie des personnalités littéraires comme Byron, les Shelley... et le style pastichant celui de Mary Shelley : on se retrouve plongé littéralement dans un nouveau Frankeinstein. Mais où s'arrête la fiction ? Où commence la vérité historique ? Quelle est la part de rêve dans ce roman où personne n'est celui qu'on croit et où chacun est en proie à des cauchemars ? Si certaines parties du récit paraissent confuses, j'ai quand même apprécié l'intrigue bâtie comme une énigme littéraire et la création romancée du Frankeinstein de Shelley... Une découverte déconcertante mais qui me donne envie de découvrir d'autres romans du même auteur...

Les autres participantes sont : pimprenelle, Moka, stéphie, Evertkhorus, vanounyme, lili, Penny Lane, Calypso, Mirontaine, Lou, Cynthia, Caro, PrsPepys, Marie L, géraldine, Lasardine, Clara , Djak, Lancelau, Zorane, Cacahuète, Aurore

Carrère, Bravoure, Folio, 369 p.

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