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1001 classiques
27 février 2010

Shutter Island de Scorsese : ISSN 2607-0006

BANDE D'ANNONCE - Shutter Island

Accompagné d'un nouveau coéquipier, Chuck Aule, l'inspecteur Teddy Daniels se rend sur une île de Boston, qui renferme un asile psychiatrique pour criminels dangeureux : là, il doit enquêter sur la disparition de Rachel Solando. Comment une femme a-t-elle pu s'évader de sa chambre de patiente sans réveiller l'attention des infirmières et des surveillants ? Où peut-elle avoir disparu sur une île aux côtes déchiquetées ? Le marshal Teddy Daniels, dès son arrivée sur cette île lugubre, prend conscience d'événements insolites. Il pressent qu'on lui ment et qu'on lui cache la vérité. Pourquoi ?
En lisant le synopsis, j'ai tout de suite été attirée par l'intrigue de thriller noir. Effectivement, le scénario complexe sait admirablement jouer du suspense, de retournements de situation : le spectateur est plongé dans un lieu clos étouffant et mené en bateau du début à la fin. Savamment conçue comme un labyrinthe, l'intrigue étonne, fait douter le spectateur et l'emporte dans une tourmente onirique. Les décors, une tempête shakespearienne, une sombre prison labyrinthique contribuent à rendre l'atmosphère étouffante. Scorsese semble sonder les abîmes où l'homme peut sombrer : folie, meurtres, mensonge et réalité, où sont les limites ? On est balloté dans cette intrigue conçue comme un puzzle. Le film ne se révèle pas être un thriller mais une plongée en enfer, où inconscient et folie envahissent l'histoire : le doute nous saisit et nous lâche plus. Cependant, déçue dans mon attente première, le scénario n'en n'est pas moins vertigineux et l'atmosphère schizophrénique est très bien rendue.
Ce que j'ai beaucoup moins apprécié, ce sont les images d'horreur et l'humour noir, qui ne m'ont pas fait sourire, dans le contexte du film : quelques images horrifiques m'ont paru déplacé et rappellent les films grand guignolesques. Je n'ai pas non plus apprécié le jeu des acteurs, qui discrédite le film et la bande son n'est pas très convaincante non plus. Cependant, la fiction pose de manière étonnante des questions plus sérieuses, voire politiques : au sujet des malades mentaux et des grands criminels, comment les soigner ? Shutter Island aborde aussi la question de la Shoah et de la libération des prisonniers des camps nazis.
Une semi déception ou une semi réussite... comme l'avait été l'adaptation de Mystic River, roman du même auteur, Denis Lehanne, même si Shutter Island reste un film assez riche pour mériter un coup d'oeil et susciter l'intérêt. Vous trouverez un avis élogieux sur ce film sur le blog de calypso et un avis plutôt négatif de everkhorus.

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23 février 2010

Raison et sentiments adapté par Ang Lee : ISSN 2607-0006

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L'adaptation de Ang Lee du roman de Jane Austen est tout à fait plaisante. Raison et sentiments narre les déboires sentimentaux de deux soeurs que tout oppose. A la mort de leur père, les soeurs Dashwood, la sage et vertueuse Elinor, l'impétueuse Marianne, et leur mère Margaret sont obligées de s'exiler dans un petit cottage dans le Devonshire prêté par un cousin, John Middleton car leur maison revient à leur frère, Mr Ferrars. Dans leur nouveau cottage, elles font la connaissance de la grossière et bruyante Mrs Jenning qui espère le mariage rapide de ses jeunes et belles voisines...
Ce film est une belle galerie de portraits de la société bourgeoise anglaise du XIXeme siècle. Elinor incarne la raison : elle s'accommode calmement de leur nouvelle situation et se montre pleine de retenue dans ses amours avec le timide Edward Ferrars. Même lorsqu'elle souffre véritablement parce qu'il s'est déjà engagé auprès d'une autre jeune fille, dans le passé, elle ne parle que de résignation, de devoir et  d'honneur et pleure délicatement dans son mouchoir brodé. Pour Marianne, l'amour c'est la spontanéité, symbolisée par des personnages littéraires passionnés comme Juliette, Guenièvre... Elle se moque de la pondération de sa soeur aînée. "L'amour est-il fantaisie ou folie ?". Elle-même croit trouver l'amour dans la personne de Willoughby... mais que vaut une fille sans dot, dans cette ère victorienne, face à une jeune fille avec une rente de cinq mille livres par an ?  On appréciera tout particulièrement les seconds rôles très soignés : la ridicule et bruyante Mrs Jenning et son rire hystérique prêtent à rire, le sarcastique Mr Palmer (Hugh Laurie dans un rôle qui lui va comme un gant) et la détestable Fanny Ferrars complètent cette peinture des caractères.
Ce film est aussi une belle reconstitution de l'époque aussi bien dans les scènes bucoliques que dans la somptueuse scène de bal : décors, costumes et calèches sont impeccables. Le film de facture très classique sert bien une ambiance délicieusement surannée. Ang Lee et Emma Thompson ont su mettre en scène le dilemme entre les exigences du coeur et les exigences de l'argent et la question du mariage au coeur de l'oeuvre austenienne, sans mièvrerie, au contraire avec légèreté et humour...

22 février 2010

Orgueil et préjugés de Jane Austen : ISSN 2607-0006

9782070338665FS

J'avais oublié combien Jane Austen pouvait être un auteur délicieusement ironique ! Je conçois bien tout ce qu'il y a de vain de parler d'une oeuvre très très connue mais j'ai tellement pris de plaisir dans cette relecture, que j'ai quand même voulu marquer quelques mots...

Jane Austen arrive à nous captiver avec l'histoire de la famille Bennet. Les soeurs Bennet sont toutes très différentes et en âge de se marier : la douce Jane, l'impétueuse Elizabeth, la laide et pédante Mary, et les deux cadettes, kitty et Lydia futiles et frivoles.  Lorsqu'un jeune célibataire, Mr Bingley, accompagné d'un autre jeune homme Darcy, s'installe dans la voisine et belle demeure de Netherfield, Mrs Bennet y voit tout de suite une opportunité de marier une de ses filles. Les filles Bennet se marieront-elles ? Surtout qu'un "entail", qui laisserait ces femmes dans le dénuement à la mort de l'original Mr Bennet, pèse comme une menace sur elles et attire, dans les parages, l'heureux bénéficiaire, Mr Collins.

Orgueil...
L'orgueil est incarné par Mr Darcy. Mille preuves de son orgueil vont être accumulées, tout au long de ce récit fort amusant : il dédaigne la société de Longbourn trop provinciale pour lui, pense qu'un mariage avec l'une des filles Bennet est une mésalliance... Mais peu à peu, il se sent attiré malgré lui, par la franche Elizabeth. L'amour sera-t-il vainqueur des préjugés ? Elizabeth épousera-t-elle un homme aussi orgueilleux ?
Et les préjugés...

Toute la bonne société anglaise est critiquée dans ce qu'elle peut avoir de rigide, d'hypocrite et de bienséant. Dans les premières pages, l'auteur entreprend de décrire les personnages en les installant dans un décor typiquement austenien, un bal. Mr Bennet, un homme sensé et sarcastique, est à l'opposé de son impétueuse femme obsédée par le mariage. Elle exulte de joie de savoir qu'il pleut dru sur la tête de son aînée, qui est allée rendre visite aux Bingley l'obligeant ainsi à rester chez eux, et la rapprochant ainsi d'un parti avantageux, sans se soucier que cette même pluie va se révéler dangereuse pour la santé de sa fille. Dès les premiers dialogues, elle est décrite de manière comique : "Oh ! mon cher Mr Bennet, s'écria-t-elle en entrant dans la pièce, quelle agréable soirée, quel bal réussi ! [...] Puis en voyant Jane, il [Bingley] a eu l'air charmé, a demandé qui elle était et, s'étant fait présenter, l'a invitée pour les deux danses suivantes. Après quoi il en a dansé deux avec Lizzy, la "boulangère" avec..."

- Pour l'amour du ciel, arrêtez cette énumération, s'écria son mari impatienté. s'il avait eu pitié de moi il n'aurait pas dansé moitié autant. Que ne s'est-il tordu le pied à la première danse!"

Le ridicule de Mrs Bennet n'a d'égal que le rire qu'elle suscite. Quant au coussin Mr Collins, tout aussi ridicule, il incarne l'ennui et la fatuité ! Tous les caractères et ses travers sont dépeints et les jeunes filles Bennet ne sont pas épargnées que ce soit Jane, l'aînée, parfaite femme victorienne, mesurée et retenue, ou les benjamines écervelées. Les préjugés des uns et des autres causeront bien du tort à certains de nos personnages et provoqueront plusieurs revirements de situation. Lydia pourra-t-elle épouser un homme endetté qui l'a enlevée et qui a mauvaise réputation ? Bingley verra-t-il la passion sous la retenue de Jane ? Sous couvert de bals et de mariage, la société bourgeoise anglaise est critiquée, moquée, caricaturée par l'écriture enlevée et légère de Jane Austen. Conventions, amour des apparences sont raillés sous la plume ironique de la romancière anglaise. On se laisse emporter par les différents revirements des sentiments des personnages. Quel bonheur que la lecture de ce roman ! Un véritable chef-d'oeuvre de la littérature anglo-saxonne !

Et j'ajoute un lien vers un billet très détaillé et lu en anglais de Lou.

Autre lecture sur ce site : Lady Susan

 Austen, Orgueil et  préjugés, 10/18, 369 p.

21 février 2010

Le secret de Noël d'Anne Perry : ISSN 2607-0006

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Tout nouvellement pasteur, Dominic Corde et sa femme Clarisse arrivent à Cottisham où Mr Winter, le pasteur de ce petit village, est parti pour un mois de vacances. Sur les lieux, les jeunes mariés découvrent un beau site et des gens tout à fait charmants. Nos deux amoureux vivent particulièrement heureux jusqu'au moment où Clarisse fait une macabre découverte dans la cave du presbytère...

Autant vous dire que je ne m'étendrai pas beaucoup sur un livre qui m'a ennuyée, peut-être dû à ma récente découverte enthousiaste de W. Collins, qui rend, en comparaison, ce roman policier très fade et que j'ai failli abandonner en cours de route. Nos deux jeunes héros n'ont aucune envergure et n'ont pas l'étoffe de grands détectives tels que Holmes ou Poirot. Ils n'ont pas non plus le charme piquant et irrévérencieux du couple Pitt. Les personnages secondaires brossés à grands traits sont tout aussi falots. La mise en place de l'intrigue est des plus lentes et des plus simples. Il ne se passe quasiment rien pendant 150 pages, à part les considérations de la parfaite ménagère qu'est Clarisse. Le dénouement est rapidement expédié dans les dix dernières pages... Je crois surtout que les sentiments mièvres de notre jeune couple m'ont agacée ou alors les bons sentiments qu'ils éprouvent pendant une période telle que Noël. Bref, ce n'est pas le meilleur roman d'Anne Perry et j'ai de beaucoup préféré Resurrection row ou Le cadavre de Bluegate Fields...

Vous trouverez un autre avis sur le site de Lou.

 Perry, Le secret de Noël, 10/18, Grands détectives,  188p.

 

19 février 2010

Bright star de Jane Campion : ISSN 2607-0006

Bright Star de Jane Campion (Bande annonce VOSTFR)

"Tout objet de beauté est une joie qui demeure :/Son charme croît sans cesse, et jamais/Ne sombrera dans le néant." Ce sont les premiers vers prononcés par Fanny Brawne lorsqu'elle rencontre John Keats. Lentement, entre ces deux jeunes gens commencent à naître un amour impossible en raison de la pauvreté de Keats, puis de sa maladie.

Tout est sublime dans ce film extrêmement esthétique. On retient son souffle devant la force et la grâce de cet amour qui transparaît dans la poésie des lettres envoyées par Keats. Les paysages, accompagnant l'évolution des sentiments des deux jeunes héros, les champs jaunes de narcisses, la blancheur de la neige posée délicatement sur des branches noires, éblouissent par leur luminosité.  On se perd dans la contemplation de cette nature florissante ou hivernale.

Plus qu'un hommage aux vers de Keats ou au poète, Fanny est la véritable star de ce film. Eprise de mode, elle est, sous des dehors superficiels et insolents, une véritable créatrice de beauté. Ses robes style Empire saturent l'écran par leur élégance, leurs couleurs harmonieuses, leur extravagance. Volontaire, amoureuse passionnée, elle brave les conventions sociales qui empêchent son mariage avec le poète, mettant la passion au-dessus de la raison. Ce film est une ode à la beauté, magnifiquement incarnée par la véritable muse de Jane Campion, Fanny Brawne.

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18 février 2010

L'hôtel hanté de Wilkie Collins : ISSN 2607-0006

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 W. Collins, quel maître du suspense ! Voici la quatrième de couverture :
" Fiancée humiliée, veuve manipulatrice et soumise évoluant dans une famille en apparence respectueuse des usages de la haute société victorienne... Qui est vraiment la comtesse de Narona ? Une intrigante prête à tout pour toucher une prime d'assurance sur la vie de son époux, ou bien la victime de craintes superstitieuses sur laquelle le destin semble s'acharner ? Entre Londres et Venise, Collins campe des personnages facettes multiples et complexes qui seront consciemment ou non, les complices d'une mort naturelle qui ne tardera pas à être suspecte. Un des grands romans de Wilkie Collins !
Wilkie Collins (Londres, 1824-1889) est incontestablement, dans la littérature victorienne, le maître de la déduction littéraire. Ses oeuvres essentielles (Armadale, La dame en blanc, Pierre de lune...) sont toutes parsemées d'emprunts aux faits criminels, son talent s'épanouissant dans des intrigues d'une grande complexité, mais aussi dans la maîtrise et la finesse de ses portraits psychologiques".

Admirez aussi la splendide couverture : Saint Cecilia de Watherhouse. Cette quatrième de couverture tient ses promesses : les premières pages du roman suscitent mille questions. Qui est cette femme dont on s'interroge sur sa santé mentale ? Est-ce une folle ou une femme superstitieuse ? Le docteur Wybrow apprend rapidement son identité, c'est la comtesse de Narona. Elle aurait volé le fiancé d'Agnès Lockwood, Lord Monbarry. Elle a une réputation d'aventurière et un frère joueur, le baron Rivar. A la mort de Lord Monbarry, la compagnie d'assurance enquête pour savoir si sa mort est naturelle ou si un meurtre a été commis avant de verser la prime d'assurance du lord. De plus, le courrier, Mr Ferraris, a mystérieusement disparu... Agnès, la fiancée délaissée, une des anciennes élève Mme Ferraris, Henry Westwick, frère du Lord et la comtesse de Narona ont des rôles importants et dramatiques à jouer dans cette intrigue captivante, qui nous emmène de Londres à Vienne.

Des fantômes, un peu d'ésotérisme, des meurtres et de nombreux rebondissements, notamment un dénouement spectaculaire et des plus originaux, caractérisent ce roman où le lecteur est assailli sans cesse par de nouvelles interrogations. A cette intrigue passionnante, s'ajoutent des commentaires caustiques du narrateur, sur les moeurs des Français ou des Italiens, s'opposant à la prude Angleterre, et qui égratignent aussi ses personnages : "les autres femmes, élevées suivant les préceptes et les habitudes modernes, en entendant parler d'une semblable conduite, eurent naturellement pour Agnès du dédain plein de compassion. A partir de ce moment elles ne parlaient d'elle que comme d'une personne "des temps jadis", curieux spécimen des vertus des vieux âges".
Une fois commencé la lecture de cette intrigue passionnante tournant autour de la mort et de la folie, de personnages mystérieux comme des sphinx et typiquement, on ne peut plus lâcher ce roman. Un roman fascinant et  un auteur merveilleux !
Collins, L'hôtel hanté, Edition de l'aube, 278 p.  (Challenge Wilkie Collins addict, de Cryssilda)

17 février 2010

Mariage à la mode précédé de La Baie de Katherine Mansfield : ISSN 2607-0006

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Mansfield, Mariage à la mode, précédé de La Baie, Folio, 79 p.

Quatrième de couverture :
"Dans le train qui le ramène chez lui pour le week-end, William savoure le bonheur de retrouver bientôt Isabel, sa ravissante jeune femme, et leurs deux enfants. Pourtant, depuis qu'Isabel s'est liée à un nouveau groupe d'amis, elle a changé et William ne sait trop qu'en penser...
Durant les longues journées d'été, Crescent Bay est le théâtre de la vie et des jeux de ceux qui y passent leurs vacances entre baignade, sieste et conversations.
Par petites touches lumineuses et justes, Katherine Mansfield esquisse des portraits pleins de finesse et de sensibilité".

Je suis entrée dans ces nouvelles sans rien connaître de l'auteur et de son écriture. Ces courts récits m'ont donc surprise par l'écriture impressionniste : La "Baie" est un long récit d'une "tranche de vie" sans véritable intrigue, suivant différents personnages et les décrivant de manière objective, sans jugement. Et pourtant le narrateur relève et révèle chaque entorse à la bienséance, chaque distorsion dans le caractère des personnages, comme une mère indifférente par rapport à ses enfants, une femme peu conventionnelle qui a épousé un bel homme plus jeune qu'elle, une jeune fille qui repousse les avances d'un jeune homme mais dans ses rêves. L'auteur va au-delà des apparences mais sans prendre parti. "Le mariage à la mode" est un titre ironique où l'on peut voir au contraire une femme qui s'éloigne peu à peu de son mari et de son idée traditionnelle du mariage, pour mener une vie de bohème. La remise en cause du mariage n'est pas explicite mais finement introduite en ridiculisant le mari.

L'écriture impressionniste transparaît aussi dans les descriptions colorées : " Très tôt le matin. Le soleil n'était pas encore levé, et Crescent Bay disparaissait entièrement dans une brume blanche qui s'élevait de la mer. Au fond, les grosses collines couvertes de broussailles étaient englouties. Impossible de dire où elle s'arrêtaient et où commençaient les enclos et les bungalows[...]. L'herbe était bleue. De grosses goutte restaient accrochées aux buissons comme par un fil ; le toï-toï argenté et duveteux retombait mollement sur ses hautes tiges, et, dans les jardins des bungalows, tous les soucis et les œillets se courbaient jusqu'à terre, saturés d'humidité. Les froids fuchsias étaient trempés, des perles de rosée parsemaient les feuilles plates des capucines. On eût dit que la mer s'était doucement soulevée dans les ténèbres, qu'une immense vague s'étaient étalée, étalée...". L'écriture poétique des sensations, de la lumière, d'un paysage, n'est pas sans rappeler celle de V. Woolf, de même que la métaphore récurrente de la mer. L'univers de K. Mansfield semblent remettre en cause, en douceur, certaines valeurs dépassées pour mieux poser les jalons d'une écriture moderne et séduisante.

Vous pouvez trouver l'avis enthousiaste de Lou sur son site My Lou book, accompagné d'une belle biographie sulfureuse de l'auteur.

16 février 2010

La troisième Miss Symons de Flora Mayor : ISSN 2607-0006

 

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La troisième Miss Symons est un court roman de Flora Mayor (1872-1932) édité par V. Woolf. Chroniqué par Keisha, Titine ou Lou, je ne rajouterai donc qu'un ou deux mots sur mes impressions de lecture, pas des plus originales.
A quel destin peut rêver une fille cadette dans une famille bourgeoise du XIXeme siècle ?  C'est à cette question que répond F. Mayor à travers la vie d'Henrietta qui n'est pas celle d'une anti-héroïne mais celle d'une jeune fille malchanceuse sous l'ère victorienne : troisième fille d'une famille de sept enfants, Henrietta est une enfant banale, qui souffre d'un manque d'affection. Elle ne suscite ni l'affection de ses parents, ni celle de ses soeurs. Célibataire, elle voyagera à l'étranger toute sa vie, sans pour autant se cultiver ou s'attacher à d'autres personnes.
C'est donc la peinture d'un destin banal, celui de la vieille fille, et d'une époque, le début de l'ère victorienne. Ce qui est marquant dans cette narration, c'est le ton détaché qu'emploie le narrateur pour raconter les mésaventures d'Henrietta : ce détachement reproduit ainsi la cruauté d'une société victorienne où les apparences priment sur les sentiments, où la société écrase l'individu, notamment les femmes. Dans cette misogynie ambiante, une femme avec un caractère colérique est une "hystérique" et confier ses sentiments vaut la désapprobation de tous. De même, le mariage est une institution sociale qu'il faut respecter sous peine d'être un paria. Le personnage d'Henrietta est peut-être peu sympathique mais a-t-elle le choix d'une autre vie dans ce contexte difficile pour les femmes ?
Peinture de moeurs sans concession et portrait lucide d'une héroïne sans qualité, j'ai beaucoup apprécié l'écriture fluide, ironique et concise de Flora Mayor. Je remercie Keisha et Titine pour cette belle découverte et je suis comme elles, je voudrais bien découvrir les autres romans de cet auteur...

15 février 2010

Exposition : "c'est la vie ! Vanités de Caravage à Damien Hirst" : ISSN 2607-0006

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Connaissance des Arts a publié un hors série consacré à l'exposition temporaire, "Vanités de Caravage à Damien Hirst" : "Si le terme de Vanité désigne en premier lieu les natures mortes qui ont prospéré à l'ère baroque, il s'applique plus largement à toutes représentations de la dépouille humaine - crâne, squelette - ayant pour fonction de rappeler fondamentalement vain de l'existence, sa fragilité, sa fugacité face à l'irréductible réalité de la mort. L'image du crâne confronte brutalement le spectateur à son destin, sans détour, sans discussion possible."

"Vanité, tout n'est que Vanité" :

Cette exposition permet de donner une perspective historique aux "vanités" : d'abord, représenté à côté de sablier et de fleurs, pour souligner la vanité des plaisir et la dimension éphémère de la vie, le crâne perd peu à peu sa valeur mystique et est détourné en simple objet par Braque, ou prend une valeur marchande avec For the love of God de Damien Hirst. La mort est omniprésente au Moyen âge, se manifestant à travers la peste, puis les guerres de religion mais sa représentation réapparaît lors des grandes hécatombes des deux guerres mondiales : un crâne constitué de gants et de crayons, une photographie d'une jeune femme portant sur son dos un squelette ! Toutes les oeuvres du XXeme siècle sont assez déconcertantes. J'ai apprécié la diversité des oeuvres et le questionnement philosophique des peintres autour de ce thème. Dommage, il manquait quelques cartouches informatifs pour mieux comprendre les oeuvres contemporaines.

Informations :

« C’est la Vie », au Musée Maillol

du 3 février au 28 juin

61 rue de Grenelle, 75 007 Paris

De 9 à 11 euros

Tous les jours, sauf le mardi et jours fériés, de 10h30 à 19h

15 février 2010

Virginia Voolf par Alexandra Lemasson : ISSN 2607-0006

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Comment retranscrire la complexité de la vie d'un écrivain ? C'est le pari que Lemasson relève en écrivant une biographie sur une des romancières les plus célèbres d'Angleterre, dont la légende est déjà construite de son vivant : considérée comme une femme futile pour certains ou une névrosée suicidaire pour d'autres, V. Woolf a une réputation d'auteur difficile et excentrique.
La quatrième de couverture esquisse le portrait d'une femme légère et mondaine : " J'aime boire le champagne et devenir follement exaltée. J'aime partir en voiture vers Rodmell dans la chaleur d'un vendredi soir et manger du jambon, et être assise sur ma terrasse et fumer un cigare avec un hibou ou deux". V. Woolf (1882-1941) fut une femme aux vie multiples : partagée entre Londres et sa retraite du Sussex, rompues aux mondanités comme à la solitude, attentive aux petits miracles quotidiens et bousculée par la folie". Il ne reste pas une trace de cette légèreté dans le reste de la biographie où A. Lemasson retrace, de manière chronologique, la vie de Virginia  Woolf.
Elle égrène ainsi les événements marquants de la vie de la romancière : l'enfance heureuse à Saint Yves, puis endeuillée par la mort de sa mère et de son frère et plus tard celles de sa demi-soeur Stella et de son père. Libéré de l'autorité de son père, elle commence à écrire et publier. S'ensuivent la description de son mariage et des différentes rencontres, qui ont jalonné sa vie, la création du groupe du Bloomsbury, tout en tissant un lien entre sa vie et ses oeuvres.
Lemasson cherche à faire un travail objectif et s'appuie sur l'autobiographie Une esquisse du passé de V. Woolf pour raconter les sentiments de l'auteur mais aussi pour justifier son suicide par lequel elle aborde ce récit de vie. Ce n'est ni une hagiographie, ni une réhabilitation mais un portrait qui se veut nuancé, tordant le cou à la légende noire qui faisait de V. Woolf une folle. Cependant, si ce portrait d'une femme sous l'ère victorienne insiste sur sa folie pour mieux montrer son courage à affronter la réalité, il me semble que cette biographie reste très sombre et que Lemasson détaille trop les deuils et la maladie qu'a affrontés V. Woolf. Qui est V. Woolf ? A cette question, A Lemasson, dans son prologue, répond : "Qui l'a lue ? Beaucoup moins. Il faudrait donc commencer par ses livres sans avoir jamais entendu parler de sa vie." Cette biographie permet d'appréhender la vie de cet auteur dans son ensemble, dans une écriture agréable, mais suivons donc ce conseil et lisons plutôt l'auteur de Mrs Dalloway....
Une lecture tout de même enrichissante, lue dans le cadre du challenge Virginia Woolf

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